Louise Desrenards on Sun, 6 May 2007 02:32:12 +0200 (CEST)
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Et pour une petite dernière avant que nous ne recevions les sommations,
voici un extrait de citations paru dans Témoignage Chrétien republié
dans bellaciao :
http://www.temoignagechretien.fr/journal/article.php?num=3251&categ=FranceEurope
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=47675
Mais si le titre est : "69 bonnes raisons (et beaucoup d’autres) de ne
pas voter Nicolas Sarkozy"
Je pense, que Sarkozy, et d'autant plus à lire ce qui est dessous : IL
FAUT PASSER A L'ACTE CONTRE !
Donc je vote dimanche 6 mai sans état d'âme mais POUR Ségolène Royal,
c'est certain (et pourtant !)
La bagarre de la gauche contre cet abruti de parti hégémonique
socialiste déniant la volonté populaire du référendum,
renaissant de sa critique
sera celle des législatives
qui normalement devraient voir monter à la chambre une force
antilibérale de gauche
aux candidatures unifiées,
et de l'autre un centre démocratique renouvelé pa r ses jeunes recrues,
qui laisse les fachos de l'UDF avec leur logo où ils sont déjà, soit 29
députés suivant Madame Weill, qui finalement préfère fermer les yeux sur
l'émigration choisie, de leur plein gré intégrés par Sarkozy, et les
ministres les plus réactionnaires parmi les réformistes les plus
extrêmes des réformes de droite des deux derniers gouvernements Chirac.
Les pires de l'UDF --et quelques uns des pires du PS mais d'autres ne
manqueront pas de suivre -- sont déjà passés à l'UMP : y a plus rien à
craindre de ce côté là !
Imaginez dès mardi l'annonce d'un gouvernement dirigé par un ancien
ministre de l'intérieur, devenu président, qui tient tout le pays en
fiches et plus encore, prenant comme premier ministre l'ancienne
ministre des armées acteur gouvernemental de Dassault, avec un ministre
de l'intérieur étant l'ancien ministre auteur de la réforme de la
justice qui a aboli la présomption d'innocence : Perben... Nègre à la
culture, Robien aux finances, Charasse (le parrain du scandale du
lyonnais de la générale des eaux et de la banque de France complice)
quelque part dans l'ombre (il a rallié Sarkozy)... Et Gluksmann au
ministère de l'émigration choisie:)
Et bien je en veux pas voir ça !
////////////// Citation intégrale ///////////////////////////////
1- Je ne suis pas son « Cher compatriote »
Ce n’est pas la peine (en plus, c’est se faire du mal) d’énumérer une
fois de plus les raisons évidentes qu’il y a à ne pas voter Sarko. Mais
il y en a au moins UNE que les bonnes gazettes n’ont pas mise en avant
et qui me traumatise grave.
Imaginez un peu. La République a des us et coutumes. Et l’un de ces
moments autant obligatoires que privilégiés est, pour le Président, le
31 décembre au soir ou bien le 1er janvier au matin, de souhaiter une
BONNE année aux Français, ses CHERS compatriotes, car il est le
Président de TOUS les Français. Je regrette, pas de tous. Parce que moi,
zéro. Vous avez un verre de champagne à la main, vous rigolez avec vos
amis, vous embrassez tendrement votre famille et voilà l’autre, à la
télé, qui vous souhaite une BONNE année. C’est pas croyable, pas humain,
c’est impossible. Je ne serai jamais son CHER compatriote. Tout sauf ça.
par Jean-Bernard Pouy, écrivain.
2- Il me rappelle Messier
Je n’ai pas du tout confiance en Sarkozy. Il me rappelle Messier,
l’ancien patron de Canal +. Quand il est arrivé, il a pleuré devant
nous, expliquant combien il était heureux d’être là et qu’il ne
toucherait pas à un seul d’entre nous. Et voilà qu’un peu plus tard, il
virait six cents personnes. Il nous a fait un superbe numéro de
comédien. Pour Sarkozy, c’est pareil. Je ne crois pas à ce qu’il
raconte. Je ne veux pas d’un Président acteur.
par Jules-Édouard Moustic, animateur sur Canal +.
3- « J’ai toujours eu un problème avec Neuilly-Auteuil-Passy... » par
Jean-François Bizot, patron de radio Nova.
4- Les poubelles de Le Pen
Achèteriez-vous une voiture d’occasion à ce type ? Ce fameux slogan
consacré à Nixon par les pacifistes américains, à l’époque de la guerre
du Vietnam, s’appliquerait bien à Sarkozy. Que penser d’un type qui se
fait construire à un tarif de faveur un superbe appartement dans une
zone qu’il a la possibilité de rendre constructible d’un trait de plume
? Comment faire confiance à un homme qui paraît considérer qu’un
parachute doré de 8,5 millions d’euros est dans l’ordre des choses, mais
qui voudrait diminuer les retraites et les confier à des fonds de
pension ? C’est-à-dire à un personnage décidé à dépouiller les pauvres
pour donner davantage aux riches ? A moins d’être aussi riche et cynique
que ses copains Bernard Tapie et Noël Forgeard, un tel vote relève du
plus pur masochisme. Travailler plus pour gagner plus ? Qu’il aille donc
le dire aux trois millions de chômeurs qui voudraient bien trouver un
job, et à tous les temps partiels qui revendiquent de passer à temps
complet, comme les nettoyeurs de la gare d’Austerlitz qui viennent de
faire grève pendant un mois pour l’imposer. En face, ni le discours ni
le programme de sa rivale ne sont certes de nature à susciter
l’enthousiasme. Mais voir un politicien qui va chercher ses bulletins
dans les poubelles de Le Pen occuper l’Élysée représenterait une défaite
pour tout ce que le pays compte d’honnêtes gens. Alors, si vous ne
voulez pas que la France de demain ressemble à l’Amérique de Bush
d’aujourd’hui…
par Gérard Delteil, écrivain.
5- Le salaire de la peur
Dimanche 22 avril, 14h50, on ne sait encore rien, et c’est le moment que
je choisis pour écrire, les nerfs à vif, éblouie par la lumière, il fait
si beau partout ! Au bureau de vote, il y avait plus d’une demi-heure de
queue, les vieux agitaient leurs cannes, les enfants jouaient et
criaient, beaucoup de jeunes souriaient. Qu’attendaient-ils,
qu’espéraient-elles ? D’où vient cette nervosité, cette tension, cette
inquiétude ? Faut-il des raisons raisonnables ou laisser parler l’ordre
du cœur, comme disait Blaise Pascal ?
Il me semble que nous avons besoin de nous sentir liés les uns aux
autres, que nous avons besoin de solidarité, de respect mutuel et de
tolérance. Parce que nous vivons dans une société de mépris, de
préjugés, de machisme, où, plus qu’à d’autres époques, règne la loi du
plus fort, du plus riche, du mieux né. La société que nous propose
Nicolas Sarkozy, faux cow-boy sur son cheval camarguais, c’est une
société qui craint les femmes et les immigrés. Un monde policier,
assertif et violent. Je n’en veux à aucun prix. C’est le salaire de la peur.
par Geneviève Brisac, éditrice, écrivaine.
6- Une jeunesse racaille ou stupide
Nicolas Sarkozy pense que la jeunesse est soit racaille, soit stupide,
que le suicide des adolescents est génétique, que l’on peut déceler chez
les enfants de 3 ans les signes d’un futur délinquant ! Que faire d’un
homme politique qui a peur de la jeunesse ?
par Mouss, chanteur de Mass Hysteria.
7- Il privilégie le rapport de force
Au-delà de tout ce qui me différencie de Nicolas Sarkozy aux plans
politique et philosophique, je constate que sa forme de pensée lui fait
privilégier le rapport de force sur la négociation, le clivage sur le
rassemblement. Dans une société aussi inquiète que la société française,
c’est le plus sûr chemin vers les affrontements de toutes natures.
par Didier Daeninckx, écrivain.
8- Il flatte les instincts les plus vils
Je suis aussi ulcéré qu’effrayé par la manière dont Nicolas Sarkozy a
franchi nombre de lignes jaunes, et en klaxonnant, pour arracher « avec
les dents » les voix des électeurs du Front national à leur leader
historique et atteindre plus de 30 %. Je ne partage nullement les agapes
de ceux qui se réjouissent que ces électeurs aient – selon une formule
bien trop consacrée – réintégré un soi-disant « Pacte républicain ». On
ne ramène pas des électeurs à la raison en flattant leurs instincts les
plus vils, en ostracisant, en discriminant, en brutalisant, en
effrayant. On les ramène juste dans son propre camp et par pur
opportunisme électoral.
Pour gagner.
Prétendre « réduire l’influence du Front national » est un noble projet
mais s’il ne s’agit que d’un alibi commode qui autorise à ingérer puis à
recracher, à la face du pays, certaines de ses idées, la méthode me répugne.
Bien sûr, je vois bien que durant les deux semaines qui s’annoncent,
Nicolas Sarkozy va tenter de se recentrer pour rassurer et ramener cette
fois au bercail une partie des électeurs de François Bayrou. Son
discours de dimanche 22 avril, le soir, était un premier pas en ce sens.
Mais le mal est fait. Ce qui est dit est dit. Et monsieur Bayrou serait
bien inspiré de mesurer le caractère intolérable des excès de Nicolas
Sarkozy au moment de préparer la suite...
Vous l’avez compris, il m’apparaît aujourd’hui illogique de combattre
politiquement Nicolas Sarkozy sans voter au second tour pour la
candidate qui va l’affronter le 6 mai.
