clemos on Wed, 26 Mar 2008 17:38:29 +0100 (CET)


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[nettime-fr] Appel: Soutien au docteur Michel Dubec


http://aaaliasing.net/2/index.php?p=29

Depuis quelques jours circule sur le net un "appel à pétition contre
Michel Dubec", recueillant l'approbation de personnalités politiques
(Michèle Loup, conseillère régionale verte d'Ile-de-France, en tête)
et d'un grand nombre de représentants d'associations en tous genre.

Cette campagne de dénonciation présente le docteur Michel Dubec comme
le "psy qui légitime le viol" sur la foi de cette citation: "Si un
homme est trop respectueux d'une femme, il ne bande pas", et prétend
que M Dubec "justifie les violences faites aux femmes, et même les
viols, au nom d'une vision essentialiste, et d'une nature masculine",
et qu'il "considère (...) le viol comme un acte sexuel quasi normal
s'il est consommé avec complétude (sic)".

En dépit du sic utilisé, il s'agit là d'une interprétation totalement
fausse des propos du docteur Dubec, que voici tels que nous avons pu
les reconstituer :

    "Sans que je lui en parle, le tueur de l'Est parisien a peut-être
deviné le trouble que j'ai ressenti en regardant les photos de ses
    victimes. Je les trouvais très attirantes. (…) Une communauté de
désir nous rapprochait Guy Georges et moi. (…) parce qu'il existait
entre nous un partage des mêmes "objets érotiques", j'ai pu faire un
bout de chemin avec le tueur en série le plus célèbre de l'hexagone
(…) Je ne partageais pas la pulsion homicide de Guy Georges,
heureusement. Mais je pouvais ressentir ce qui provoquait sa pulsion
érotique. Entre nous, je l'avoue, ce goût commun entrebâilla une
porte, jusque là verrouillée à double tour, sur un possible échange".
(p.p. 211-212).

    "Oui, c'était possible de s'identifier à ce violeur qui baise des
filles superbes contre leur gré, mais évite de les soumettre à des
    conditions trop crapuleuses ou de les terrifier, au point qu'elles
ne devinent pas qu'elles vont mourir. Deux d'entre elles ont demandé à
Guy Georges d'enfiler un préservatif et il a accédé à leur requête,
comme si de rien n'était ! Il ne s'inhibait pas au dernier moment, il
était capable de leur faire l'amour quasi normalement. Il y avait
éjaculation à l'intérieur du vagin. Guy Georges donne le sentiment que
l'acte sexuel était consommé avec complétude. Jusque-là, on peut le
comprendre, et même, il nous fait presque rêver, il nous agrippe
crûment par nos fantasmes", ( p 213)

    "(…) dans la sexualité masculine, il existe un intérêt à obtenir
la défaveur de sa partenaire (…) pas seulement ses faveurs ; à faire
    crier la femme, peu importe la nature de ses cris. L'acte de
pénétrer est en lui-même agressif. Si un homme est trop respectueux
d'une femme, il ne bande pas. Beaucoup de mâles pacifiques, en groupe
ou armés, se révèlent capables de viol..."

    sources :
    http://teteshautesregardsdroits.wordpress.com/2008/03/22/le-viol-au-service-du-plaisir/#more-65
    http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20080104120738AAZsebl

On comprend mieux, à la lecture un peu plus exhaustive du passage
incriminé, que le docteur Dubec ne "justifie" en aucun cas les
"violences faites aux femmes", pas plus qu'il ne considère quelque
viol que ce soit comme un acte sexuel "quasi normal".

Il exprime au contraire le "trouble" provoqué par le sentiment de son
attirance physique envers les victimes du violeur et tueur en série
Guy Georges, puis explique comment cette "communauté de désir", ce
"partage des mêmes objets érotiques", bref, ce "goût commun" pour des
"filles superbes" ont favorisé un "échange" jusqu'ici impossible entre
le criminel et le psychiatre.

C'est cette "pulsion érotique", ressentie par Guy Georges, par Michel
Dubec, et vraisemblablement par d'autres hétérosexuels, qui lui
permet, par les "rêves" qu'elle provoque, de "comprendre" le violeur,
de le "suivre", "crûment [aggripés] à [leurs] fantasmes".
La proximité entre les fantasmes du psychiatre et du violeur est
également renforcée par certains comportements contradictoires de ce
dernier, qui "évite (...) de les terrifier", "accède à leur requête"
de mettre un préservatif, ou du fait qu'il "ne [s'inhibait] pas au
dernier moment".

