En pleurant en mémoire de Cabu, je me suis souvenue de la beauté simple et lumineuse, radicale, des créations artistiques et musicales de Mano Solo, pourtant si sombres. Et cherchant des archives de l'artiste sur le web, je suis tombée sur ce blog du 10 janvier :
http://blogs.mediapart.fr/blog/kaze-tachinu/100115/les-rues-ne-sont-que-des-fleuves-de-feuÀ tous les grands duduches d'hier d'aujourd'hui de demain : je ne me laisserai pas faire. L'exercice de la liberté de penser et du libre arbitre de se déterminer d'agir ou de ne pas agir face à la confusion calamiteuse sera mon hommage aux disparus -- et je n'oublierai pas les otages morts à Vincennes.
Pour la seconde fois, en deux mandats, contrairement aux souhaits de Badinter le 7 janvier même qui parfois retombe sur terre même si depuis quelques années il s'est mis à planer pour soutenir les siens :
http://www.liberation.fr/societe/2015/01/07/robert-badinter-les-terroristes-nous-tendent-un-piege-politique_1175717-- la justice ne passera pas. Elle a été confisquée par l'exécution militaire capitale. Nous ne saurons jamais sauf à croire ce qui nous sera dit, nous qui justement nous opposons à la croyance comme moteur de la citoyenneté. Religieuse ou laïque : la croyance c'est la croyance, il n'y en a pas deux, conceptuellement parlant.
Le piège politique s'est refermé.
Badinter est pour moi à jamais le type qui a fait supprimer la peine de mort. Cela ne s'efface pas.
Ce sera pour moi la journée de l'infamie du deuil sur le deuil.
Puisque Valls a appelé sur les ondes à la mobilisation massive d'union
nationale, la récupération de l'appel des syndicats et de la gauche
passera aux oubliettes, c'est le signe médiatique gouvernemental qui
passera dans l'histoire et que tout le peuple fût derrière lui... Gare à
la suite !
Les criminels de guerre alliés avec les forces déviantes qui ont mis à feu et à sang la Syrie qui sont derrière l'ordre de l'attentat
contre l'équipe de Charlie Hebdo (lire le Guardian) pour la force de
médiatisation sans ambiguïté de sa cible, seront au complet au premier rang de la manif
avec notre gouvernement à la politique désastreuse tant au dehors qu'au
dedans ((désastres probablement pas étrangers à la menace passée aux actes).
Quel défi, quel mépris ! Quelle impolitesse, -- quelle grossièreté !
L'important était de tenir la rue la semaine suivant ces hauts
amalgames. Car ça deviendra beaucoup plus difficile (on en reparlera -- à lire dans la Presse étrangère le renforcement des pouvoirs des services secrets dans la politique intérieure, suite à cet attentat).
Je regrette profondément que la manif n'ait pas été différée d'un jour
ou deux et supportée par un mouvement de grève nationale d'une journée,
en signe de deuil et pour permettre aux gens de s'y rendre. J'y serais
allée. Là c'est comme une gigantesque manipulation désormais y compris
par la gauche syndicale et les partis de gauche qui en réalité
majoritairement n'ont pas voulu se désolidariser de Hollande -- qu'ils
poursuivent donc de soutenir malgré leurs propos contradictoires.
Cela coûtera très très cher à la gauche parlementaire (déjà croupion ou
éliminée) lors des prochaines élections, et à la population
française en général.
L'émotion n'est pas toujours le bon guide. Les masses froides sont géniales par hasard. Les masses chaudes sont souvent trahies.
J'ai compris la mobilisation immédiate mercredi soir. Pas la suite.