Louise Desrenards on Thu, 20 Mar 2008 13:45:12 +0100 (CET)


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[nettime-fr] Sur le livre de demain, au salon du livre de Paris (17 mars 2008)


Je n'ai pas suivi l'ensemble des débats du forum sur le livre de demain. Ici il ne s'agit que de l'un d'entre eux. Il y a deux sujets en discussion : le futur du livre et du texte en ligne comme oeuvres numériques, et le livre imprimé vendu par internet -- et par extension la diffusion gratuite de livres imprimés sous un format pdf (par ex). Ce qui suit concerne à la fois ces différentes occurences du livre sans en préciser l'état au moment dit, à chacun de s'y retrouver;-)...

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Sur la question du statut de l'oeuvre numérique @ salon du Livre (d'après l'article en note sur facebook).

<http://www.facebook.com/note.php?note_id=14325060658&ref=mf#>
4:21pm Wednesday, Mar 19


<http://www.facebook.com/note.php?note_id=14325060658&ref=mf#>
Voilà j'ai jeté un froid au forum live sur le livre de demain au salon du livre, comme dans le groupe pour l'évoquer sur facebook et bien malgré moi, ce n'était pas mon intention mais de pouvoir parler autrement que dans la ligne consensuelle des non dits. François Bon (éditeur de http://www.publie.net/ -- où se trouve publié entre autres un essai de Antoine Boute sur Guyotat évoqué par l'éditeur à propos de la pertinence du texte numérique et de l'objet imprimé, et de l'interêt muséographique possible de tels ouvrages) ne savait pas qui était Louise, ceci expliquant surement qu'il lui précisa la date comme compatible avec celle de mon retour du OFF mentionnée sur le mur, sinon il se serait probablement abstenu (?)

Tout d'abord j'aime le web -- mon activité critique essentielle.

Comme disait Florence Aubenas près de Albert Roy dans un débat à la FNAC en janvier de cette année à propos de leurs derniers bouquins sur l'information et le journalisme aujourd'hui, ce n'est pas qu'il y ait de la censure mais plutôt -- pour ne citer que deux de leurs exemples -- des thématiques uniques à épuiser sous tous leurs possibles d'une part, et d'autre part qu'il existe des questions ou des idées que professionnellement il ne faille pas poser en public si elles gênent le consensus du thématique unique pluripolaire (le pire car il se livre dans ce cas comme le tout exhaustif)... si vous commencez : "chttt" vous dit votre voisin ; ou alors vous l'imposez et on ignore le bruit que vous faites ; ou bien on vous fait observer en guise de réponse absolue le principe unique du bas niveau sonore. Ou il n'est plus l'heure.

Le début de mon propos est sur le mur de l'invitation du groupe -- et je commente en l'informant par "Ndlr" :

En fait je n'aurais pas du mettre les pieds à cette séance sinon d'entendre François Bon toujours juste mais hélas sans s'affronter aux délires corporatistes de la SGDL... qui taxe sans rendre (sinon aux élus des médias -- souvent les journalistes eux-mêmes et quelques vrais auteurs pour tenir lieu de faire valoir) et là encore, chapeau à François Bon qui l 'a répété à plusieurs reprises et évoquant l'autre façon de l'échange payé sans droit d'auteur, ancienne, balzacienne, contre son actualité ironique des 5 euros divisés en deux et demi contractuels entre deux amis, ce qui ne pouvait pas manquer d'évoquer la nouvelle "Un tiers" de Brautigan : un tiers la machine à écrire, un tiers la frappe et un tiers la dictée;-) Restent les droits voisins, les seuls lucratifs... ici entrent les nouveaux agents littéraires des droits audiovisuels, et la question du partage entre les auteurs et les éditeurs. Autre débat que personnellement je suis prête à affronter puisque je suis en train d'en vivre un exemple concret.

J'ai cité Stendhal qui n'en vivait pas davantage, car citer Calet ou Céline aurait paru populiste. Ne s'en tenir qu'aux grands auteurs bourgeois est moins préjudiciable [Ndlr: à l'éthique dans le cas où je me trouvais, où il ne fallait surement pas paraître opportuniste]. Ce sont les chroniques des faits divers, dans la Presse, qui ont fait vivre Calet et au bout du compte des années plus tard, cela paraissait dans l'Imaginaire -- un comble -- chez Gallimard et qui se vend si bien mais ne réédite pas, par exemple, "L'homme qui était déjà mort" , de D.H. Lawrence. [ndlr: Pourquoi ? pour épuiser le stock des droits gratuits des oeuvres tombées dans le domaine public et en tisser d'incessantes nouveautés -- pour créer des droits posthumes qui bien sûr ne reviendront ni aux auteurs ni à leurs descendants, puisqu'après l'échéance légale de ces oeuvres au registre du domaine public ? On appelle ça les gisements de ressources du copyright vectoriel ou le hacking vectoriel ?]