Ce n’est pas un soutien. Juste un vote. Je n’agis nullement par
conviction socialiste. Ni avec le moindre enthousiasme militant. Ou
encore par affinité, mais simplement en conscience. Et surtout en dépit
de tout ce qui a pu m’exaspérer depuis des mois dans certaines de ses
postures (« l’ordre juste », quelle connerie...) ou chez certains de ses
soutiens. Et puis, si le 6 mai Ségolène Royal est élue, eh bien, je
regagnerai(s) aussi vite mes pénates pour m’NRVer dès que nécessaire...
par Guy Birenbaum, directeur des éditions Privé.
9- Je refuse de monter dans le train des puissants
Comment choisir parmi toutes les raisons qui font que je ne voterai pas
Sarkozy ? Comment choisir de ne pas voter Sarkozy, d’ailleurs, alors
que, médecin, « notable », je pourrais, sans risque apparent, accepter
le projet de société de celui qui s’affuble des bésicles de Blum et de
la barbe de Jaurès pour faire adopter le programme de Thatcher et de
Berlusconi ?
Mais pour cela, il me faudrait accepter une vision du monde incompatible
avec ce qui me reste d’une éducation chrétienne. Il me faudrait accepter
que l’autre est un ennemi, que la société en tant que telle n’existe
pas, et que le règne de la compétitivité « libre et non faussée »
départagera les bons, « ceux qui se lèvent tôt », des mauvais, des
assistés en tout genre, génétiquement programmés.
La grande victoire du néolibéralisme, c’est bien d’avoir laminé ainsi,
patiemment, pendant des années, au bénéfice des grands profiteurs du
système, la notion même de solidarité, hier socle d’une éducation
humaniste, aujourd’hui vieille lune passéiste incompatible avec les
enjeux d’un monde de la gagne et de la hargne.
Je refuse ce monde. Je refuse de monter dans le train des puissants et
de regarder ailleurs pendant qu’on détache le wagon de queue. Et je
voudrais dire à chacun de ceux qui hésitent, qui ont pu, parce que leur
vie est dure, être un temps séduits par ce discours de stigmatisation de
l’Autre, du « profiteur des Assedic », du « RMIste payé à rien foutre »,
du « CMUiste abuseur de carte Vitale »... dans l’esprit des puissants,
l’« Autre »... c’est Toi.
par Christian Lehmann, médecin généraliste, écrivain.
10- « Voter contre Sarkozy ? Je ne savais pas qu’on avait le droit… »
par Olivier Baroux, (Kad et O)
11- Il n’a rien compris aux banlieues
Sarkozy est un homme qui ne rassemble pas. Il concentre une telle
violence contre lui, c’est effrayant. Cette réaction est la conséquence
des termes qu’il emploie. Son incompréhension des sujets qu’il traite,
comme la banlieue, est inquiétante. Sa politique visant à l’expulsion
des enfants d’immigrés est inacceptable ! Mon engagement auprès de
l’association SOS Enfants sans frontières est incompatible avec les
idées de M. Sarkozy. Sa mainmise sur les médias est une autre source de
crainte. Pour résumer, je ne crois pas que ce soit un démocrate.
par Dan Franck, écrivain.
12- Avec lui, le rêve est impossible
Parce que si j’aimais un garçon, je rêverais de pouvoir lui envoyer des
mails d’amour sans craindre qu’ils soient interceptés. Parce que, si ce
même garçon était noir, je rêverais de pouvoir imaginer une vie avec lui
sans la peur qu’il soit menacé dans son propre pays. Parce que j’aime
Anne Teresa de Keersmaeker, Louis-René des Forêts et Barbara. Parce que
je ne crois pas que l’on naisse pédophile. Parce que j’ai une petite
fille. Parce qu’un homme qui avoue que la phrase la plus absurde qu’il
ait entendue est « Connais-toi toi-même » de Socrate me terrifie. Je
rêve d’un monde où se connaître permettrait de s’accepter et d’accepter
les autres. Je dirais cela à un enfant. Je ne voterai pas Nicolas
Sarkozy parce que, là où je place mes rêves, avec lui, le rêve est
impossible. Quand je dis « rêve », je pense à Desnos. Et, simplement
pour cela, simplement en mémoire de Robert Desnos, pour rien au monde,
je ne voterai Nicolas Sarkozy.
par Nathalie Kuperman, écrivain.
13- Lili
Elle arrivait de sa Hongrie, Lili / du haut de ses vingt-deux ans, Lili
/ dans une France ouverte aux immigrés / nommée le pays des libertés /
jusqu’au fin fond des quartiers. / Les gènes de la gêne congénitale,
Lili / si jeune elle se suicide, Lili / cinq jours de coma à l’hôpital /
on ne peut pas aller plus mal / la Sécu la soigne comme une reine. /
Elle aimait tant ce pays, Lili / elle rêvait d’université, Lili / pour
devenir une grande savante / la vie en décida autrement / mais elle
apprit la langue. Elle traduisait pour les bétonneurs, Lili / elle
lancait des appels d’offre, Lili / elle aidait à acheter pour la France
/ ce que la Hongrie avait à vendre / par-dessus le mur de Berlin. / Pour
décrocher des marchés fabuleux, Lili / ils ne craignent pas le
frauduleux, Lili / elle trouvait ça plutôt bluffant / pour eux c’était
un jeu d’enfant / les dessous de table par-dessus les Alpes. / Elle
n’avait pas de compte en Suisse, Lili / plutôt RMIste qu’autre chose,
Lili / mais dans les grandes sociétés / frottée aux parachutistes dorés
/ elle affûtait son beau français.
La France tu l’aimes ou tu la quittes, Lili / c’est vrai elle aime tant
la France, Lili / elle en mangerait mais ça les démange / d’accuser les
étrangers / de manger le pain des Français. / Elle s’est fait
naturaliser, Lili / le médecin assermenté l’a tripotée, Lili / c’est
dire que sa carte d’identité / elle l’a vraiment méritée / à la sueur de
sa honte. / Ça fait vingt ans, c’était hier, Lili / ça fait dix ans que
tu es romancière, Lili / quand brutalement ta douce France / te rejoue
la Hongrie de ton enfance / Un pays où on a peur.
par Eva Almassy, écrivain.
14- Je suis un homme libre ! un artiste libre ! je croix aux valeurs du
partage, de la communication, et de l’écologie… Je ne voterai pas Sarko
car il ne me représente pas !!!
par Guizmo, chanteur.
15- Les projets de Nicolas Sarkozy sont très dangereux pour notre pays
et son peuple. Nous l’avons vu à l’œuvre pendant cinq ans avec, par
exemple, ses lois sur la délinquance qui, non seulement n’ont pas permis
de réduire les violences, mais ont stigmatisé les plus fragiles, les
étrangers, les chômeurs, les jeunes… ont criminalisé les militants et
les acteurs sociaux pour mieux les faire taire. Sa conception de la
police n’a cessé de creuser le fossé entre elle et la population. Sous
prétexte de réhabiliter le travail, il s’attache en réalité à abroger
les droits sociaux, à démanteler le code du travail pour généraliser la
flexibilité et la précarité. Il accentue les inégalités, allège les
impôts pour les puissants et méprise les plus modestes.
Au nom de la loi du marché, il démantèle les services publics, y compris
ceux de la santé. Au plan international, il prône l’alignement de la
France sur la politique américaine de Bush. Candidat de la droite, il a
repris tout au long de sa campagne des idées d’extrême droite qu’il
s’est attaché à banaliser.
Le projet qu’il défend est une société autoritaire et brutale, porteuse
de divisions et de discriminations où la concurrence exacerbée entre les
êtres humains est la règle.
S’il était élu président de la République, il briserait les valeurs
démocratiques, humanistes et de solidarité auxquelles nous tenons dans
notre pays.
par Jacqueline Fraysse, médecin.
16- La « philo » de Sarko
La morale universelle, comme les grandes religions, commande : « Aide le
plus faible ! » Dans la bouche de l’ex-ministre de l’Intérieur, cela
donne : « La faiblesse est toujours une provocation. »
Pour la tradition humaniste, la liberté est au fondement d’une vie
authentiquement humaine ; aucun déterminisme (social, culturel,
génétique, etc.) ne nous condamne a priori à une identité fixe. L’être
humain n’est pas préprogrammé : il choisit, s’invente, résiste, devient.
Dans la bouche de l’actuel candidat à la présidence, cela donne : « On
ne choisit pas son identité. »
M. Sarkozy ne se contente pas de naturaliser la faiblesse, ni de la
stigmatiser, il la criminalise. Non seulement ils méritent leur état
subalterne mais, surtout, ils doivent être tenus pour responsables des
violences qu’ils subissent « inévitablement ». Inversion très bushienne,
au demeurant : l’agresseur est en état de « légitime violence ». C’est
là que le danger affleure, sacrifiant le bon sens pour la loi du plus
fort, l’optique de la racaille.
Les faibles n’avaient qu’à être forts. S’ils ne l’ont pas pu, c’est
qu’ils ne l’ont pas voulu car ils préfèrent rester faibles –
c’est-à-dire, pour M. Sarkozy : oisifs, assistés, profiteurs,
resquilleurs, parasites, immigrés « subis », voyous… Ils l’ont donc «
bien cherché ». Sans doute étaient-ils prédestinés, mais les gènes de la
faiblesse, de la délinquance et du multirécidivisme n’ayant pas encore
été découverts, imputons-leur pour lors une mauvaise volonté.
Cessons de les défendre, cessons de les aider, plaignons plutôt les plus
forts qui n’ont pu résister à la tentation masochiste des faibles et les
ont fatalement exploités, pourchassés, discriminés, licenciés, anéantis.
Les faibles – chômeurs, sans-papiers, SDF, minorités… – méritent notre
réprobation.
M. Sarkozy nous invite donc à une course au harcèlement, à un match de
boxe généralisé, à un écrasez-vous-les-uns-les-autres conforme à la
ligne maniaco-répressive qui rythme compulsivement ses discours. À ce
jeu, l’État policier sera toujours le plus fort. La société civile n’a
qu’à bien se tenir. Ou mieux voter.
par Vincent Cespedes, philosophe.
