Louise des Renards on Mon, 24 Feb 2003 10:34:59 +0100 (CET) |
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[nettime-fr] Deux conférences récentes à propos de laguerre d'Irak et sur la guerre en Palestine |
De la non-guerre armée et de la guerre... 1/ "Pourquoi la guerre?" une conference de l'Institut des Hautes Etudes en Psychanalyse, avec le concours de "Le Monde diplomatique": Jean Baudrillard (Power Inferno, Galilée, 2002) Jacques Derrida (Voyous, second essay, Galilée, 2003) ‹ title regarding th Chomsky's concept. Alain Gresh, expert sur la question palestinienne, journaliste ("Le monde diplomatique"). René Major, présentateur et modérateur (Directeur de l'Institut des Hautes Etudes en Psychanalyse). @ "Maison des cultures du monde", Paris, le 19 février. http://www.etatsgeneraux-psychanalyse.net/espace/debats.html http://www.etatsgeneraux-psychanalyse.net/ 2/ Deux jours après, toujours à Paris, le meeting de La ligue des droits de l'homme, mouvement de front uni des organisations de solidarité France-Palestine "trop c'est trop", sur la question Palestinienne. http://www.ldh-france.asso.fr/agenda_national2.cfm?idagenda=196&ou=national http://www.dh-rezo.org/article.php3?id_article=146 http://www.ldh-france.org http://perso.wanadoo.fr/d-d.natanson/sommaire_juifs_palestiniens.htm/ 3/ Voici une tentative de commentaire-synthèse entre les deux débats, du moins pour ce qui s'y recoupe, notamment l'intervention de Leila Shahid à "Trop c'est trop" représentante de l'autorité institutionnelle Palestinienne en France, avec les conférences respectives de Baudrillard et Derrida dans le cadre de la soirée organisée par l'IHEP. Consensus Buadrillard/ Derrida sur les points suivants: ‹ l'événement consacre de fait la disparition de la critique. On doit repartir de l'événement, non pas des dispositifs conceptuels qui lui prééxistent. Aujourd'hui tous les concepts politiques et du droit doivent être pragmatiquement redéfinis à l'horizon de la rupture (ou de l'enchaînement logique serait-il encore observable dans le cadre matérialiste ou phénoménologique) des événements. ‹ Ce qui renvoit au fait que le sécuritaire soit le principal concept faux autour duquel se justifie idéologiquement une crypto guerre : aucune argumentation sécuritaire à propos de l'Irak ne tient par rapport aux armes mises en causes, face à la situation du Pakistan, au contraire officiellement dotée de l'arme nucléaire et l'ayant déjà fait savoir en lançant des bombes expérimentales, et maintenant, territoire acquis de Al Qaïda, notamment depuis le démantèlement de l'hégémonie Taliban en Afghanistan... ‹ Néanmoins, le sécuritaire est le principal objet de communication de la guerre annoncée, y compris les mesures locales anti-terroristes, qui réduisent sous la peur l'autonomie et la puissance des peuples. Ainsi, le sécuritaire au niveau local ou mondial joue exactement de la même façon que par exemple en Israel. Le sécuritaire serait une forme du terrorisme d'Etat. Il est du même ordre que celui des minorités opprimées ou autant des groupes mercenaires. Le terrorisme de façon générale est devenu le concept alternatif à la disparition du politique et cela est applicable pour tous les partenaires en cause dans ce dynamisme. ‹ Le terrorisme est un concept auto-immunitaire ‹ contre les désordres ou les dérèglementations imprévus (notamment causés par le terrorisme des minorités bafouées): on se vaccine. Cela comprend donc sa part de mal et de propagation virale... ‹ Ainsi s'engagerait peu à peu et partout dans le monde la disparition des démocraties et de l'autonomie des citoyennetés, mais le terrorisme plus encore comme idéologie que comme événement matériel en serait la principale révélation, non la cause, qui doit être cherchée plutôt du côté de la fin de la guerre froide et de ses conséquences sur la substitution de la lutte des classes, dans le cadre de la généralisation du système libéral notamment financier, qui s'ensuivit. ‹ La guerre annoncée n'est pas une guerre mais la généralisation du terrorisme, comme façon d'imposer contre les libertés citoyennes les redistributions territoriales et institutionnelles mondiales, et la répartition des ressources ‹ concernant y compris dans leurs propres localités nationales les peuples engagés miltairement sur le front de l'OTAN au Middle East. IL y aura des morts et probablement une généralisation des fronts mais ni défi, ni adversaire déclaré comme partenaire de