Soudan Franck on Wed, 1 Jul 2015 18:25:29 +0200 (CEST) |
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Re: [Nettime-fr] GrÃce : pour le vote "Non". Deux Nobel d'Ãconomie libÃraux dÃmocrates dÃsignent clairement la mauvaise politique |
On Wednesday, July 01, 2015 02:23:30 PM Louise Desrenards wrote: > Stiglitz + Krugman à propos de la GrÃce / Ce n'est pas tant un > problÃme d'argent qu'un problÃme de pouvoir et de dÃmocratie... Les > traductions rapides ci-dessous : > > - - - - - - > > >>>> Joseph Stiglitz : comment je pourrais voter lors du rÃfÃrendum grec / > >>>> 29 Juin 2015 <<<<< > "Aucune des deux solutions -- l'approbation ou le rejet du mandat de > la troÃka -- ne sera facile, et à la fois amÃnera des risques > Ãnormes." > > > Aux yeux des Ãtrangers le soulÃvement en crescendo de querelles et > l'acrimonie au sein de l'Europe peuvent sembler le rÃsultat inÃvitable > de la finale amÃre qui se joue entre la GrÃce et ses crÃanciers. En > fait, les dirigeants europÃens commencent enfin à rÃvÃler la vraie > nature du diffÃrend sur la dette en cours, et la rÃponse n'est pas > agrÃable : il est question de pouvoir et de dÃmocratie beaucoup plus > que d'argent et d'Ãconomie. > > Bien sÃr, l'Ãconomie derriÃre le programme que la  TroÃka  (la > Commission europÃenne, la Banque centrale europÃenne et le Fonds > monÃtaire international) a imposà à la GrÃce il y a cinq ans a Ãtà > catastrophique, entraÃnant une baisse de 25% du PIB du pays. Je ne > peux penser à aucune dÃpression, qui fÃt jamais aussi dÃlibÃrÃe et eut > des consÃquences aussi catastrophiques : le taux de chÃmage des jeunes > en GrÃce, par exemple, dÃpasse maintenant 60%. > > Il est surprenant que la TroÃka ait refusà d'accepter la > responsabilità de tout cela ou d'admettre à quel point ses prÃvisions > et ses modÃles furent mauvais. Mais ce qui est encore plus surprenant > c'est que les dirigeants europÃens ne l'aient mÃme pas appris. La > TroÃka exige toujours que la GrÃce atteigne un excÃdent budgÃtaire > primaire (hors paiements d'intÃrÃts) de 3,5% du PIB en 2018. > > Les Ãconomistes du monde entier ont condamnà cet objectif punitif, > parce qu'il destine inÃvitablement à entraÃner une rÃcession plus > profonde. En effet, mÃme si la dette de la GrÃce se restructurait > au-delà de tout ce qu'on puisse imaginer, le pays, s'il y avait des > Ãlecteurs pour engager au referendum sous pression qui se tiendra ce > week-end l'objectif de la troÃka, resterait dans la dÃpression. > > En fait de transformer un grand dÃficit primaire en excÃdent, peu de > pays ont accompli quelque chose comme ce que les Grecs ont rÃalisà au > cours des cinq derniÃres annÃes. Et, si le coÃt en termes de > souffrance humaine a Ãtà extrÃmement ÃlevÃ, les rÃcentes propositions > du gouvernement grec ont fait un long chemin vers la satisfaction des > demandes de ses crÃanciers. > > Nous devons Ãtre clairs : presque aucun argent de l'Ãnorme quantità > prÃtÃe à la GrÃce ne lui est en rÃalità parvenu. Il a servi à payer > des crÃanciers du secteur privà -- y compris les banques allemandes et > franÃaises. La GrÃce a obtenu une faible pitance, par contre elle a > payà un prix Ãlevà pour prÃserver les systÃmes bancaires de ces pays. > Le FMI et les autres crÃanciers "officiels" n'ont pas besoin de > l'argent qui est exigÃ. Probablement, dans le scÃnario de statu quo, > l'argent reÃu serait juste prÃtà de nouveau à la GrÃce. > > Mais, encore une fois, il ne s'agit pas de l'argent. Il s'agit > d'"utiliser" des "ÃchÃances" pour