17- Pour apprendre à s’aimer les yeux fermés
Je ne veux pas que Sarkozy soit mon président. Comme je suis lâche, mon
fils me reprochera de ne pas aller lui dire en face tout le mal que je
pense de ses méchantes idées. Ses idées toutes rikiki qui puent le
rance, la naphtaline des beaux habits et le travail, famille, patrie. Je
ne veux pas de lui comme président car j’ai chialé en entendant « la
France tu la quittes ou tu l’aimes » juste après avoir vu Indigènes et
aussi parce que la déviance dans les gènes, c’est vraiment un truc qui
me gêne.
Je ne veux pas de lui car j’aime les chansons d’amour, les poèmes de
Garcia Lorca, les mélodies raï et la voix d’Ismaël Lo. Je ne veux pas de
lui car j’aime les pelouses vertes, les drapeaux rouges ou noirs et les
rires des enfants.
Tiens, parlons-en des enfants. Les gosses ont toujours la trouille qu’un
croquemitaine soit planqué sous le lit. Va leur expliquer que le chef
des croquemitaines va pioncer cinq ans à l’Élysée.
Les gosses, je veux qu’on leur prépare un pique-nique dans les champs,
pas un déjeuner d’affaires. Je veux qu’on leur apprenne à s’aimer les
yeux fermés pas à s’échanger des cartes de séjour dans la cour de récré.
Je veux pas qu’on leur dise qu’ils sont cons à la première dictée parce
que leur père marche nus pieds. Les gosses, je veux leur apprendre à
rêver toute leur vie, le nez dans le vent et la tête au soleil.
C’est bien de rêver, même quand on est grand, ça permet d’imaginer qu’on
n’aura jamais la tronche d’un mec comme lui accrochée dans les mairies.
par Arnaud Gobin, romancier.
18- Ne pas serrer la main du diable
Pour sûr, ce n’est pas la peine d’affubler Nicolas Sarkozy d’une petite
moustache comme on le voit sur les affiches des panneaux électoraux, je
sais faire la différence entre un extrémiste qui fonde son projet sur le
racisme et un homme de droite qui essaie de se maintenir dans le champ
démocratique. Mais cette droite dure qui veut baptiser un de ses
ministères de l’appellation la plus ambiguë qui soit, « Immigration et
Identité nationale », joue avec le feu. Il ne faut pas serrer la main du
diable, disait-on chez moi, c’est toujours lui qui l’emporte, et je
n’aime pas la main droite que Sarkozy tend à ceux dont il veut récupérer
les voix. Je ne fais pas confiance à cet homme à l’ego surdimensionné,
capable, avec de tels dérapages, de se prendre les pieds dans la mue de
sa prochaine métamorphose et d’entraîner ses électeurs dans sa chute. Je
n’aime pas ceux qui mettent en place une société d’exclusion, de
confrontation et de mépris. Tant d’années à le voir élaborer sa
stratégie politique à partir du ministère de l’Intérieur, tant d’années
à le voir appeler les journalistes au chevet de son gynécée, puis de les
faire virer quand ils révèlent ses états d’âme. Je ne veux pas d’une
France fascinée par la propre image de sa frénésie au point de renier
son humanisme. Je ne voterai pas pour Nicolas Sarkozy.
par Franck Pavloff, écrivain.
19- Je ne voterai pas par rejet. Je ne souscris pas au « tout-sauf-Sarko
». Si je ne vote pas pour lui, c’est tout simplement parce que celle qui
se présente en face de lui me séduit.
par Jacques Duquesne, journaliste.
20- Nicolas Sarkozy est véritablement dangereux dans le sens où il a
révélé son vrai visage : celui de l’extrémisme. On l’a vu faire des
appels du pied aux électeurs du Front national en cultivant les thèmes
de l’immigration et en mettant en avant son projet de ministère de
l’Identité nationale et de l’Immigration. Cette idée de classer les
immigrés comme du bétail m’indigne profondément. La deuxième raison est
sa politique étrangère. Son soutien affiché à Bush est un grand péril
pour la France. Notre pays a, jusqu’alors, évité l’affrontement avec les
groupes terroristes, je crains qu’une telle alliance ne change cette
donne. La conjoncture d’une politique répressive à l’intérieur du pays
et d’une politique aventureuse et guerrière à l’extérieur représente une
véritable bombe à retardement.
Les électeurs qui ont voté pour M. Sarkozy se sont faits duper. J’espère
que le bon sens va jouer au second tour. Vivre ensemble en paix doit
être le message d’un président. On peut aimer profondément la France,
ses valeurs, ses habitants, sans choisir quelqu’un de dangereux et de
manipulateur.
par Rachida Khalil, comédienne.
21- Vous ne serez jamais mon Président
Le 24 juillet 2006, un « détail » me fit comprendre combien mes craintes
de le voir arriver au pouvoir étaient justifiées. Interpellé par la
police à la suite d’un PV bidon que j’avais osé contester, menotté aux
pieds et aux chevilles, embarqué par douze policiers déchaînés,
méprisant la déontologie, après que je me fus rebellé, l’un d’eux, coup
de matraque dans les côtes, me glissa à l’oreille un menaçant : « T’as
de la chance qu’Il soit pas président ! » faisant froid dans le dos. Ces
violences policières m’ont incité à écrire (et publier) une Lettre
ouverte à Nicolas Sarkozy, ministre des Libertés policières, ignorée des
médias, à laquelle ledit ministre n’a pas daigné répondre. Car Nicolas
Sarkozy, contrairement à ce que pourraient laisser croire ses
gesticulations, ne connaît ni le courage, ni la courtoisie. Deux raisons
de plus à mon aversion, qui me laissent penser que cet homme-là est tout
sauf un homme d’État.
Il y a cinq ans, l’extrême droite était au second tour. En 2007 aussi.
Mais ça se voit moins. à la place d’un borgne haineux, anti-sémite,
xénophobe, nous avons un petit homme bien élevé, souriant, capable, le
temps d’une campagne, d’abandonner au fond de sa poche ses principes de
rupture. Mais ce qu’il y a, en vérité, au fond de sa poche, c’est une
boîte de Pandore. Cet homme-là porte en lui les germes du totalitarisme
et de la guerre civile. Si par malheur il était élu, il faudra entrer en
RÉSISTANCE. Nicolas Sarkozy, dussiez-vous être élu, vous ne serez JAMAIS
mon président. Car moi, pendant cinq ans, je me considérerai comme un
citoyen APATRIDE. Et nous serons nombreux dans ce cas.
par Jean-Jacques Reboux, écrivain.
22- Une France alignée sur les États-Unis
Avec Sarkozy au pouvoir, nous courons le risque de subir la continuité
de la politique menée par la droite française (Villepin et consort),
mais avec des mesures néolibérales encore plus dures. Sur le plan
international, c’est aussi le risque de voir la France plus que jamais
alignée sur les États-Unis.
par Christophe Aguitton, militant altermondialiste.
23- L’oraison du plus mort est toujours la meilleure
Le 6 mai, je ne voterai pas la « Peur ». La « Peur » a peur de tout.
Depuis son enfance, elle court, elle fuit les fantômes hongrois d’un
château qui n’existe pas, comme le père de la « Peur » fuyait à
l’après-guerre les spectres de sa collaboration avec l’occupant.
La « Peur » depuis son plus jeune âge ressemble à Dolfi, le jeune héros
du K de Buzzati, tremblante et humiliée, cultivant la cécité sur un
douloureux passé. Elle est si rapide que même son ombre ne parvient pas
à la suivre. De toute façon, elle ne supporte pas la gémellité. C’est un
éternel Caïn, poursuivi par le regard d’Abel. Son futur est déjà son
passé. La « Peur » est mauvaise conseillère. Elle n’aura donc pas de
conseiller. La « Peur » a grandi. Elle déplace maintenant ses terreurs
de citadelles en places fortifiées : de Neuilly jusqu’aux grands
ministères. Comme elle craint les pauvres, comme elle craint d’être
pauvre, la « Peur » a pris comme copains deux lingots : Martin le
communicant et Arnaud l’argentier. Ils lui tiennent la main, la
béquillent, mais n’apaisent toujours pas son désarroi, quand elle part à
la conquête de la fonction suprême. Afin de mieux armer le bras de son
projet, elle commence par distiller son pathos mortifère auprès d’un
public hébété, fragile et perméable ; elle fracture et violente les
inconscients. La « Peur » devient soudain partageuse et distributive,
s’affichant avec un masque débonnaire encore fragile. Mais rien n’y
fait, des entités menaçantes peuplent son imaginaire. Elle est déjà plus
loin, et les senteurs musquées des jardins de l’Élysée ne seront qu’une
étape, et un miroir aux alouettes pour les lecteurs de Gala. Elle en est
maintenant persuadée : la paix, sa paix, est ailleurs, dans les
entrailles de la terre, dans l’abri anti-atomique de Taverny.
Allez ! Faites un effort ! Essayez d’imaginer ! La « Peur » caresse de
l’index le bouton nucléaire ; elle se sent pour la première fois
pacifiée par ce contact sensuel et moelleux, comme une réminiscence de
l’aréole maternelle. C’est décidé ! Le 6 mai, je ne voterai pas Nicolas
Sarkozy.
par Jean-Michel Ripaud, écrivain.
24- Que sera demain ?
Les jeunes des banlieues, pendant les émeutes, nous ont tendu un miroir,
qui nous renvoyait une image cruelle de notre société. Une société où
les entreprises licencient tout en amassant de gros profits. Une société
qui n’a plus d’argent pour son éducation et sa santé, mais qui allège
les impôts des gros revenus. Une société qui crée des besoins et incite
à consommer toujours plus, mais qui fabrique des exclus à qui elle
refuse le minimum vital. A la colère des jeunes a répondu l’arsenal
répressif : police, tribunal, condamnations, incarcérations, expulsions…
Le couvercle a été remis sur les banlieues, mais le feu couve toujours.