bataille. ‹ Ce n'est donc pas une guerre, c'est le déferlement du projet impérial mondial par tous les moyens et sur tous les fronts, intérieur, extérieur, micro et macro économique, militaire, géographique... Tel est le mode terroriste d'Etat autrefois réservé aux dictatures ou aux anciens colonisés résistants, aujourd'hui généralisé à tous les peuples. ‹ Ce n'est pas un règlement politique comme put le réaliser par d'autres moyens la symbolique de la guerre moderne. (Ndlr: On rappelle que les virus ne sont pas des corps vivants mais des substances actives ‹ ce qui est évoqué au meeting de La ligue des droits de l'homme par Leila Shahid). ‹ Tel est le point de vue sous lequel on peut interpréter le terrorisme des Etats comme ressource intégrée paradoxalement (au meeting de la ligue des droits de l'homme sont évoquées les terribles répressions qui eurent lieu récemment au Soudan, dans le plus grand silence de la protestation mondiale, les anciennes dictatures manipulées en Amérique du Sud, le silence sur le massacre des Rwandais, etc... À l'égal du traitement infligé aux Kurdes tant par l'Irak que par les Turcs, sans la moindre avancée de protestation des Etats dits libres ‹ ndlr: on pourrait aussi évoquer les femmes et les enfants dans l'Afghanistan des Talibans). ‹ A la conférence organisée par l'Institut de psycahnalyse, on montre d'autre part en quoi le terrorisme des Etats peut dévoiler aussi bien ses propres morts armés ‹ ou répressions ‹ ici les morts de G.I. annoncées: on ne parle plus de guerre propre, on sait déjà les dommages immédiats comme l'éventualité de futurs bourbiers. [Ndlr ‹ Sur le sécuritaire comme resssource du terrorisme d'Etat au meeting "Trop c'est trop": Leila Shahid évoque par exemple la majorité des citoyens Israéliens, en gros contre la politique de répression des Palestiniens et le disant, mais avouant qu'ils ne peuvent se soustraire à voter Sharon. On parle du système d'auto-culpabilité pratiqué à l'intérieur de l'idéologie israélienne elle-même, comme parmi la diaspora Sionniste à l'Etranger, compte tenu des antécédents de la Shoa: auprès de ceux qui y échappèrent, et de ceux qui se trouvaient déterritotrialisés des zones concernées, la plupart des Séfarades, par exemple: or donc, l'auto-culpabilité des générations qui y succèdent se reproduit. On parle enfin ‹ toujours Leila Shahid ‹ de la situation complètement folle dans laquelle les juifs d'Israel se trouvent maintenant enclos dans leur propre insécurité, au regard des Juifs de la diaspora menacés moins que jamais ailleurs, compte tenu des altérités radicales que l'Etat d'Israel s'est constitué alentour en basant une stratégie de dissuasion territoriale à l'égard des palestiniens, basée sur la répression: ce qui constitua les palestiniens en masse critique d'une stratégie qui n'était pas la leur. C'est pourquoi il faut appeler à la plus grande rigueur de l'argumentation, dit M. Hirch, du mouvemenent de solidarité Israel-Palestine ‹ ce que Leila Shahid renforce. Un palestinien présent dans la salle revendique alors la disparition d'Israel: Madeleine Rebérioux, Présidente d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme lui répond "on vient d'entendre ici la limite de ce que l'on pouvait en termes de droit: vous l'avez fait mais en tout état de cause nous nous opposons à votre point de vue, nous partons de l'état de fait au fil des années pour ceux qui ne le reconnaissaient pas auparavant, et du droit reconnu internationalement pour Israel: nous en sommes à demander deux Etats, justement car nous ne constestons pas la légitimité d'exister pour Israel. Votre propos relève d'une autre histoire que celle engagée actuellement ici: nous ne vous chassons pas de l'assemblée, mais nous ne vous donnerons pas la parole pour développer votre point de vue. (là-dessus l'homme se lève et s'en va ; la tribune unanime: "Bonsoir, monsieur"). Leila Shahid à son tour de parole rend hommage à l'héroïsme des Refuseniks dont le mouvement, dit-elle, structure l'espoir possible de la coexistence Israelo-Palestinienne en deux Etats voisins. Draft Resistance Grows in Israel Refuseniks. http://www.villagevoice.com/issues/0134/solomon.php/ (pour les liens à New-York où la communauté de la diaspora est forte). Il est rappelé au regard de leur faible nombre que les minorités radicales furent agissantes dans l'Histoire par exemple de l'Europe.] J'en reviens à la question plurisémantique du terrorisme: ‹ Sur ce