Au bilan, Il n'est toujours de succès de beaux textes en toute littérature que par malentendu et de profits lucratifs qu"aux élus des médias chez les éditeurs.

Donc je voudrais finir ici en remarquant :

Un : que Creative Commons créé pour le texte et les créations numériques délocalisés et qui fut cité à la tribune en effet par l'éditeur de La découverte qui l'utilise en ligne, existe avec des formules diverses de paternité, transformable ou non transformable, commerciales et non commerciales -- plus diversifiées que les propositions de copyleft ou Licence Art Libre spécifiques --- qui ne prétendent pas prescrire les législations locales du copyright... par conséquent : que veut de plus en termes de marques ou de règlements au nom de protéger les auteurs déjà deux fois protégés de ce fait, le président de la Société des gens de Lettre -- auteur sans doute médiocre en revanche gonflé par l'institution qu'il veut remercier par agir davantage de champs de taxes -- , qui nous trucida de représentations quant à Internet ? Comme son ami membre/avocat, auteur quoique plus rock que paso doble, qui eut le toupet de traiter d'imbéciles (parce qu'ils auraient consulté la bibliothèque numérisée de google) ceux qui insatisfaits par le plagia mal fait de son livre par ce vecteur, et sans son autorisation d'auteur, cherchèrent la source et achetèrent son livre -- de sorte qu'il en vendit davantage.

Deux : je n'aime pas la bibliothèque permanente de Google elle est moche, et frustrante, mais depuis cette e-bibliothèque, si fragmentaire et mal numérisée soit-elle, car il n'y est pas procèdé par les mains d'amateurs du texte et de la typographie, comme nous savons l'être et le faire sans intermédiaire même avec des fautes, pourtant on peut affirmer d'ores et déjà : que les gaulois fassent les malins ou pas ne prescrira jamais que Google dispose à terme du fonds extraordinaire des archives modernes notamment européennes des bibliothèques des universités américaines... (par exemple la correspondance originale -- matérielle et numérisée -- de Baudelaire se trouve à Berkeley) et le tout dans son état tombé dans le domaine public y compris en France, pour la plupart.... ils vont se faire laminer par Google dès l'instant où Google et la Nasa décideront d'imposer que la culture du monde occidental soit devenue entièrement américaine numériquement parlant... comme nouvel empire idéologique du gratuit.

Certes nous n'en sommes pas là : en attendant, au titre des précautions, la BNF ferait mieux de mettre sous Creative Commons son copyright des oeuvres publiques sans droit mais corrigées qui en retrouvent un -- on les aurait donc préférées "non corrigées" car les impôts devraient suffire à payer le service public national de la numérisation elle-même, traductions des scans en typographies numériques, forcément à corriger, ou copies de la typo par le moyen mécanique, forcément productive -- et de les libérer totalement (je veux dire les livrer gratuitement en ligne et recopiables sous les conditions respectables des licences choisies) -- c'est-à-dire à Gallica d'ouvrir le plus largement possible le champ de ses numérisations facilement accessibles et également facilement recopiables gratuitement et sans limite du nombre de signes... ce qui seulement saurait assurer la sauvegarde d'une quelconque culture des sources natives ou en transit (je pense également à la culture post moderne née du mélange des réfugiés politiques se retrouvant alors à Paris, notamment dans les avant gardes -- Panik par exemple) à laquelle nous participerions encore demain grâce à notre passé (comme le présent est mal parti pour la libération de la création en France donc que dire de son futur?:)...

Pourquoi Alain Giffard, http://www.internetactu.net/2001/03/22/alain-giffard-laccs-public-est-une-des-solutions-pour-combler-le-foss-numrique/ qui fut institué au niveau de la présidence des commissions interministérielles, qui en connait un rayon sur la question professionnelle et technique de la numérisation des textes entre la BNF -- comme promoteur lui-même de Gallica -- et L'IMEC (sur le fonds d'archive des revues contemporaines), et de plus superbe critique lui-même, n'était il pas présent à la tribune? Parce qu'il est pour Internet ?