On sait que la manière dont on traite les immigrés est un test pour la
société. La politique sécuritaire de l’ancien ministre de l’Intérieur a
fait des étrangers un problème et une menace. Ils ont été stigmatisés.
La chasse aux enfants des familles sans papiers est une régression des
droits humains qui soulève l’indignation et provoque la mobilisation de
beaucoup. Si les droits humains des familles sans papiers sont ainsi
bafoués, qu’en sera-t-il demain pour les nôtres ?
par Jacques Gaillot, évêque de Partenia.
25- Il cultive la loi du plus fort
En tant que syndicaliste, les raisons de ne pas voter pour Nicolas
Sarkozy sont nombreuses. Il est notamment porteur d’un projet
ultralibéral, de régression sociale et d’attaques contre le droit de
grève. Mais fondamentalement, la raison qui me conduira au bureau de
vote le 6 mai est mon refus du projet de société dont il est porteur :
un projet qui développe la peur de l’autre, de l’étranger, du différent
; un projet qui cultive la loi du plus fort, celle du mérite personnel
et de la compétition entre les individus, entre les groupes ; un projet
qui favorise le repli identitaire et exacerbe les communautarismes au
lieu de construire de la solidarité et de l’égalité. Un projet qui
rejette, exclut et stigmatise les plus fragiles, les plus faibles. Un
candidat qui, face aux inquiétudes de toutes sortes qui traversent la
société française, se pose en homme providentiel qui porterait dans ses
gènes son destin de président de la République ! S’opposer à Nicolas
Sarkozy le 6 mai ne règle évidemment pas la question qui nous est posée
de construire de réelles alternatives aux politiques libérales : mais
c’est, à mon sens, une condition pour pouvoir demain encore développer
des mobilisations sociales.
par Annick Coupé, syndicaliste.
26- Je me souviens de « Zéro de conduite » de Jean Vigo
Sarkozy n’en est plus au projet, au programme, mais à la mise en œuvre.
Le flash-back est déjà là. Deux points de montage :
1/ Le mariage du passéisme et du capital, de l’école du Petit Chose (A.
Daudet, 1868) et du Medef : comment ne pas y voir un retour en arrière
idéologique qui ne sert qu’à masquer – c’est-à-dire à accélérer – la
destructrice marche du marché ? C’est une imposture de déguiser le
capital mondialisé en vertueux patriote, défenseur de la veuve et de
l’orphelin. Je me souviens de Zéro de conduite de Jean Vigo, qui date
de…1933 (longtemps avant Mai-68). Faut-il « plus de respect » ? Je suis
du temps de l’irrespect.
2/ Pied-noir, fils, petit-fils et arrière-petit-fils d’Italiens immigrés
en Algérie, je peux dire que je suis consterné par la volonté
sarkozienne de remplacer l’Histoire par le mythe. Propager la fable pour
blancs bébés d’une colonisation généreuse et nourricière, lavée du sang
qu’elle a fait couler, c’est nier les massacres, parmi tant d’autres, de
Nouvelle-Calédonie (1917), de Sétif (1945) ou de Madagascar (1947),
c’est refouler les guerres coloniales, celle d’Indochine, celle
d’Algérie. Mais pourquoi, diable, les colonisés se sont-ils soulevés
contre une France qui les traitait avec tant d’aménité ? Je me souviens
de Moi, un Noir, de Jean Rouch (1959). Je suis du temps de
l’insurrection contre les Empires coloniaux des Visages Pâles, ceux
d’avant le multimédia, et depuis.
par Jean-Louis Comolli, cinéaste.
27- « La première raison relève de l’esthétique morale, et toutes les
autres en découlent. »
par Frédéric H. Fajardie, écrivain.
28- Pour plus de dialogue social
Il y a tout lieu de craindre, si Nicolas Sarkozy arrive au pouvoir, une
rupture dans le mauvais sens du terme. D’abord, la France, sur un plan
économique et social, n’a pas besoin de rupture. Elle a besoin de ce que
Ségolène Royal propose, à savoir une évolution vers le modèle
scandinave, vers plus de dialogue social. Nicolas Sarkozy est dans une
logique de démembrement des acquis sociaux et des services publics. Sa
proposition consistant à travailler plus pour gagner plus est dangereuse
car les Français travaillent déjà beaucoup et sont déjà productifs.
Par ailleurs, l’écologie et le développement durable ne sont pas ses
priorités. Ces questions exigent de grandes interventions publiques et
que l’on s’oppose fermement aux lobbies, ce qui n’est pas dans son
optique non plus.
par Guillaume Duval, rédacteur en chef de « Alternatives Économiques ».
29- Le mépris de la concertation sociale
On a beaucoup glosé, à raison, sur les dangers du programme de Nicolas
Sarkozy, mélange inédit de néo-libéralisme bushien et d’idéologie
maurassienne ; on s’est légitimement ému de la pyromanie d’un
responsable politique dont la seule efficacité réelle a été de dresser
des catégories de la population contre d’autres. S’est-on assez inquiété
des lieutenants de Sarkozy, à commencer par François Fillon, donné comme
possible Premier ministre en cas de victoire du président de l’UMP ?
Qu’on se souvienne de la façon dont, ministre des Affaires sociales, il
a imposé la réforme du système des retraites dans le mépris de la
concertation sociale ; qu’on se rappelle la brutalité qu’il a opposée
aux lycéens mobilisés contre sa Loi sur l’école. Dans les deux cas, une
méthode de gouvernement qui laisse augurer de la manière politique des
années à venir, dans l’hypothèse où Sarkozy l’emporterait. Quand on
estime que l’enjeu même de la politique est d’accroître le pouvoir de
chacun sur sa propre vie, quand on croit que cette politique s’invente
aussi dans les mobilisations, dans les associations et dans les
Organisations non gouvernementales, rien n’est plus urgent, à l’heure
qu’il est, que de faire barrage à Nicolas Sarkozy et à ceux qui
gouverneront avec lui. Voter Ségolène Royal, c’est, dans cette
perspective, se ménager la possibilité même de continuer à travailler
politiquement, fût-ce d’une manière conflictuelle, et autrement que sur
le seul mode de la résistance.
par Philippe Mangeot, ancien président d’Act-Up.
30- Je veux rester une intellectuelle libre
Je ne voterai pas Sarkozy parce que j’aime une France libre et
responsable, la démocratie, non la force, la diversité et non une
identité nationale figée. Ségolène a ses défauts. Oui, Sarkozy a
quelques bonnes idées. Je ne sais pas à coup sûr lequel serait le
meilleur président, mais je sais lequel ne répond pas à mes attentes.
Nos jeunes demandent des emplois, et nos anciens aide et considération.
Cela n’est possible que dans une société du partage et de la générosité,
pas dans celle imaginée par Sarkozy, et entièrement tournée vers le
profit. Certes, le travail est notre dignité, mais faut-il encore s’en
donner les moyens en réformant l’école et l’université pour préparer nos
jeunes à une société dynamique. Sans oublier que la culture, aussi, est
le socle de la civilisation. Sarkozy aime-t-il le savoir ? Et Ségolène ?
J’ai le cœur à gauche et j’ose croire qu’elle ne le méprise pas, non
plus que les intellectuels. La France a besoin d’une économie forte, de
cadres performants, d’ouvriers qualifiés, mais aussi d’intellectuels
dignes de ce nom, comme ceux qui ont fait hier sa gloire aux yeux du
monde. Pas seulement d’intellectuels médiatiques, traîtres à l’idéal
dreyfusard, s’alliant avec la droite et pactisant avec le nationalisme,
comme leurs prédécesseurs des années 1920, dénoncés par Julien Benda
dans La Trahison des clercs. Je ne voterai pas Sarkozy parce que je suis
une intellectuelle libre et que je veux le rester.
par Esther Benbassa, directrice d’études à l’École pratique des Hautes
Études.
31- Il ne s’adresse qu’aux individus
Si on se réfère à son action politique, preuve est faite qu’il n’a pas
le sens des fondamentaux, du non-négociable, des principes qu’il faut
nécessairement préserver pour qu’une société continue – pacifiquement,
collectivement – de prospérer socialement. Bien sûr qu’il faut réformer
; aucune démocratie adulte n’y coupe. Mais pour bien réformer, il faut
impérativement s’inscrire dans un cadre de valeurs démocratiques et de
justice sociale. Et Nicolas Sarkozy est prêt à faire voler ce cadre en
éclats. Je crois tout simplement qu’il n’a aucun sens de la citoyenneté,
ni de la République. Il s’adresse aux seuls individus, en titillant leur
petite différence, quitte à diviser la société. Lui qui cite à tout-va
l’identité française, il a tout simplement manqué ce fait essentiel que
l’on ne dissocie pas, en France, démocratie et République. En fait, il
est sans ambition réelle pour notre pays. Sans vision. Le concernant, il
est en proie à tous les fantasmes. Mais pour le rêve collectif, vous
repasserez…
par Cynthia Fleury, philosophe.
32- « Il serait le plus fort ! Eh bien alors, j’opte pour la raison du
plus faible. Il y a la Raison, pour ne pas voter Sarkozy. »
par Remo Gary, chanteur.
33- Trouver une bonne raison… choix crucial : Mythomanie ou schizophrénie ?
Paranoïa ou syndrome de persécution ?
Mégalomanie ou folie des grandeurs ?
Revanche à prendre ou soif de pouvoir ?
Sadisme, masochisme ou les 2 ?
Complexe d’infériorité ou de supériorité ?
Peur, haine, manipulation ou les 3 ?
par Imhotep, membre du groupe IAM.