mode dual (bivalent ou plurivalent selon les occurrences et les événements) des réalités, se structure ou se restructure la communication partout et en tout; quant à la désinformation, elle s'organiserait sur une simulation d'arguments respectivement monovalents (engagements et opinions): point de vue bien sûr inadéquate à la réalité active et pragmatique de l'apparition et de la perception des événements. ‹ Le terrorisme des Etats relègue ses événements à une désinformation immémoriale des responsabilités en cause; par exemple actuellement, tant du pouvoir américain que du pouvoir mondial qu'ils inspirent et cela particulièrement depuis le 11 septembre: "qui saura jamais comment et par qui cela arriva réellement?" dit Derrida. ‹ Il est annoncé par Derrida que des soldats israéliens sous uniforme américain se trouveraient déjà à l'intérieur de l'Irak, au Nord. A ce propos Derrida rapelle que le jeu sur l'instabilité Israelo-Palestinienne en termes stratégiques confèrerait possiblement à l'ensemble des plans et scénarios du pouvoir américain, à propos de ces régions du monde bien avant la première guerre du Golfe, (ndlr: depuis la direction Bush au CIA dans les années 70, et le premier choc pétrolier? L'affaire Lewinski? etc.): en quoi le 11 septembre n'aurait rien changé, sinon accompagné opportunément le déclenchement entre autre de la stratégie des nouveaux rapports de force, en jeu sur le terrain. Il dit aussi en quoi le 11 Septembre justifie une régression des droits démocratiques aux Etats-Unis, très inquiétante (où demeure néanmoins le droit de manifester plus que partout ailleurs, par exemple autour de la Maison Blanche, ce qui ne serait pas imaginable autour de l'Elysée). ‹ Jean Baudrillard remarque que la démocratie est en perte de vitesse (ndlr: y compris à travers l'avancée des bureaucraties derrière les juristes experts accompagnant les pouvoirs dans toutes leurs localités ou délocalisations institutionnelles), concernant les droits des citoyens dans le monde entier, usurpés ou bafoués. En quoi il s'oppose à Derrida sur les conclusions à tirer des analyses consensuelles durant leur conférence en cours: ‹ Derrida pense qu'à la redistribution territoriale et des pouvoirs qui s'annonce, la seule réponse est la restructuration du droit institutionnel international, des droits de l'homme, et de la question de la redéfinition des souverainetés tant territoriales que citoyennes, notamment au niveau de l'organisation des Nations Unies, et au niveau Européen. Enfin, il pense que l'OTAN étant la seule force militaire de fait capable de porter manu militariles décisions de l'ONU, il devient urgent d'en constituer des autonomies relatives... C'est pourquoi, sur le plan Européen, il pense urgent de structurer une force militaire assurant l'autonomie de l'Europe face à l'influence et à la puissance militaires américaine. Les oppositions ‹ Pour Baudrillard, au contraire de Derrida, la réforme et les révolutions du droit, comme des institutions, ne sont en rien des conditions suffisantes quant à la libération de l'oppression des peuples annoncée, et déjà bien ouvrable y compris dans l'ex-Occident privilégié. ‹ Quant aux pays émergents anciens colonisés, Baudrillard repart de la dialectique du maître et de l'esclave chez Hegel et la courcircuite avec l'idée du don et du contre-don en anthropologie (Mauss, Bataille sont des références qu'il poursuit d'utiliser, ainsi que Marx d'autre part): ici le don devient défi. Le don du territoire par l'Occident aux anciens colonisés est la chose à considérer sous cet angle. La question est alors de savoir si le défi peut ou non être relevé par celui vers lequel il est lancé: de cela dépend son autonomie possible ou impossible. S'il ne le peut pas car le don est trop haut, il poursuit de se constituer en esclave ou de l'être (ndlr: ceci recouperait cela, à savoir que Leila Shahid a remarqué, au meeting de la ligue des droits de l'homme, comme il était incoroyable que les Etats-Unis et les Anglais soient prêts à agir le démantèlement de leurs plus grands alliés de toujours au Middle East: Jordanie, Arabie Saoudite, Egypte ; ‹ ndlr: d'un autre côté, on pourait comprendre de la même façon le ralliement unanime des Etats Africains derrière la position commune Européenne à la demande de Jacques Chirac; néanmoins, ce cas pourrait aussi résulter d'un choix stratégique des Etats Africains qui se seraient ainsi prononcés et en tout état de cause n'a