Aliette Guibert-Certhoux on Thu, 27 Jun 2013 04:43:26 +0200 (CEST) |
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Souvenons-nous. Le 19 juin 1953, il y a soixante ans à une semaine près, les Rosenberg sont morts assassinés sur la chaise électrique (et Ethel Rosenberg suppliciée, car le bourreau dut s'y reprendre en plusieurs fois), pour régler le statut de la communauté juive du bon côté de la guerre froide. Ce fut le signe suprême d'un retournement politique de la Présidence Truman, qui succéda à l'ouverture de la Présidence Roosevelt -- pour le partage du secret de l'atome avec la puissance communiste, à la demande des physiciens qui avaient présidé au programme sous cette condition. Répétons qu'Ethel, bien que communiste convaincue, n'avait jamais espionné ni renseigné, et que si Julius l'avait fait parmi un réseau d'amis ayant les mêmes convictions politiques que lui, ce ne fut pas lui qui transmit le secret de l'atome, que celui-ci fut transmis par un physicien allemand réfugié du nazisme qui travaillait pour la partie anglaise et canadienne du programme, qui l'assuma auprès des services secrets et du tribunal militaire britanniques, qui ne fut pas condamné à mort et après quelques années de prison qui vécut tranquille une fois retourné en Allemagne de l'Est où il fut honoré. Les responsables du procès monté de toutes pièces savaient qu'ils condamnaient à mort une innocente et un homme coupable de renseignements non majeurs. C'est un des plus grands scandales non seulement de la justice américaine mais encore de la présidence et du département d'Etat de ne pas les avoir graciés. Ils ont été assassinés au nom d'un faux procès et de faux témoins. Jusqu'au dernier instant Ethel a cru en la justice de son pays pensant qu'elle -- ou l'exécutif suprême -- leur rendrait grâce à juste titre. Mais tout au contraire, à en juger des années plus tard selon les déclarations du responsable de la justice au département d'Etat des deux présidences concernées, il répondit au journaliste du New York Times qui lui demandait "mais alors, puisque vous saviez qu'Ethel était innocente pourquoi l'avez vous exécutée?!" : "Parce qu'elle n'apas voulu croire à notre bluff !" (Sam Roberts "The Brother", 2003)... Pleurez les amis, avec leurs fils, en ce temps de mémoire et de deuil. On me dit : "je ne vois pas le rapport entre le règlement du statut de juif du bon côté, c'est à dire américain, et justement leur exécution, merci de préciser Louise". Je réponds : "C'est parce qu'une très grande partie de la communauté juive était engagée dans le communisme aux Etats-Unis, -- ce fut la cible première du McCarthysme (dont à Hollywood) -- ils furent les premiers y compris en tant que syndicalistes contre le nazisme, à un moment où les industriels américains vendaient des chars et des blindés à Hitler. Or tout le procès fut organisé nommé coopté procuré accusé par des juifs non communistes, justement pour qu'on n'accuse pas les jurés et la justice d'antisémitisme. Au moment des faits (donc bien avant le procès) le pacte germano-soviétique était déjà rompu et les russes se battaient à Stalingrad, quand Roosevelt n'avait pas encore décidé d'entrer en guerre en dépit des pressions de Churchill. Roosevelt pouvait être allié avec les russes mais était d'abord un pacifiste." Harry Leslie Smith (auto-biographe romancier et historien), raccourcit : "I was 30 when this occurred and the media acted as shills for the government. Alas that 60 years on, the media acts no different when it comes to the Snowden affair." J'avais trente ans quand cela arriva et les médias agirent en complices du gouvernement. Hélas soixante ans après, les médias n'agissent pas autrement au moment où cela arrive à l'affaire Snowden. Un troisième ami : "FDR pacifiste ou isolationniste comme son peuple ?" Je réponds : "Pas isolationniste, allié des russes et même coopérant avec des échanges, avant même de l'être avec les britanniques qui justement voulaient l'entrainer dans la guerre, il pensait en termes de paix vraiment, et de ne pas