34- Pour une présidence sereine
Les années Sarkozy au ministère de l’Intérieur, ce fut :
• La fin d’une justice neutre et indépendante par la nomination de
proches comme directrice de la police judiciaire, procureur général de
Paris et procureur des Hauts-de-Seine.
• Le mauvais exemple donné aux jeunes à qui il demande de respecter les
lois et la justice alors qu’en tant que ministre de l’Intérieur, il a
été condamné pour violation d’une décision de justice dans l’affaire du
Tecknival.
• Les mensonges sur les décisions de justice quand, par exemple, il a
prétendu qu’une décision avait été rendue par « un juge qui doit payer »
alors qu’il s’agissait d’une décision collégiale, rendue avec l’avis
favorable du parquet, du directeur de la maison d’arrêt, du service
éducatif, du psychologue, dans le seul but de manipuler la peine d’une
famille à son profit.
• Le désir de tout diriger, au mépris de la séparation des pouvoirs et
des compétences des ministres de la Justice.
• La stratégie visant à opposer la justice et la police qui devraient
pourtant travailler ensemble.
• Les annonces frénétiques de réformes pénales inutiles, non pensées,
non financées et au final inefficaces (une augmentation sans précédent
du nombre des violences aux personnes).
Qui pourrait contrecarrer son désir de pouvoir s’il devenait, comme
président de la République, le président du Conseil supérieur de la
magistrature ? Sous la Ve République, le Président doit être serein,
respectueux des contre-pouvoirs, apaisé, fédérateur. Il est l’inverse.
par Dominique Barella, ancien président de l’Union syndicale des magistrats.
35- Démocratie oblige
Les démocraties occidentales obligent à la démagogie. Il faut, pour
conquérir une majorité de voix, répondre à des intérêts divers et même
parfois opposés. Nous appelons à voter Ségolène Royal non pas pour ce
qu’elle nous promet, mais pour l’histoire qu’elle incarne. De cette
histoire-là, de l’histoire de la gauche, de l’histoire des pauvres gens
et de leurs défenseurs, je me sens proche.
Et parce que je ne crois pas beaucoup aux conversions de Nicolas Sarkozy
et de François Bayrou qui incarnent, eux, l’histoire de la bourgeoisie
française et de ses privilèges, je ne crois pas non plus aux concessions
à la droite de la candidate qui, quoi qu’elle en dise, reste jusqu’à
nouvel ordre la candidate du Parti socialiste.
Démocratie oblige, comme je le disais plus haut.
par Ariane Ascaride, comédienne et Robert Guediguian, réalisateur.
36- Pour un état pluraliste
J’aime la diversité, les rencontres, les découvertes, les couleurs de
notre pays, le mélange des sons, des langues, des musiques et des
cuisines. Tout simplement, j’aime la vie !
Pour toutes ces raisons, je ne voterai pas Nicolas Sarkozy qui va mener
une politique répressive et discriminatoire de contrôle de la
population. Avec lui, l’ensemble des droits économiques, sociaux et
culturels sont menacés. Il veut un État ambulance basé sur la charité
privée et la compassion, il ne sait pas ce que sont les valeurs de la
solidarité. Il n’hésitera pas à faire tout cela, il l’a dit ! Peu lui
importe que ce soit en rupture avec notre cadre démocratique ou que cela
entraîne une rupture institutionnelle de l’ordre et de nos valeurs.
Ainsi ne veut-il pas imposer une construction européenne favorisant la
loi du marché, contraire aux valeurs de l’Humanité.
Il va s’aligner sur la politique nord-américaine et demander que la
France mène une politique d’agression contre les peuples, peu lui
importe que l’ordre onusien soit démantelé, peu lui importe de remettre
en cause le cadre multilatéral de l’ONU qui est l’une des avancées
majeures de l’Humanité tout entière.
Il préfère, ici et ailleurs, une société darwinienne où règne le plus
fort qui écrase les plus faibles et la soumission des citoyens et des
peuples à un ordre injuste et dangereux.
Je ne me reconnais pas dans l’État que demande N. Sarkozy. Je ne me
reconnais pas dans un État autoritaire. Je me reconnais dans les valeurs
fondatrices de la République dont la source remonte à 1789.
Je me reconnais dans un État pluraliste et démocratique.
Nous sommes nombreux à désirer continuer à vivre ici, tous ensemble !
par Mireille Fanon-Mendès France, militante associative.
37- Le renvoyer à Neuilly
N’en doutons pas, Nicolas Sarkozy a un projet. Et il compte bien
l’appliquer. Au menu, pour le pire et le pire : l’alliage toxique entre
ultralibéralisme et autoritarisme. Si le leader de l’UMP gagne, ce sera
moins de protections sociales, moins de droits attachés à la personne,
moins de services publics, moins de libertés mais plus de précarité et
de flexibilité, plus de concurrence, toujours davantage de casse du
droit du travail et de chasse aux sans-papiers. Du non-remplacement d’un
fonctionnaire sur deux partant à la retraite à la baisse des impôts pour
les plus riches, en passant par la remise en cause du droit de grève,
les reculs sociaux ne manqueront. L’État qui se dégagera un peu plus
encore de la sphère économique affirmera son autorité par un retour à
l’ordre et la mise sous surveillance de nos libertés. Nicolas Sarkozy
est un homme qui attise les peurs et oppose les individus entre eux.
Quand nous avons besoin d’humanité et de solidarité. Du « Kärsher » à la
« racaille », les insultes envers certaines populations sont
insupportables et incompatibles avec la fonction d’un homme d’État qui a
vocation à rassembler. Le champion de l’UMP brille également par sa
confusion des pouvoirs : interventionnisme dans les affaires de justice,
connivence avec les milieux d’affaires et remise en cause de
l’indépendance des journalistes. J’ai peur pour mon pays, je suis
inquiète pour les classes populaires, je suis préoccupée de l’avenir de
notre démocratie. Le 6 mai, sans hésiter – sans grande illusion non
plus… –, je voterai pour Ségolène Royal.
par Clémentine Autain, directrice du mensuel « Regards ».
38- Pour sauver notre système social
Le premier tour a été dominé par une question centrale : pour ou contre
Nicolas Sarkozy. Exacerbé par le présidentialisme et la médiatisation,
cet enjeu a dominé tous les autres. A gauche, le dramatique danger de
voir l’emporter une coalition de la droite et de l’extrême droite a
produit un véritable effet de souffle du vote dit « utile » qui a joué
massivement en faveur de Ségolène Royal, et même pour une part de
François Bayrou. Il a particulièrement joué sur les électrices et
électeurs les plus déterminés à faire gagner la gauche, notamment un
grand nombre d’électrices et d’électeurs communistes. Ces résultats ne
sauraient traduire l’audience réelle du Parti communiste dans notre
pays. Nicolas Sarkozy est un homme dangereux qui a délibérément choisi
de reprendre les thèses insupportables du Front national afin de devenir
le candidat de la droite et de l’extrême droite. Il doit absolument être
battu. Lucide sur les insuffisances et les ambiguïtés du programme de la
candidate socialiste, j’appelle à voter et faire voter Ségolène Royal le
6 mai. La situation est difficile. Avec moins de 40 % des suffrages
exprimés, la gauche réalise un de ses plus bas scores sous la Ve
République. Jusqu’au 6 mai, il faut tout faire pour battre Sarkozy.
C’est vital pour notre peuple qui, sans cela, subirait durant cinq ans
la politique ultralibérale d’une droite décidée à en finir une fois pour
toutes avec notre système social.
par Gérard Streiff, journaliste.
39- « J’ai toujours voté socialiste et je continuerai à voter socialiste
quelle que soit la personne en face. »
par Théo Klein, avocat.
40- Nous vivons une époque fabuleuse
Nous vivons une époque fabuleuse où :
• des policiers en pleine forme physique traînent devant les tribunaux
des gens cabossés qu’ils accusent d’agression envers eux,
• des enfants sont attendus par la police à la sortie des écoles,
• le pilier d’un gouvernement en faillite se prétend le candidat de « la
rupture » avec ledit gouvernement,
• un homme qui passe son temps à brandir des menaces dit vouloir nous
guérir de la peur,
• des gens qui demandent l’asile politique sont renvoyés dans leur pays,
où ils trouvent la mort,
• un homme qui prêche l’exclusion parle de venir au secours des «
handicapés de la vie » etc., etc.
Bref, une époque où un pyromane se fait passer pour un pompier. Cet
homme-là est bien l’héritier d’un système dans lequel un Président
voleur se posait en victime. De façon tout aussi « abracadabrantesque »,
cet homme qui stigmatise les autres se prétend victime d’une diabolisation.
C’est parce qu’il dit tout et son contraire, qu’il sème la confusion et
la division sous la bannière « ensemble » que je ne voterai pas Nicolas
Sarkozy.
par François Guérif, directeur des Éditions Rivages.
41- Comment va la vie en France?
Le 4 avril, j’ai pris l’avion pour Budapest afin d’y célébrer, en
famille, les 93 ans de mon père.
Mon père est très étonné d’être encore de ce monde, il s’attendait
depuis toujours à mourir jeune comme ses deux parents : à l’âge de 10
ans, il avait perdu son père, à 12 sa mère. Troisième enfant d’une
fratrie de cinq, quatre garçons et une fille, il a vu son jeune frère et
sa petite sœur intégrer l’orphelinat tandis que lui, déjà assez grand
pour travailler, a dû arrêter l’école et gagner sa vie en tant
qu’apprenti. Autodidacte, il est devenu un homme cultivé.