forcer la GrÃce à se soumettre et à > accepter l'inacceptable -- non seulement des mesures d'austÃritÃ, mais > d'autres politiques rÃgressives et punitives. > > Mais pourquoi l'Europe ferait-elle cela ? Pourquoi les dirigeants de > l'Union europÃenne rÃsistent-ils au rÃfÃrendum et refusent-ils jusqu'à > prolonger de quelques jours la date limite du Juin 30 pour le prochain > paiement de la GrÃce au FMI ? L'Europe ne serait-elle pas tout en > matiÃre de dÃmocratie? > > En Janvier, les citoyens de la GrÃce ont votà pour un gouvernement > engagà à mettre fin à l'austÃritÃ. Si le gouvernement avait simplement > rempli ses promesses de campagne, il aurait dÃjà rejetà la proposition > ultimatum. Mais il a voulu donner une chance aux Grecs de compter dans > cette question si critique pour le bien-Ãtre futur de leur pays. > > Ce souci de lÃgitimità populaire est incompatible avec la politique de > la zone euro, qui n'a jamais Ãtà un projet tout à fait dÃmocratique. > La plupart des gouvernements des Etats membres n'ont pas cherchà > l'approbation de leur peuple pour remettre leur souverainetà monÃtaire > à la BCE. Lorsque la SuÃde l'a demandÃe, les SuÃdois ont dit non. Ils > ont compris que le chÃmage augmenterait si la politique monÃtaire du > pays Ãtait fixÃe par une banque centrale rÃsolument focalisÃe sur > l'inflation (et aussi qu'il y aurait une attention insuffisante à la > stabilità financiÃre). L'Ãconomie allait pÃtir, parce que le modÃle > Ãconomique sous-jacent de la zone euro avait Ãtà fondà sur des > relations de pouvoir qui dÃsavantageaient les travailleurs. > > Et, bien sÃr, ce que nous voyons maintenant, 16 ans aprÃs que la zone > euro ait institutionnalisà ces relations, est l'antithÃse de la > dÃmocratie : de nombreux dirigeants europÃens veulent voir la fin du > gouvernement de gauche du Premier ministre Alexis Tsipras. AprÃs tout, > il est extrÃmement gÃnant d'avoir en GrÃce un gouvernement qui soit > tellement opposà aux types de politiques qui ont tant fait pour > accroÃtre les inÃgalitÃs dans de nombreux pays avancÃs, et qui soit si > attachà à la lutte contre la puissance dÃbridÃe de la richesse. Ils > semblent croire qu'ils peuvent Ãventuellement faire tomber le > gouvernement grec par l'intimidation en lui faisant accepter un accord > qui contrevienne à son mandat. > > Il est difficile de conseiller aux Grecs comment voter le 5 Juillet. > Aucune des deux solutions -- l'approbation ou le rejet du mandat de la > TroÃka -- ne sera facile, et chacune des deux comprend des risques > Ãnormes. Un vote "oui" signifierait la dÃpression presque sans fin. > Peut-Ãtre qu'un pays appauvri -- celui qui a vendu la totalità de ses > actifs, et dont la jeunesse brillante a Ãmigrà -- pourrait enfin Ãtre > quitte de la dette ; peut-Ãtre qu'une GrÃce ratatinÃe dans une > Ãconomie à revenu intermÃdiaire pourrait finalement Ãtre en mesure > d'obtenir l'assistance de la Banque mondiale. Tout cela pourrait se > produire dans la prochaine dÃcennie, ou peut-Ãtre dans la dÃcennie > aprÃs. > > En revanche, un vote "non" pourrait au moins ouvrir la possibilità que > la GrÃce, avec sa forte tradition dÃmocratique, puisse saisir dans ses > propres mains son destin. Les Grecs pourraient avoir la possibilità de > faÃonner un avenir, mÃme s'il n'Ãtait peut-Ãtre pas aussi prospÃre que > dans le passÃ, qui soit beaucoup plus optimiste que la torture > inadmissible du prÃsent. > > Je sais comment je voterais. > > > Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d'Ãconomie, est