Aliette Guibert on Fri, 31 Jan 2014 02:41:26 +0100 (CET)


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[Nettime-fr] FOREVER TETRAKAÏ


TETRAKAÏ : un révélateur de subtilités dans un monde de brutes



Pour ceux qui sont à Paris il faut se dépêcher d'aller voir le
spectacle expérimental et transgenre  d'arts vivant et du cirque
TETRAKAÏ sous le chapiteau dressé à La Villette jusqu'au 9 février
inclus. C'est exceptionnel -- entendre que la qualité de la recherche
est jamais vue, mais en outre que les conditions sont tellement
aléatoires et nombreuses, et ce genre de spectacle coûteux quoique
sans les paillettes qui attirent les moustiques, que cela n'est pas
reproductible au-delà de ce programme, comme un don lyrique, comme une
chance nouvelle.

La France crache dans la soupe de ses événements créatifs de niveau
international, comme toujours dans ses moments de récession où
pourtant la création renaît.

CHAPEAU BAS, HOMMAGE AUX ARTISTES !



À la verticale des << cerveaux malades >> selon Patrick Cohen, de
Dieudonné, et des identitaires, (car bien sûr tout cela marche
ensemble), je ne connais pas plus pédant dans un monde obsolescent
qu'un journaliste qui décrète le pédantisme, où ailleurs les autres
appellent à l'épuration... peu importe de quoi ou de qui : c'est
toujours de << l'épuration >> -- comme disait le médecin lors de la
présentation des Nouveaux Bien-pensants de Michel Maffesoli, ces
jours-ci. Et il en va du << pédantisme >> comme des << cerveaux malades
>>.

Pour le journal Libération et au fil des lectures des articles
spécialisés dans la Presse, je me dis sans réserve que la plupart des
<< critiques >> font un hiatus avec ce que je ressens durant ledit
spectacle TETRAKAÏ. L'exploit des corps des artistes de cirque, pour
qui est un amateur de cirque, a toujours rendue manifeste la puissance
de la vie au moment où elle suspend l'effort, ayant atteint ses
limites dans l'achèvement d'un bond, d'un triple salto rattrapé aux
poignets pendus, d'un portage tendu, ou même d'une ineffable arabesque
-- perfection de la performance pas toujours imperfectible, -- de
l'amour, de l'égarement, et de la mort.

Je ressens plus vénalement quelque chose qui concerne une société
urbaine actuelle tout entière, je dirais même les micro-groupes
sociaux qui s'assument ou se cherchent,  dans les villes planétaires
perdues, autosuffisantes, parsemant le cosmos. Les journalistes se
souviennent-ils d'avoir appris la fonction collective du théâtre au
temps des jeux et des premières olympiades ?... Non pas une ou
quelques personnes ni un genre social particuliers.

Pllus largement, et paradoxalement pour être précise, je dirai que ces
journalistes font un contresens absolu sur le << je >> des poètes qu'ils
prennent pour un << moi >> au lieu d'un << autre >>, (<< Je est un autre >>
-- Rimbaud dans une lettre ; << C'est que je n'ai pas le corps que je
devrais avoir >>, Artaud) : alors que c'est en cette double parole que
consiste, depuis toujours et pour toujours, la capacité visionnaire
des poètes.

(... )


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