Lorsque, petite fille, je lui avais demandé de quoi sont morts mes
grands-parents, il m’a dit : « De misère, de pauvreté. ». La veille de
mon départ, donc, le 3 avril au soir, je regarde les informations sur
France 2 et j’apprends que ce jour-là, à l’heure du repas de midi, une
directrice d’école primaire a fait aligner, le long de la barrière de la
cour de récré, la vingtaine de petits garçons et petites filles dont les
parents n’avaient pas réglé le prix de la cantine. Elle leur a fait
distribuer de l’eau et du pain sec. Je regarde, j’écoute et je commence
à faire ma valise.
Mes larmes ne se sont mises à couler que le lendemain lorsque, en
réponse à la question de mon père « alors, comment va la vie en France ?
», je lui ai raconté cette histoire. Je lui ai également raconté celle
d’une autre directrice d’école, celle qui avait le courage de chasser
les flics de Sarko venus arrêter un grand-père dont les papiers
n’étaient pas en règle, devant la porte de l’établissement où il était
venu chercher sa petite-fille.
Sàrközy, en hongrois, veut dire « de l’île boueuse ». Il porte, hélas,
bien son nom. Avec la peur au ventre et l’espoir au fond du cœur.
par Livia Javor, psychothérapeute.
42- Le degré zéro des sciences humaines
Ensemble, tout devient possible, chacun connaît. Sur une affiche
détournée, le slogan sarkozyste devient : « Ensemble, sans les pauvres,
les étrangers, les RMIstes, la gauche, l’extrême gauche, les
communistes, le CDI, les homosexuels, les intermittents, les
séropositifs, les handicapés, un ministère de l’Éducation, de la
Culture, les journalistes indépendants, les Noirs, les Arabes, les Noah,
les Thuram et le mec qui a piqué ma femme, tout devient possible. » Bien
vu. Loin des propos tout miel du soir du premier tour, le vrai Sarkozy
est là. Nettoyer le terrain est son art de gouverner.
Ministre de la Police, il fait voter en mars une loi belliqueuse de
prévention de la délinquance juvénile, et veut dicter sa politique
pénale au tribunal pour enfants de Bobigny. Il fait expulser des
sans-papiers en nombre, même mineurs, et invente le fichier Éloi de
surveillance des citoyens en contact avec des étrangers (annulé par le
Conseil d’État). Il veut traquer les germes d’asocialité dès la crèche
et tient des propos néo-conservateurs sur les dispositions innées à la
pédophilie ou au suicide ! Sarkozy, le degré zéro des sciences humaines
et sociales. Sous le drapeau de l’ordre public et de la protection des
faibles, l’incontrôlable est capable de tout, et surtout du pire. Quand
un exécutif tout-puissant ne respecte même plus l’indépendance et
l’impartialité judiciaire, il y a grand danger pour nos libertés
publiques. C’est de loin le plus grave. On ne pourra pas dire qu’on ne
le savait pas.
par Michel Chauvière, directeur de recherche au CNRS.
43- Tout nous oppose
Nous ne voterons pas Sarkozy pour deux raisons, au moins. D’un point de
vue général, il incarne une société qui joue la carte de la division à
outrance, il nous prépare à une guerre du tous contre tous, comme sorti
des entrailles d’un Léviathan revigoré. À titre personnel, nous avons
une relation très suivie avec M. Sarkozy depuis cinq ans. En 2002, il a
déposé une plainte contre nous, comme ministre de l’Intérieur. Il n’a
pas attaqué notre musique mais un texte écrit dans un petit journal que
l’on avait publié pour accompagner la sortie d’un album, dans lequel on
rappelait que certaines personnes décédaient suite à des violences
policières. Or, sa plainte a été déboutée en première instance, puis en
appel. Mais il continue et nous poursuit en cassation. Ce procès nous a
coûté 14 000 euros en frais d’avocat. Tout nous oppose. Selon lui, il
n’y aurait qu’une forme d’insécurité, celle qui vient des pauvres, des
couches populaires. On ne parle pas de leur insécurité matérielle, ni de
la criminalité qui vient d’en haut. Depuis vingt ans que l’on vit dans
des quartiers populaires, à Paris et en banlieue, nous n’avons pas été
tendres non plus avec les socialistes. Mais à tout prendre, mieux vaut
l’hypocrisie socialiste que la brutalité arrogante de Sarkozy.
par La Rumeur.
44- Notre pays a besoin de mesure
Je suis et je serai toujours profondément de gauche. L’idée même de
voter pour Nicolas Sarkozy est donc pour moi inconcevable. Nicolas
Sarkozy constitue une menace. Il est animé par trop de hargne pour
diriger notre pays avec mesure et générosité. Il est par trop sectaire
pour agir dans le respect et l’intérêt du plus grand nombre.
par Pascal Dessaint, écrivain.
45- Pour protéger l’école de la République
Parmi les nombreuses raisons que j’ai de ne pas voter pour Sarkozy, et
de voter contre, je n’en citerai qu’une qui suffit à elle seule.
Quelqu’un qui ose retirer des enfants de l’école de la République pour
les envoyer vers un destin pour le moins incertain ne peut pas être
président de cette République.
par Françoise Balibar, physicienne.
46- Le relais de la pensée Bush
Nicolas Sarkozy pratique au niveau hexagonal la politique que mène Bush
au niveau mondial. Il est le digne héritier du Président américain.
Sarkozy est dangereux car il attise les tensions et provoque les
clivages en relayant la pensée de Bush en France. Il a derrière lui la
puissance économique, financière, doctrinaire et médiatique de Bush. Il
suscite les clivages civilisationnels, culturels et économiques entre
les hommes. Il a la même vision manichéenne du monde. Sarkozy est un
pyromane exacerbé. C’est un pur idéologue, conscient de ce qu’il fait et
dit. Ses dérapages sont voulus et montrent son vrai visage. Il fait
semblant d’éteindre le feu avec un bidon de pétrole ! Le plus grand
danger chez Sarkozy réside dans sa politique étrangère, miroir de sa
politique intérieure. Si Bush part en guerre contre l’Iran, il est à
parier que Sarkozy le suivra !
par Jean-Claude Amara, cofondateur de Droit au Logement et de Droits
Devant !
47- Un cancre devenu chef de gang
C’est un cancre qui a dû sécher les cours de biologie, devenu chef de
gang, et qui propose encore, aujourd’hui, de débattre de l’importance de
la prédétermination génétique chez ceux qu’il voit comme des déviants
sociaux et marginaux de la norme admise. Type du sale personnage, modèle
roquet hargneux aux dents longues, issu d’un canevas de roman de SF des
années 70, dangereux pour la démocratie dont il se fait le héros et le
héraut, il ne craint pas de courtiser en s’adressant à tous les peureux
qu’il protégera, mauvais comédien mais larme à l’œil pour cette facette
d’une quasi-réincarnation squattée de l’abbé Pierre…
par Pierre Pelot, écrivain.
48- La France mérite mieux
Le « rassembleur » excelle dans l’amputation de la France des pages de
son histoire. Cela ne conforte pas son idéal de société, qui est
élitiste (l’immigration choisie en est l’instrument), xénophobe (même
s’il s’en défend et parvient à tromper une partie de l’électorat noir et
arabe) et marchande. Le candidat de l’UMP aura réussi, en quelques
années, à banaliser le racisme anti-noir en accablant les Africain(e)s
au lieu de se dire que chaque jeune Malien, Sénégalais, Camerounais… qui
émigre dans la clandestinité aura d’abord assisté, impuissant, au
pillage de son pays dans le cadre de l’ordre économique mondial dont il
est l’un des fervents défenseurs. La France peut assurément mieux pour
elle-même, l’Afrique et le monde.
par Aminata D. Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali.
49- « SARKOZY = RÉPUBLIQUE - 1905 = 0 »
par Cyril Aouizerate, président du club Spinoza.
50- Le bon plaisir du prince
Beaucoup de candidats, de Bayrou à Buffet en passant par Royal, ont
explicitement appelé à changer de République. Ils font tous le même
constat : cinquante ans de présidentialisme ont atrophié la démocratie
représentative. La France est devenue le régime le plus anachronique et
archaïque de toute l’Union européenne. Sa Constitution est à elle seule
un obstacle à l’engagement de la France dans la construction d’une
Europe démocratique. Les décisions, depuis les questions de Défense
jusqu’aux nominations aux emplois stratégiques, y relèvent d’un « bon
plaisir du prince » de type monarchique. La séparation des pouvoirs est
bafouée tous les jours, y compris et surtout pour ce qui est du «
quatrième pouvoir », celui des médias. Cette situation est un facteur de
crise grave entre les gouvernants et les gouvernés. Or, Nicolas Sarkozy
propose de l’amplifier. Il a déjà envahi le ministère de la Justice
quand il était ministre de la Police ; il a annoncé l’effacement du
Premier ministre de l’organigramme institutionnel sans pour autant
proposer un véritable régime présidentiel avec ses nombreux
contre-pouvoirs. En fait, il veut s’imposer comme le seul chef de la
majorité parlementaire, exploitant en cela tous les effets pervers du
quinquennat présidentiel. Sa fascination pour le pouvoir et la violence
qu’il met dans cette passion toute personnelle élargiront la fracture
démocratique déjà si forte. Sarkozy est le candidat d’une oligarchie
surpuissante et c’est la raison pour laquelle je ne voterai pas pour lui.
par Paul Alliès, professeur de science politique.
51- Pour un vrai changement de cap
« Toute protection contre un mal nous met sous la dépendance de ce mal
», écrivait vers 1840 le philosophe américain Emerson. C’est la question
que je me pose s’agissant de Sarkozy. Il nous protège du Front national
en nous plaçant sous la dépendance de ses grands thèmes, de
l’insécurité, du repli nationaliste. Il y a cependant chez lui une
capacité à déplacer la question, et c’est un libéral, comme on le voit
sur les questions religieuses autant que sur les questions économiques.