Le psychiatre tente ensuite de comprendre pourquoi "il existe [dans la
sexualité masculine] un intérêt à obtenir la défaveur de sa
partenaire", comme en témoigne le fait que "beaucoup de mâles
pacifiques (...) se révèlent capables de viol", en rappellant que
"l'acte de pénétrer est en lui-même agressif".

Tout ceci ne constitue en rien une "justification des violences faites
aux femmes", mais plutôt une recherche de leur compréhension et de
leur connaissance, donc implicitement leur reconnaissance.

Il faut préciser également que ces pétitionnaires mentent lorsqu'ils
prétendent que le docteur Dubec "a écrit ces pages en sa qualité
d'expert psychiatre national auprès des tribunaux", puisqu'elles
proviennent d'un ouvrage, "Le Plaisir de Tuer", paru en février 2008
aux éditions du Seuil, et non d'un quelconque document d'expertise ou
compte-rendu d'audience.

Au cours du procès de Guy Georges, en 2001, les journalistes présents
en nombre n'ont ainsi fait état d'aucune tentative de la part du
docteur Dubec de se servir "de son autorité et de son pouvoir pour
rendre publiquement légitime un crime: le viol, qualifié comme tel par
le Code pénal". A l'époque, le docteur Dubec a au contraire décrit Guy
Georges comme un "prédateur", un "pervers sexuel" et "narcissique" qui
bien que présentant des "troubles de l'identité" n'était pas "fou", et
devait donc assumer l'entière responsabilité de ses actes :

    "Des "troubles de l'identité", provoqués surtout par son abandon à
la naissance, expliqueraient en partie la violence froide de l'accusé,
qualifiée de "prédatrice" par le docteur Michel Dubec." (David Kersan
pour surlering.com)

    "Il y a chez l'accusé un aspect de perversion sexuelle, mais il
est loin d'être le seul. Il a avant tout une perversion narcissique,
c'est-à-dire une volonté d'emprise et une non-reconnaissance à autrui
de son altérité."
    "Non, Guy Georges n'est pas fou, comme le confirme le docteur
Dubec. Reste alors la fascination que son parcours exerce sur tout un
chacun et les nombreuses interrogations qui en découlent." (Sophie
Bouniot pour l'Humanité)

Les rédacteurs de cette pétition estiment également que "le Docteur
Michel Dubec ne possède plus les qualités requises, et qu'il nécessite
une radiation urgente" des listes.
Cet entretien accordé à Kerenn Elkaïm pour la Tribune Juive nous
convainc du contraire:

    TJ : Qu'appelez-vous la « pulsion homicide » ?

    M. D. : C'est celle que nous portons tous en nous. Voilà pourquoi
le crime nous fascine tant. Cette pulsion explique aussi le plaisir
qu'il nous procure. On vit avec le mythe que l'homme naît bon. Nous
refusons d'admettre que nous sommes porteurs d'une mauvaise part. La
civilisation et le système de répression permettent de contrôler cette
pulsion. À l'échelon individuel, si l'autorité n'est pas imposée avec
amour, elle ne marche pas.

A la lumière de ces quelques phrases, nous pouvons affirmer que le
docteur Dubec envisage la Justice au service de laquelle il exerce
comme un rempart contre des pulsions universellement partagées, entre
autres celles du meurtre ou du viol, mais aussi que l'imposition de
cette autorité nécessite une certaine empathie envers l'accusé, en
tant qu'il demeure un alter ego humain.

En conséquence de tout ceci, nous affirmons notre soutien au docteur
Michel Dubec.
Le procès d'inquisition honteux et obscurantiste dont il est victime
nie la liberté intellectuelle la plus élémentaire en interdisant à un
homme de science d'émettre des hypothèses et d'établir des vérités, si
dérangeantes soient-elles.
D'autre part, cette pétition supprime implicitement le droit
fondamental d'un accusé d'être dûment défendu lors de son jugement en
rendant impossible l'explication et la compréhension d'actes
transgressant la morale.

Ceci n'est pas une pétition.
A faire suivre.

 
 
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