[nettime-fr] MUSIQUE, PUBLIC, LABELS, PIRATES, CITHEA....coup de gueule...

[<pascalhoupert@noos.fr>]

Ce n'est pas la Gaule d'Astérix, et pourtant je tente de résister. Ici. Au
Cithéa.

Le Cithéa. Pourquoi cette salle ? Par hasard. Une réputation plus ou moins
dégradée, une histoire plus passée que future ? Et une prise de conscience.
Loin des "paradis" subventionnés de l'Etat ou de la sacro-sainte Region Ile
de France. Ici, rien. Ici la salle est privée. A but purement lucratif. Donc
capable de perdre autant d'argent qu'elle est susceptible d'en gagner. Et
pourtant. Quelque part, avec de mini (micro ?) -moyens, je tente quelque
chose. L'impossible ?

Est il encore vraiment utopique de rêver à la chute définitive des Majors.
De penser que le futur doit laisser une place prépondérante au labels à
échelle humaine, à but humain...Comment ne pas se rendre compte du
désastreux héritage que nous laissent ces gigantesques structures aveugles
(aveuglées), celles dont les pouvoirs outranciers finissent de laisser
croire à quelques investisseurs égarés que le commerce quantitatif de la
musique peut être viable. Celles qui ont abimé le si beau rêve des radios
libres réellement libres et de médias pour qui 10 lignes de rédactionnels ne
se négocieraient pas en nombre d'encarts publicitaires achetés...Celles qui
pleurnichent sur la piraterie des temps modernes, et qui à force d'avoir
pris le public pour un abruti collectif, payent au prix fort le coût de la
revanche de chacun, pirate invisible et curieux derrière son peer to peer
(P2P) si pratique et si essentiel...

Aujourd'hui, au Cithéa, je propose au public (justement lui..) de payer.
2 euros, 3 euros. 5 euros parfois meme 7 euros. Pourquoi ? Pour qui ?

Pour que les musiciens mangent, boivent, existent. Pour qu'ils ne soient ni
des handicapés par intermittence que notre "sélective" compassion défrayent,
ni des créateurs amateurs, philantropes condamnés à exercer un Art-violon
d'Ingres, les jours fériés ou durant des RTT à la sauvette... Pour que des
disques puissent voir le jour. Pour que des soirées puissent exister sans
l'appui de multi-mécé-nationales opportunistes. Pour que le concept de
soirée gratuite (si cher à certaines de nos "Scène"s parisiennes) révèlent
enfin sa réalité nue : NON ! faire prendre le train a un artiste, lui faire
faire 200, 500 ou 800 kms, le faire preparer pendant des jours un live ou un
set, tout cela ne peut juste se solder par un "voila 100 euros pour le
groupe et on n'en parle plus!". Ce n'est pas une révolution, peut être même
pas une révolte : le constat est simplement dégueulasse. N'importe quelle
émission de télé-réalité se donne aujourd'hui les moyens de faire dépenser
au public, par le biais de juteux SMS ou appels surtaxés, une manne usurpée
au nom d'une créativité calibrée qui fournit son lot d'adrénaline
quotidienne sur la lucarne faussement colorée...Et pourtant lorsqu'il s'agit
péniblement de sortir 3 pièces d'1 euros (qui iront directement dans la
besace de quelqu'un qui a passionément décidé un jour de passer le plus
trouble de son temps à créer du Beau, du Fort, de l'Inutile au mépris de sa
stabilité personnelle, professionnelle et parfois même affective ;), eh bien
ce jour là, la somme parait inconvenante, incongrue voire déplacée...

A l'heure des jolies professions de foi alter-mondialistes, des votes utiles
et des prises de positions mediatico-correctes, ces quelques phrases ne
doivent en rien apparaître comme un sermon (trop athée que je suis!!!)

Juste un tout petit bout de réflexions (vaguement hurlées) pour rappeler à
chacun, que tout reste possible.

Merci à ceux qui auront lu ces lignes jusqu'au bout.



Pascal Houpert
Musicien / Programmateur du Cithéa (salle de concert et club)
www.cithea.com











 
 
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