pas été fait face aux armes). ‹ Au contraire de Derrida, Baudrillard pense que la dimension symbolique du 11 septembre a tout changé, fut-ce de l'ordre de la manipulation. Il reste que la dimension symbolique du terrorisme comme arme des minorités ressort, comme la dimension symbolique du passage à l'acte du terrorisme d'Etat, à travers ce que le 11 septembre médiatisé et médiatique en a révèlé paradoxalement partout dans le monde. (ndlr: sur la question de l'armée des Etats, par exemple si l'Europe se dotait d'une armée Européenne, ce qui serait peut-être un bien sur le plan internationl, on ne pourrait négliger de savoir d'autre part sur le plan local, si on s'en remet à la problématique paradoxale de Baudrillard, qu'une telle armée le moment venu puisse également servir de force de répression des citoyennetés résistantes, à l'intérieur même de l'ensemble Européen. Telle l'armée américaine elle-même aux Etats-Unis, un an avant la première guerre de l'alliance en Yougoslavie, fut appelée en manoeuvres à Oakland, banlieue à la fois résidentielle et populaire de San Francisco, pour simuler la maîtrise d'une insurrection populaire qui n'aurait pas été une insurrection de type communautaire mais citoyenne ‹ voir les travaux des Sémioticiens de la guerre et du terrorisme: Federico Montanari (université de Bologne) et Juan Alonso (université de Paris 8) notamment leur article co-signé in L'Obervatoire de la Télévision n° 14, Paris, 1998-99, et leur prestation respective lors du symposium Précarité-Instabilité en décembre 2002 à Paris (les actes papier publiés en 2003): http://www.criticalsecret.com/seminaire/seminaire_index_en.html/ ). ‹ Baudrillard poursuit de penser que face au terrorisme des Etats applicable à leurs propres peuples comme aux anciens colonisés, pour autant, le terrorisme qu'il soit armé ou idéologique, ou les deux ensemble comme événement, ne paraît pas désigné de disparaître dans les ressources des peuples oubliés, bafoués, ou humiliés que ce soit ici ou ailleurs. Ce serait donc une arme incontrôlable et devenue diffuse, appartenant à toutes les parties en cause à l'horizon de la disparition de la lutte des classes, qui n'a pas aboli les décalages et les injustices sociales, et qui, après avoir développé les démocraties à l'horizon de la fin de la guerre froide, préparait la révélation d'un ordre mondial après la généralisation du libéralisme et du système financier, des pires pour les libertés. ‹ Terrorisme, dont les Etats les plus puissants ou les humiliés les plus minoritaires sont l'instrument de pouvoirs, les peuples en étant des victimes le plus souvent, sinon dans un retournement paradoxal de tels effets (ne se ferait-on pas d'illusion sur les vainqueurs et les vaincus: des Etats, des factions, ou des peuples), car néanmoins nous savons, nous avons observé des retournements logiques ou aléatoires événementiels: nul ne pourrait donc présumer du vainqueur a priori. Pour lui, le renouvellement du droit international et local comme la force des armées lui étant subordonné, serait-il inévitable et souhaitable, restant aujourd'hui une hypothèse pour s'adapter au maintien des libertés dans la radicalisation terroriste du monde, relève également des applications auto-immunitaires... et devrions-nous nous trouver en demande de ces applications légitimes et applicables de façon pragmatique, reste qu'elles ne pourraient être des réponses à la hauteur des processus de pouvoir en cause, ni des moyens actifs et puissants pour défendre la liberté et la justice mis en péril à l'horizon du terrorisme comme système mondial... Face à de tels déferlements ‹ sauf accident ;-) Aliette Guibert-Certhoux En cas de réponse: guibertc@criticalsecret.com PS Parmi ceux qui combattent la désinformation en informant autrement, pour garder "un regard moderne" radical sur l'acualité du monde, voir le dailygraphism éditorial de Loulou et Kiki Picasso en Frame (leur adresse directe en haut de la frame) ‹ Bientôt publié en version Spip. Activisme graphique para-médiatique: http://www.criticalsecret.com/media_news/ Merci. LdR. < n e t t i m e - f r > Liste francophone de politique, art et culture liés au Net Annonces et filtrage collectif de textes. <> Informations sur la liste : http://nettime.samizdat.net <> Archive complèves de la listes : http://amsterdam.nettime.org <> Votre abonnement : http://listes.samizdat.net/wws/info/nettime-fr <> Contact humain : nettime-fr-owner@samizdat.net