Louise Desrenards on Wed, 7 Apr 2004 21:28:39 +0200 (CEST)


[Date Prev] [Date Next] [Thread Prev] [Thread Next] [Date Index] [Thread Index]

[nettime-fr] se battre d'art et de culture


Laure Adler n'avait pas encore viré, sous la pression politique contre Battisti, le chroniqueur MIGUEL BENASSAYAG, philosophe et psychanalyste Argentin.
:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-358983,0.html
Une centaine d'intellectuels défendent Edgar Morin dans le procès fait au sociologue par France-Israël

LE MONDE | 29.03.04 | 11h52
 
    Dans une "Déclaration pour Edgar Morin", plus d'une centaine de personnalités intellectuelles, françaises et étrangères, prennent la défense du sociologue, attaqué en justice par l'association France-Israël pour un point de vue publié le 4 juin 2002 dans nos colonnes sur le conflit israélo-palestinien.  Ce texte, élaboré après l'audience de ce procès où le jugement a été fixé au 12 mai (Le Monde du 19 mars), dénonce l'"accusation doublement scandaleuse" dont est victime Edgar Morin, poursuivi pour "diffamation à caractère racial" et "apologie des actes de terrorisme".
    A l'initiative de José Vidal-Beneyto, cette déclaration a notamment recueilli les signatures de Laure Adler, Jean Baudrillard, André Burguière, Juan Luis Cebrian, Mauro Ceruti, Régis Debray, Jean Duvignaud, Jean-Louis Le Moigne, Gilles Martinet, Frederico Mayor, Candido Mendes, Raul Morodo, Pierre Nora, René Passet, Alessandro Pizzorno, Paul Ricœur, Jacques Robin, José Luis Sampedro, Mario Soares, Paul Thibaud, Alain Touraine, Nelson Vallejo-Gomez, Gianni Vattimo, Pierre Vidal-Naquet, Georges Vigarello et Paul Virilio.
    Rappelant le contexte de la tribune en cause, dont Sami Naïr et Danièle Sallenave sont les coauteurs, et la revendication répétée par Edgar Morin de son identité juive, cette pétition de solidarité souligne que "les critiques qu'il fait à la politique d'Israël, partagées par un grand nombre d'Européens, sont de nature humaniste".


"LA LIBERTÉ D'EXPRESSION"

" Mettre en cause le gouvernement actuel d'Israël, et même la majorité des Israéliens qui l'appuient, n'a rien à voir avec une condamnation des juifs", poursuit ce texte qui estime que le procès fait à Edgar Morin "montre que de lourdes menaces, qui prennent souvent la forme d'intimidations, pèsent sur la liberté d'expression en France".
"Après les attaques contre Alfred Grosser, Daniel Mermet, Rony Brauman et d'autres intellectuels, y lit-on encore,la tentative de faire taire Edgar Morin cherche à mettre fin à toute critique contre Sharon et sa politique. Les accusateurs de Morin croient probablement défendre l'Etat d'Israël. En fait, ils risquent de relancer l'antisémitisme s'ils identifient complètement la politique actuelle du gouvernement israélien avec l'Etat d'Israël et avec l'ensemble des juifs. Notre avenir à tous dépend du compromis qui sera trouvé entre Israéliens et Palestiniens. Tous ceux qui enferment leurs adversaires dans un refus total de l'autre doivent être rejetés."
En conclusion, les signataires rendent hommage à Edgar Morin qui "s'est toujours opposé à toutes formes d'exclusion de l'autre. Par ses interventions, il sert la paix, et non la guerre, et les agressions contre lui mettent gravement en cause la liberté de pensée en France".

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 30.03.04

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3328,36-331789,0.html
Université européenne d'été 2003
Edgar Morin : Unité et diversité de l'homme
Ecouter en ligne la conférence en différé :
Conférence du mercredi 3 septembre 2003 à 9 h 30

LEMONDE.FR | 29.08.03 | 11h18  •  MIS A JOUR LE 03.09.03 | 15h32
 
En outre, Edgar Morin a fondé comme auteur le cinéma vérité avec Jean Rouch et a produit des films.
 
http://www.nouvelobs.com/articles/p2051/a233872.html
Semaine du jeudi 26 février 2004 - n°2051 - France


L’adieu à Jean Rouch

Par Edgar Morin

Jean Rouch était un ethnographe-cinéaste, ou un cinéaste-ethnographe, ce qui est déja assez singulier mais ne rend pas compte de sa vraie singularité (1). Jean Rouch avait reconnu comme sien le message surréaliste: que la poésie n’était pas seulement à écrire, mais était surtout à vivre.
Son regard était toujours prêt à s’émerveiller. Il était toujours à sourire ou à rire. Il cherchait la joie, et du reste quand nous réalisions ensemble « Chronique d’un été » il me reprochait de me complaire dans les choses tristes. Je ne l’ai jamais vu tomber dans la prose de la vie, le sérieux lugubre, les contraintes ennuyeuses, les conventions, les obligations.
Un juste instinct l’avait porté vers l’Afrique, et la découverte de la culture la plus profondément poétique qui soit, celle des Dogons, le confirma et l’africanisa à jamais. Il aima l’âme poétique des Noirs, leur regard étonné sur le monde blanc qui répondait à son regard aimant sur le monde noir. La dimension poétique de la vie fut présente dans tous ses films.
Son film «les Maîtres fous» m’a marqué et m’a révélé des tréfonds anthropologiques que notre civilisation méconnaît. Je l’ai connu chez un ami, lui-même ethnographe et poète, Jean Laude, et j’ai été aussitôt séduit. Nous nous rencontrâmes souvent, et nous fûmes ensemble en 1959 au jury du premier festival du film ethnographique et sociologique de Florence, appelé Festival dei Popoli. A voir déjà tant de films-documents avec prise de son directe, où la parole vivante donnait à l’image sa pleine dimension humaine, je lui ai suggéré de retourner le regard ethnographique sur la France et d’en faire un film interrogatif qui s’intitulerait «Comment vis-tu?». Anatole Dauman, producteur d’Argos Film, accepta aussitôt le projet et le film s’intitula finalement «Chronique d’un été».
Rouch continua son chemin, moi, le mien, mais nous étions toujours heureux de nous rencontrer. Ce matin du 20février, je trouve sur mon répondeur un message de Jo Nugue, qui, de retour du Niger, venait de passer dix jours avec Rouch, me disant «Jean Rouch m’a demandé de t’embrasser».
Cet abrazo, à la fois vivant et posthume, m’a bouleversé.

(1) Voir aussi l’article de Pascal Mérigeau, p. 126.


Edgar Morin
--------------------


 

GIF image