professeur des > universitÃs à l'Università de Columbia. Son plus rÃcent ouvrage, > co-Ãcrit avec Bruce Greenwald, est "Creating a Learning Society: A New > Approach to Growth, Development, and Social Progress.". > Version originale Copyright: Project Syndicate, 2015. " > > > Joseph Stiglitz: how I would vote in the Greek referendum > Neither alternative â approval or rejection of the troikaâs terms â > will be easy, and both carry huge risks > theguardian.com|By Joseph Stiglitz > http://www.theguardian.com/business/2015/jun/29/joseph-stiglitz-how-i-would-> vote-in-the-greek-referendum > > ------- > > >>>>> Paul Krugman : La GrÃce au bord du gouffre / 29 juin 2015 <<<<< > > "Il est Ãvident depuis un certain temps que la crÃation de l'euro fut > une terrible erreur. L'Europe n'a jamais eu les conditions prÃalables > au succÃs d'une monnaie unique -- par-dessus tout, le genre d'union > fiscale et bancaire qui assure, par exemple, que lorsqu'une bulle > immobiliÃre Ãclate en Floride, Washington protÃge automatiquement les > personnes ÃgÃes contre toute atteinte à leurs soins mÃdicaux ou de > leur banque de dÃpÃts." > > > Quitter l'union monÃtaire est toutefois une dÃcision beaucoup plus > difficile et effrayante que d'avoir jamais commencà à y entrer, et > jusqu'à prÃsent, mÃme la plupart des Ãconomies en difficultà du > continent ont à plusieurs reprises reculÃ, au bord du gouffre. Encore > et encore, les gouvernements ont Ãtà soumis aux exigences des > crÃanciers pour l'austÃrità sÃvÃre, tandis que la Banque Centrale > EuropÃenne a gÃrà de contenir la panique du marchÃ. > > Mais la situation en GrÃce a maintenant atteint ce qui ressemble à un > point de non-retour. Les banques sont temporairement fermÃes et le > gouvernement a imposà le contrÃle des capitaux -- des limites sur les > mouvements de fonds hors du pays. Il semble trÃs probable que le > gouvernement doive bientÃt commencer à payer les pensions et les > salaires en titres provisoires, par l'effet de crÃer une monnaie > parallÃle. Et la semaine prochaine le pays va organiser un rÃfÃrendum > sur l'opportunità d'accepter les exigences de la  TroÃka  -- les > institutions reprÃsentant les intÃrÃts des crÃanciers -- pour encore > plus d'austÃritÃ. > > La GrÃce devrait voter  non Â, et le gouvernement grec devrait Ãtre > prÃt, si nÃcessaire, à quitter l'euro. > > Pour comprendre pourquoi je dis cela, il faut comprendre que la > plupart -- pas tout, mais la plupart -- de ce que vous avez entendu > dire sur la dÃbauche et l'irresponsabilità grecques est faux. Oui, le > gouvernement grec a dÃpensà au-delà de ses moyens à la fin de la > premiÃre dÃcennie des annÃes 2000. Mais depuis lors, il a maintes fois > rÃduit les dÃpenses et a levà des impÃts. L'emploi par le > gouvernement a chutà de plus de 25 pour cent, et les pensions (qui > Ãtaient en effet beaucoup trop gÃnÃreuses) ont Ãtà fortement coupÃes. > Si vous additionnez toutes les mesures d'austÃritÃ, elles ont Ãtà plus > que suffisantes pour Ãliminer le dÃficit d'origine et le transformer > en un excÃdent important. > > Alors pourquoi ne pas y arriver ? Parce que l'Ãconomie grecque s'est > effondrÃe, en grande partie en raison de ces mesures de grande > austÃritÃ, entraÃnant avec elle des revenus en baisse. > > Et cet effondrement à un certain moment eut beaucoup à voir avec > l'euro, qui a piÃgà la GrÃce dans un carcan Ãconomique. Les cas de > succÃs de l'austÃritÃ, dans lequel les pays maÃtrisent les dÃficits > sans les reporter en