Mais si on ne veut pas de la nouvelle alliance qui se dessine, dans tant
de régimes de la planète, entre un libéralisme économique et un
autoritarisme politique, il faudrait aller beaucoup plus résolument vers
un véritable libéralisme politique. Et là, je pense que Sarkozy ne veut
pas aller jusqu’au bout de la grande « réforme » qu’il préconise. C’est
pourquoi il risque de nous planter dans une situation durcie et
manichéenne. On peut cependant faire un rêve : c’est que Sarkozy, comme
De Gaulle face à l’événement, trahisse sa majorité et prenne le virage
radical que nous attendons des politiques. Celui d’une prise en compte
enfin sérieuse des menaces climatiques, de l’épuisement des ressources,
de nos impasses énergétiques, et des guerres que tout cela prépare,
notamment dans l’opposition entre un Nord barbare d’excessive puissance
et un Sud barbare d’excessive faiblesse. C’est à nous de faire sentir
l’imminence de l’événement qui décidera, quel que soit le Président, le
changement de cap à accomplir.
par Olivier Abel, théologien protestant.
52- On ne naît pas pédophile
Tous les candidats disent des bêtises. Mais tous les candidats ne disent
pas des choses qui, tout simplement, interdisent de voter pour eux.
Nicolas Sarkozy est crédité aujourd’hui du maximum d’intentions de
votes. Il est réellement susceptible d’accéder à la présidence de la
République française. Or, il a dit quelque chose (au moins une chose)
qui nous interdit de voter pour lui. Nous, généticiens, psychiatres,
anthropologues, juristes, philosophes, sommes indignés à l’idée que le
président de la République Française puisse penser et dire qu’il pense
qu’« on naît pédophile ». Chacune des sciences, chacun des savoirs que
nous représentons et pratiquons s’inscrivent en faux contre cette
affirmation. Gregor Mendel, Sigmund Freud, Marcel Mauss, René Cassin,
Emmanuel Kant, Paul Ricœur et Jacques Derrida pensaient de même.
par Barbara Cassin, philosophe.
53- Cet homme est dangereux
Le titre du numéro 2 de la défunte Série Noire s’applique très bien au
numéro 1 de l’UMP : quel autre qualificatif pour un ministre en exercice
qui déclare sans gêne aucune vouloir utiliser les pouvoirs de sa charge
pour vider ses querelles personnelles et qui intervient en personne pour
faire interdire de parution un livre qui lui déplaît (la première chose
que brûlent les ennemis de la liberté, ce sont les livres, il n’est pas
inutile de le rappeler), ou pour faire renvoyer un rédacteur en chef à
ses yeux pas assez dans le rang, un candidat qui trépigne de rage au
maquillage d’un studio de télévision dont la direction ne rampe pas
assez à son goût devant ses bottines et qui professe le principe de
fatalité génétique pour expliquer la pédophilie ou le suicide – vous
confieriez, entre autres, les quelques 60 mégatonnes de la dissuasion
nucléaire à un illuminé capricieux incapable de maîtriser ses nerfs, vous ?
Moi pas.
Cela dit, Nicolas Sarkozy serait dépourvu de toute dangerosité que je
persisterai à voter comme je l’ai toujours fait, en me souvenant, chaque
fois que je suis dans un isoloir, que j’ai été sinon content, du moins
pas si malheureux que ça de vivre en France quand elle était «
socialiste » (avec des guillemets, quand même) plutôt que sous le joug
du libéralisme effréné du Royaume-Uni thatchérien ou des États-Unis
façon Reagan et Bush père & fils. Alors, aujourd’hui comme hier... Mieux
vaut se ramasser une mauvaise gauche qu’une bonne droite, ça fait
toujours moins mal.
par Jean-Hugues Oppel, écrivain.
54- En souvenir de Sartre
« Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles je ne vais pas voter pour
Nicolas Sarkozy. La raison principale est son choix du libéralisme. Il
en revient à l’abandon d’une société humaine à des forces qui la
dépassent. Face à cette politique, je lui répondrai par une citation de
Jean-Paul Sartre : “L’homme est condamné à inventer l’homme”. L’option
du libéralisme, c’est d’abandonner tout moyen de peser sur le destin de
la société, alors qu’il faut choisir son propre chemin.
par Albert Jacquard, généticien.
55- Il a une attitude dévastatrice
Je ne voterai pas Sarkozy parce qu’il a amplement fait montre de son
aptitude dévastatrice à opposer et à dresser, les unes contre les
autres, différentes parties de la population (les policiers contre les
jeunes, les travailleurs contre les assistés, les nantis contre la «
racaille », les « réguliers » contre les « déviants », etc.). La
première qualité requise pour être un chef d’État démocratique n’est pas
la répression brutale et l’exclusion spectaculaire, mais la capacité à
rassembler et à fédérer les composantes, forcément multiples et
diverses, de la Nation.
par Hourya Benis Sinaceur, directrice de recherche au CNRS.
56- Les ravages de la Berlusconisation
L’ère consumériste dite des Trente Glorieuses a rongé la société comme
un cancer. La déculturation et la dépolitisation ont avancé à grand pas
derrière le masque de l’abondance. Certains analysaient et dénonçaient
le phénomène de façon plus ou moins maladroite comme Pasolini, Illich ou
Guy Debord. La destruction des villes en temps de paix, avec la «
périphérisation » des nouvelles couches moyennes ou immigrées (en
habitat pavillonnaire, en grands ensembles ou en HLM), la montée en
puissance de la grande distribution (super et hypermarché) allant de
pair avec l’automobile et la télévision, sapaient subrepticement la
citoyenneté, fabriquant un deuxième peuple quasi invisible et sans
parole, mais volontiers manipulé par un pouvoir médiatique et sans
scrupule lié aux firmes transnationales. La mondialisation, favorisant
un grand déménagement et le démantèlement des filets de protection
sociale, a achevé la destruction de la culture populaire. Ces évolutions
ont ouvert la voie à une classe politique populiste, corrompue, voire
criminelle. En Italie, le phénomène Berlusconi en est une illustration
caricaturale. Mais la berslusconisation, avec ou sans le cavaliere,
poursuit ses ravages dans toute l’Europe et au-delà. Le phénomène des «
majorités satisfaites », selon l’heureuse analyse de John Kenneth
Galbraith, faisant basculer les classes moyennes de la solidarité à
l’égoïsme individuel, et les États occidentaux dans la contre-révolution
néolibérale démantelant l’État-providence, a tout à la fois permis la
transition et masqué le phénomène. Il faut tout faire pour épargner à
notre pays ce totalitarisme rampant médiatique, policier et affairiste
dont Sarkozy est le porteur arrogant.
par Serge Latouche, professeur émérite.
57- Six raisons de voter Nicolas Sarkozy
1) Si vous pensez qu’une femme ne peut être présidente de la République,
parce que « le sexe » manque de compétence, de sérieux et d’intelligence
politique – c’est une affaire génétique –, Nicolas Sarkozy est votre homme.
2) Si vous estimez qu’avec l’expulsion massive des travailleurs
immigrés, des sans-papiers, des demandeurs d’asile, ainsi que de leurs
femmes, enfants et petits-enfants, on peut résoudre le problème du
chômage, assurer nos retraites et combler le trou de la Sécurité
sociale, vous n’avez qu’un seul choix : Nicolas Sarkozy.
3) Si vous croyez que grâce à un ministère de l’Identité nationale, , on
va purifier notre identité française de toutes les scories et mélanges
introduits au cours des siècles par les foules d’étrangers et immigrés
qui se sont établis dans l’Hexagone – Phéniciens, Normands, Romains,
Juifs, Italiens, Portugais, Espagnols, Maghrébins, Africains –, alors il
faut sans hésiter choisir Nicolas Sarkozy. 4) Si vous pensez que les
graves problèmes sociaux des banlieues pauvres n’ont rien à voir avec
l’exclusion sociale, le chômage, les discriminations racistes et peuvent
se résoudre en envoyant beaucoup plus de policiers et CRS, pour nettoyer
la « racaille » « au Kärcher », votez pour l’ex-ministre de l’Intérieur,
qui a si bien réussi jusqu’ici. 5) Si vous pensez que la politique
économique néolibérale – privatisations des services publics, réductions
des dépenses sociales – a fait ses preuves dans le monde entier, à
condition qu’on l’applique de façon bien plus vigoureuse que jusqu’à
présent, Nicolas Sarkozy est de loin le meilleur candidat. 6) Enfin, si
vous pensez que George Bush est un ami de la paix et de l’Humanité, et
que la France devrait se rallier dans l’enthousiasme aux Croisades du
Grand Empire, vous avez bien fait de choisir Nicolas Sarkozy.
par Michael Löwy, sociologue des religions.
58- Pour une poignée de mains
Sarkozy exprima ses regrets que l’« arrogance » de la France à l’ONU
l’ait empêchée d’entrer dans le Club des vaincus (Bush, Aznar, Tony
Blair, Berlusconi) qui déclencha et perdit la guerre d’Irak. Le résultat
électoral désastreux de ces quatre-là l’a amené à plus de prudence
verbale. Peut-on croire ce nouveau janséniste qui prêche la
prédestination avec impossibilité de rachat. On vient au monde pédophile
sans qu’aucune transformation puisse modifier le destin, sans tenir
compte que Jansénius lui-même, une demi-heure avant de mourir, reconnut
: « Je sens que des changements seraient difficiles. Cependant, si le
Saint-Siège exige quelques changements, je suis un fils obéissant et
soumis à l’Église. » Remplacez Église par néolibéralisme et Saint-Siège
par Maison-Blanche et vous comprendrez que Sarkozy, comme Jansénius
lui-même, peut maintenant pondérer : « Rien n’est exclu a priori ; ce
qui compte, c’est l’efficacité. S’agissant de sanctions en dehors du
Conseil de sécurité, ce n’est pas un problème de principe. Mais il est,
bien sûr, préférable d’avoir une résolution de l’ONU. » Donc, avec
Sarkozy, terminé le panache, la France accepterait des sanctions contre
l’Iran sur la base d’une « coalition de pays volontaires »,
indépendamment du Conseil de sécurité. Ce serait encore une fois la
guerre et la fin du multilatéralisme prôné par Jacques Chirac, qui a
donné à la France, au Moyen Orient et dans le monde, un prestige important.
par Ramon Chao, journaliste.