Que savent-ils de l'édition transgenre et des formats organiques dérégulés auxquels Internet donne lieu -- modifiant toute la perception de la littérature imprimée elle-même, progressivement ? Que savent ils de la culture du cut up des sources en temps réel de l'activité -- et de cette archive personnelle ? Comment pourraient-ils prévoir l'aléatoire cognitif toujours particulier agissant chez ceux pour lesquels Internet est une mine d'or ou de diamant non parce qu'ils voleraient quelqu'un ou quelque chose mais se livreraient à en penser ou à en rêver ? Donc quand on entend "le champ auquel nous nous attaquons mais qui n'existe pas encore, c'est pourquoi nous voulons le règlementer préventivement pour protéger les auteurs" , d'après vous y a t'il à rire ou à pleurer ? -- mais gravement : que voulez-vous qu'il puisse exister d'émergent après ça ?

Trois : on voudrait maintenant régir les podcasts que l'on prend pour des radios ou des web TV "podcasts etc.. " ils ne savent pas ce que cela signifie en termes de création et d'information -- ils n'en connaissent que la syndication... donc ils s'apprêtent à en limiter le potentiel créatif par méconnaissance des requêtes de l'édition et de la réception du support. Ne nous prenez pas les podcasts --- en outre !

Quatre : des médiateurs des livres en ligne pour informer les gens du bon et du mauvais : alors là j'explose de rire !!! C'est le comble de la dérision, comme disait Deleuze parlant du rapport prédicitble des agents vectoraux de l'édition avec la qualité d'exception ou de l'innovation, eu égard aux conditions incontournables du repérage de l'invention : forcément événementielle et imprévue -- dans son abécédaire... Qu'on nous laisse surfer !

Quatre bis : des libraires en ligne et leur attribuer le prix unique sur internet (bonne intention au départ mais peu réaliste vu la globalité du web -- faire connaitre par ex la culture française actuelle suppose une délocalisation par le web indépendamment de l'AFAA de la Culture, ou des requêtes auprès des minstres des affaires étrangères provenant de leurs environnements dans les autres langues:))) Point n'est besoin de créer des librairies "légiférées" en ligne, il y en a déjà plein commercialement légales, et plus fiables dans les paiements que les librairies traditionnelles, et ça marche très bien, ne nous manque plus qu'une action sur le coût de l'envoi unitaire par la poste. Mais si les librairies existantes européennes ou françaises n'étaient pas libres de leurs prix internationaux, nous les éditeurs et les auteurs ne serions pas davantage libres de mettre en ligne nos livres gratuitement sur internet par exemple en pdf, quand nous le souhaiterions ; sauf à être taxés pour être autorisés à le faire en dépit de la gratuité des prestations, et de toutes façons : cela nous autoriserait-il à vendre directement en ligne nos propres livres, vu la demande protectionniste des libraires traditionnels, alors qu'aujourd'hui nous le pouvons au prix de la TVA sur les livres -- rassurez-moi, c'est bien cela car je procède ainsi -- ?

Sur l'ISBN numérique, il existe un ISSN attribué aux sites : pourquoi en ajouter pour les oeuvres numériques autonomes, si elles ne sont pas des versions imprimées sur papier sous ISBN ?... etc. En vue de la taxation des téléchargements à l'unité comme commerce ? Alors là ce serait un nouveau sujet de discussion sur la rentabilité du téléchargement à l'unité des musiques extraites des albums par exemple, qui ont tué la vente des albums (la somme)! Et donc à terme le livre imprimé vivra néanmoins, mais sous un nouveau statut et certainement pas définissable sous cette vision désastreuse, car erronée et inadaptée, du changement paradoxal par l'effet d'internet (plaque sismique en mouvement qui modifie tout le paysage), à laquelle nous confrontèrent la plupart des intervenants peu visionnaires, pour ne pas dire réactionnaires puisque nous ne sommes plus qu'au temps anachronique du large vide du monde ouvert par le web, invités pour ce forum au salon du livre.

Et je renvoie au texte paru dans Wired magazine ce lundi : " Free! Why $0.00 is the Future of Business "
http://www.wired.com/techbiz/it/magazine/16-03/ff_free?currentPage=all
by Chris Anderson

Louise/A.
& http://www.criticalsecret;com


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