faire plonger de nouveau les USA tout juste redressés de la misère. Mais ce fut peut-être une erreur de tant traîner... ou une nécessité pour se préparer ? Dès la Présidence suivante qui lança la guerre froide, les choses ne furent plus considérées de la même façon, et les échanges entre membres du parti communiste, consulat et ambassade soviétiques ordinaires au temps de Roosevelt, malgré Hoover qui les surveillait, devinrent soudain considérés comme des actes criminels... Quand on pense que très probablement Jacob Golos éminent américain stalinien du NKVD (police politique extérieure), minutieusement surveillé et tracé dans ses moindres déplacements par le FBI, s'était déplacé en Californie pour un séjour pas très long, juste le temps de monter l'assassinat de Trotsky, alors forcément on se dit aussi, que Hoover était dans le coup de laisser faire, sinon dans le coup d'y avoir aidé. Donc Staline n'était pas un ennemi, c'est le moins qu'on puisse dire de l'époque de Roosevelt, quand on sait l'anticommunisme qui précéda et se poursuivit chez Hoover... Pour dire la situation de coopération et d'intrication des services secrets. Lorsqu'il y eut la crise de la baie des cochons et des missiles russes à Cuba, c'est un ancien membre de l'ambassade soviétique de New York, au temps de Roosevelt, retraité en URSS après avoir été une personnalité importante dans la hiérarchie de l'espionnage soviétique, que Khrouchtchev fit appeler pour dénouer l'affaire secrètement avec la présidence Kennedy, et négocier l'engagement du retrait moyennant celui de ne ne pas envahir Cuba. Il l'obtint grâce à des arguments compréhensifs voire pour mémoire amicaux avec le gouvernement Roosevelt, et une bonne maîtrise de la situation à la fois stratégique et humaine. Il connaissait Julius Rosenberg et plus tard dans ses mémoires il témoigna avec émotion sur lui, disant que ce qui était arrivé à Rosenberg (qu'il qualifie d'ami et à propos duquel il évoque de fabuleuses soirées passées avec lui où l'humour fusait) était triste, car totalement injuste, et lui-même n'ayant jamais compris pourquoi cela était tombé sur eux (plutôt que sur d'autres). et encore moins sur Ethel que Julius évoquait parfois mais tenant à la laisser en dehors de ces relations. Mais une restructuration de l'ambassade et des services de renseignement soviétiques à New York avaient eu lieu après son départ, cadrés par le durcissement de l'opposition entre les deux puissances, et il se peut que le directeur qui lui succéda à Manhattan ait décidé de faire disparaître le réseau d'information, trop amical pour le goût du Kremlin, de son prédécesseur. Julius Rosenberg a été dénoncé par quelqu'un qu'il ne connaissait pas et qui ne le connaissait pas davantage, qui ne connaissait que le frère d'Ethel et son épouse, et comme si cela avait été soufflé, soit par les russes soit par les procureurs -- comme si cela avait été la dernière coopération entre ces deux pays avant la chute de Staline. Quant la guerre gronde aux portes du Moyen Orient fausse bombe ou faux gaz, au point de reconstituer une guerre froide avec Moscou, Snowden, Assange, Manning, Swartz, sont tous des cibles comblant l'immense déficit démocratique et républicain advenu des pays du pacte atlantique, face à des dictateurs auxquels Guantanamo, le Patriot Act, et les victimes du programme Extraordinary Rendition, ainsi que les pays qui s'y sont prêtés, plus les deux cents agents introduits en France pour "sécuriser la guerre au Mali", pendant que la masse des gens qui crèvent de faim s'accroît sur le sol même de ceux qui veulent dominer au nom de leur exemplarité, n'auraient de toutes façons rien à envier. http://www.larevuedesressources.org/-apres-les-rosenberg-legacy-of-the-rosenbergs,153-.html http://www.rfc.org/ https://www.facebook.com/rosenbergfundforchildren http://www.amazon.com/Brother-Untold-Story-Rosenberg-Case/dp/0375761241 La paix d'abord... _______________________________________________ Nettime-fr mailing list http://www.nettime.org/cgi-bin/mailman/listinfo/nettime-fr