Yann Le Guennec on Sat, 10 Jan 2004 13:35:31 +0100 (CET)


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[nettime-fr] Re: vive le vide


> pour ma part, je regrettais ne pas trouver de discussion autour de ce
> qui fait la spécificité du medium électronique - ses fonctions
> communicationnelles en réseau-, dans la création artistique

je persiste (1) à penser que s'il y a une spécificité dans la
technologie liée à internet et son usage dans le cadre de pratiques
artistiques, elle réside, ou devrait résider, dans la capacité des
machines à dialoguer selon des règles définies par les protocoles (cf.
les RFC de HTTP, SMTP,...). Il s'agit donc de règles de communications,
de circulations de données, de structuration des flux et des échanges,
qui tendent vers des réalisations temporaires, des réalités qui
traversent des états diversifiés; ceci par opposition à la nature
statique d'un objet déterminé, fut-il multimedia ou interactif, posé sur
un serveur dans un but de diffusion de son contenu.

Cette caractéristique n'est pas nécessairement propre aux oeuvres qui se
développent sur internet. Les définitions/methodes de Claude Rutault me
semblent par exemple souvent plus proche de cette propriété que nombre
d'oeuvres étiquetées 'art internet' simplement du fait qu'elles sont
consultables sur le web.

Il faut donc dissocier les caractéristiques des oeuvres liées à internet
des caractéristiques des oeuvres multimédia qui peuvent exister en
dehors des réseaux de communication. On peut ainsi faire un programme
javascript et le copier sur une disquette ou un site web pour l'exposer
sur un écran d'ordinateur dans une galerie ou à la maison, c'est
numérique mais ça n'a pas grand chose à voir avec la communication en
réseau, en tous cas ça ne l'explore pas.

Pour faire un lien avec la contribution de JNM, on peut aussi évoquer
"l'informatique omniprésente" (ubiquitous computing), ou l'extension des
possibilités d'adressage IP (Internet Protocol) permettra à une variété
d'objets encore à concevoir de communiquer entre eux...à la vitesse de
la lumiere. L'enjeu n'est pas tellement de savoir ce que va contenir ou
faire tel ou tel objet, mais d'envisager ce qu'ils peuvent faire
ensemble, et avec nous, un peu comme des individus sur une liste de
discussion.


> Personnellement, ce qui m'intéresse, en
> tant que sociologe, à partir de réalisations d'artistes, c'est de
> savoir quelles sont les possibilités fictionnelles du Web (ce qui
> suppose de préciser une ou des théories de la fiction) , et notamment
> si cela a ou non un lien avec des effets "pervers" du web (repérés par
> la memetique, par ex) tels que rumeurs, manipulations en ligne, etc
> (où la question de la référence , dénotation ou vérité est en fait
> posée de façon nouvelle au regard de medium "physiques" : imprimé,
> cinema, etc ( cf
> http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00000302.html)

Cette question nous interesse également (x-arn), sans doute sous un
angle différent, dans le cadre du pilotage distant des
comportements humains mis en oeuvre dans les dispositifs "Gestion des
Stocks" (2). Il s'agit alors de la question de la verité des
informations produites par le feedback du système piloté par les
utilisateurs en ligne. Ces informations peuvent permettre à
l'utilisateur en ligne d'orienter l'évolution d'une réalité distante,
mais cette orientation sera le produit de la conscience de cet
utlisateur de la réalité distante exprimée par l'interface. Si le
dispositif cherche une mise à distance de la fiction, il reste que cette
fiction peut toujours se déployer entre l'interface et le champ cognitif
de l'utilisateur.

> Intuitivement, il me
> semble qu'on se pose peu de questions sur la part croissante prise par
> les métalangages (développés pour des raisons d'efficacité
> "sémantique" : RDF, ontologies, etc...: pourquoi les artistes ne
> "détourneraient-ils pas ces procédures de métalangage,et pa seulement
> les "contenus" ?

Le rôle de l'artiste (s'il en a un) n'est pas forcement de détourner
mais peut-etre de participer à l'orientation collective, encore moins de
produire des contenus, des contenants: pourquoi pas, des contextes: là
ça devient plus interessant. La création de contexte est d'ailleurs une
forme de création de métasystèmes potentiellement générateurs de
situations actualisables. L'exploration de la question des metalangages
est donc une piste très interessante. RDF et les ontologies font partie
de la sphère de la gestion des connaissances collectives dans des
groupes déterminés (cf MKSM dévelopée au CEA), on rejoint ici la
capacité de ces groupes à travailler collectivement et s'accorder sur
des typologies communes, ce qui va sans doute parfois à l'encontre du
besoin systémique d'identification individuelle de l'artiste.


yg./x-arn


(1) cf:
http://amsterdam.nettime.org/Lists-Archives/nettime-fr-0209/msg00020.html
(2) GDS: http://www.x-arn.org/index.php?x=2



 
 
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