dÃpression, impliquent gÃnÃralement de grandes > dÃvaluations monÃtaires qui rendent les exportations plus > compÃtitives. C'est par exemple ce qui est arrivà au Canada dans les > annÃes 1990, et plus rÃcemment dans une mesure consÃquente, ce qui est > arrivà en Islande. Seulement la GrÃce, sans sa propre monnaie, n'a pas > eu cette option. > > Ainsi ai-je simplement proposà le "Grexit" -- sortir la GrÃce de > l'euro ? Pas nÃcessairement. Le problÃme pour la GrÃce avec la sortie > de l'euro a toujours Ãtà le risque du chaos financier, d'un systÃme > bancaire perturbà par des retraits dus à la panique et des affaires > entravÃes à la fois par les problÃmes des banques et par l'incertitude > sur le statut juridique des dettes. Voilà pourquoi les gouvernements > grecs successifs ont adhÃrà aux demandes d'austÃritÃ, et pourquoi mÃme > Syriza, la coalition de gauche au pouvoir, Ãtait disposÃe à accepter > les mesures d'austÃrità qui avaient dÃjà Ãtà imposÃes. Tout ce qu'elle > demandait en effet Ãtait un arrÃt de la poursuite de l'austÃritÃ. > > Mais la TroÃka n'a rien à faire de tout cela. Il serait facile de se > perdre dans les dÃtails, nÃanmoins le point essentiel est maintenant > qu'il ait Ãtà prÃsentà à la GrÃce une offre "à prendre ou à laisser", > qu'il est effectivement impossible de distinguer par rapport aux > offres de la politique des cinq derniÃres annÃes. > > Ceci est, et sans doute Ãtait destinà à Ãtre, une offre que le Premier > ministre grec, Alexis Tsipras, ne puisse accepter, parce que ce > serait dÃtruire sa raison d'Ãtre politique. L'objectif doit donc Ãtre > de le chasser de l'office, ce qui se produirait probablement si les > Ãlecteurs grecs craignaient assez la confrontation avec la TroÃka pour > voter "oui" la semaine prochaine. > > Mais ils ne devraient pas le faire, et pour trois raisons. Tout > d'abord, nous savons maintenant que l'austÃrità toujours plus sÃvÃre > est une impasse : aprÃs cinq annÃes, la GrÃce se retrouve dans un Ãtat > pire que jamais. DeuxiÃmement, beaucoup et la plupart du chaos à > craindre dans la Grexit est dÃjà arrivÃ. Avec les banques fermÃes et > les contrÃles de capitaux imposÃs, il n'y a pas que beaucoup plus de > dÃgÃts à faire. > > Enfin, l'adhÃsion à l'ultimatum de la TroÃka reprÃsenterait l'abandon > dÃfinitif de toute revendication pour l'indÃpendance grecque. Ne soyez > pas convaincus par les revendications selon lesquelles les > responsables de la TroÃka seraient seulement des technocrates > expliquant aux Grecs ignorants ce qui doit Ãtre fait. Ces supposÃs > technocrates sont en fait les fantaisistes qui ont mÃconnu tout ce que > nous savons sur la macro-Ãconomie, et ont eu tort à chaque Ãtape du > chemin. Il ne s'agit pas de l'analyse, il est question de pouvoir -- > le pouvoir des crÃanciers de retirer les plombs de l'Ãconomie grecque, > qui persiste tant que la sortie de l'euro est considÃrÃe comme > impensable. > > Donc, il est temps de mettre un terme à cet impensable. Sinon la GrÃce > fera face à l'austÃrità sans fin, et à une dÃpression sans soupÃon de > fin. > > > Greece Over the Brink > Ever-harsher austerity has been a dead end, and those who demand more > of it have been wrong every step of the way. > nytimes.com|By Paul Krugman > http://www.nytimes.com/2015/06/29/opinion/paul-krugman-greece-over-the-brink > .html Merci beaucoup pour ce travail de traduction. _______________________________________________ Nettime-fr mailing list http://www.nettime.org/cgi-bin/mailman/listinfo/nettime-fr