59- Pourquoi je ne voterai pas Sarko ?
Parce que c’est un homme du XIX°siècle. En particulier il n’a pas
compris comment fonctionne une économie moderne. Une économie moderne
est fondée sur les synergies, les réseaux, la dynamique public-privé. Sa
mesure de suppression des fonctionnaires (comme si ça allait « dynamiser
» l’économie !) témoigne de cette conception libérale absurde : plus
d’Etat égale moins de marché. Ne pas toucher aux revenus rentiers est
absurde. Croire qu’en diminuant l’impôt sur les successions on dynamise
une société est proprement berlusconien. Et si j’avais une seule petite
mesure qui m’interdirait de voter pour lui, ce serait sa promesse de ne
pas toucher à la redevance audio, mais de faire entrer plus de pub à la
télé et à la radio publique. Quant à la recherche comme facteur
dynamique de la croissance, en particulier la recherche dans le
développement durable, il ne peut pas comprendre. Tant pis.
par Bernard Maris, économiste.
60- « ...la situation politique révoltante dans ce pays qui est le
nôtre, et dans toute l’Europe, avait été peut-être l’élément décisif qui
avait déclenché la catastrophe (ma maladie), parce que toute l’évolution
politique allait contre tout ce dont j’avais la conviction que cela
aurait été juste, et dont maintenant encore j’ai la conviction que ce
serait juste. La situation politique s’était à ce moment-là brusquement
détériorée d’une manière qu’on ne pouvait plus qualifier que de
révoltante et mortelle. Les efforts de dizaines d’années étaient annulés
en quelques semaines, l’État déjà instable depuis toujours, s’était
effondré en quelques semaines, la stupidité, la cupidité, l’hypocrisie
régnaient tout à coup comme aux pires époques du pire régime, et les
hommes au pouvoir oeuvraient à nouveau sans scrupules à l’extirpation de
l’esprit. Une hostilité générale à l’esprit, que j’avais observée depuis
des années déjà, avait atteint un nouveau paroxysme répugnant, le peuple
ou plutôt les masses populaires étaient poussées par les gouvernants à
assassiner l’esprit et excitées à livrer la chasse aux têtes et aux
esprits. Du jour au lendemain tout était à nouveau dictatorial, et,
depuis des semaines et des mois, j’avais déjà éprouvé dans ma chair à
quel point on exige la tête de celui qui pense. Le sens civique des
braves bourgeois, bien décidé à se débarrasser de tout ce qui ne lui
convient pas, c’est-à-dire avant tout ce qui est tête et esprit, avait
pris le dessus, et, tout à coup était à nouveau exploité par le
gouvernement, et pas seulement par ce gouvernement, mais par tous les
gouvernements d’Europe. Les masses esclaves de leur ventre et des biens
matériels, s’étaient mises en mouvement contre l’esprit. Il faut se
méfier de celui qui pense et le persécuter...Pendant ces semaines-là,
les rêves d’un monde voué à l’esprit avaient été trahis...Les voix de
l’esprit s’étaient tues. Les têtes étaient rentrées dans les épaules. La
brutalité, la bassesse et la vulgarité régnaient désormais sans partage... »
par Marie-Jozé Mondzain, philosophe.
61- Il a rendu ringard tout contre-pouvoir
Cet homme représente tout ce qu’il y a de plus effrayant dans cette
société : un positivisme à l’américaine qui exclut toute réflexion,
toute lenteur, tout doit aller vite, comme son ascension, il a rendu
tout contre-pouvoir ringard et méprisable ; quelqu’un qui doute et
réfléchit - conditions de notre survie mentale dans un monde si complexe
- n’a plus sa place, c’est un attardé.
Sa vision fait perdurer et même amplifie le pouvoir de l’occident
colonialiste, eugéniste, de toute façon supérieur à toute autre
civilisation, où le recul, l’imaginaire, la foi en l’invisible et dans
les imprévus sont bannis : il faut savoir qui l’on est, pas de temps à
perdre, pas se faire bouffer, se protéger ("je vais vous protéger" :
22/04/07) unique logique possible éradiquer le mal,
ça veut dire que le mal n’est jamais en nous, mais ailleurs, à
l’extérieur de soi, aucune remise en cause de soi possible ; c’est peut
être cette fausse virilité-là qui séduit des Français qui n’ont déjà
plus de vraie vie sociale, mais une fausse vie nourrie par les images,
les phrases toutes faites, des rapports en réseaux, mode de vie
délicieusement bercé par la télévision (qu’il est d’ailleurs devenu
vieux jeu de critiquer) l’incapacité à vraiment parler (et non
"communiquer"), parler profondément, pour sonder les vraies blessures et
trouver des épanouissements cachés, cet homme ne parle que de solution
totale, pratique, rapide, efficace, et ne pourra qu’accélérer le virage
d’un mode de vie où l’on s’ignore les uns les autres, où on a pas le
temps de penser, et d’où la vraie vie sociale EST BANNIE.
par Fantazio, musicien.
62- Nicolas Sarkozy est dans la même optique atlantiste que Georges Bush
parce qu’il a été faire photographier leur poignée de main, en septembre
dernier. De plus il veut, avec Angela Merkel, faire passer un traité
constitutionnel européen « light », en conservant les parties 1 et 2
dans lesquelles un paragraphe dit « l’OTAN est l’instrument de notre
défense et l’instance de sa mise en oeuvre », donc il accepte l’alliance
avec les Etats-Unis.
par Susan George, membre d’Attac.
63- Pourquoi je ne saurais me résoudre à voter pour Nicolas Sarkozy
La Droite a longtemps prospéré sur une illusion. Voire une
prestidigitation. L’art de croire et de faire croire qu’elle excelle au
pouvoir, championne de l’économie efficace, du plein emploi et surtout,
surtout, de la sécurité. De mirage en vanité, elle a considérablement
détérioré la situation individuelle et collective des citoyens, à la
mesure quantitative que révèlent les statistiques, à une mesure bien
plus ample sur le champ de la confiance et sur ce bien commun
inestimable, le lien civique et social. Le candidat de l’UMP fut un
ministre puissant, tant à l’Intérieur qu’à l’Economie et aux Finances,
se mêlant de tout, d’Education et de Justice, cumulant les fonctions
exécutives, dérogeant aux injonctions présidentielles, méprisant les
usages et la jurisprudence, défiant la primature, s’imposant aux siens
par un putsch et créant le désordre. Il reste un homme politique
bruyant, livrant un corps à corps éperdu à une société qu’il veut
charnelle comme s’il ne parvenait pas à en saisir les contours, comme
s’il lui fallait en éprouver la consistance et la résistance en la
frappant du dos de la main. Il se plaint, en s’en délectant, d’être
diabolisé. N’est-ce pas l’inévitable revers d’un pouvoir personnalisé à
l’excès. Nul besoin, cependant, de l’accabler. Il suffit de déceler son
rapport privatif aux institutions, son communautarisme furtif, la
souplesse de ses convictions laïques, ses méfiances envers la
solidarité, ses menaces à la presse, son exaspération sur les luttes
sociales, son appétence pour l’empoignade, sa propension à céder aux
thèses qui prédestinent, condamnent et excluent, pour comprendre que si
ses fortes tentations et multiples tentatives pour réduire les libertés
ne mettent pas trop en péril la démocratie, ses croyances naturalistes
et son éthique de l’affrontement maltraitent la matrice républicaine qui
nous fait tenir ensemble. Il suffit de sonder ses ambitions minimales
pour l’Europe, ses dispositions sommaires pour la diplomatie et la
géopolitique. Il y a là déjà assez à craindre. Plus encore que ses
idées, son inconstance. Nul besoin d’en faire un diable. Cette foi en
soi qui le rend si désinvolte envers nous, c’est déjà plus qu’il n’en faut.
par Christiane Taubira, Députée de Guyane.
64- Nicolas cette année veut être délégué. C’est son rêve depuis tout
petit. On sait tous pourquoi il est comme ça. On en est même
responsable. On s’est tous foutu de sa gueule à l’appeler « le nain »
dès la maternelle. Mais y’a deux classes, il s’est fait pote avec deux
balèzes. Ils ont foutu la trouille à tout le monde jusqu’au secrétariat
et Conseillers d’Education.
Depuis, y’a des pions partout, la sonnerie dit « méfiez-vous de vos
voisins ». À la bibliothèque, y’a plus que des articles sur la peur et
le racket. On a presque envie de le faire ou d’y croire, à force de le
lire et de l’entendre.
Depuis, interdit aux filles de mettre des jupes et de jouer à plus de 3
aux billes. Y’a des caméras même dans les toilettes. Et comme au vélo il
est lent (à cause des oreilles) alors il a mis des radars pour limiter
sa vitesse, que si tu ne les respectes pas, les profs de sport te
prennent ton argent de poche et ce brigand de Nicolas et ses gorilles
touchent leur part.
Avant si t’avais des soucis à la maison et si ton bulletin était pas
signé on te laissait le temps.
Depuis, on te remet dans le bus pour la maison.
Là où il est bon, ce petit teigneux, c’est pour semer la zizanie. Il a
réussi à foutre la merde entre les blacks et les beurs et entre les
juifs et les asiat’ ! V’la l’ambiance à la récré !
Je lui avais dit de ne pas sécher les cours d’éducation civique, il m’a
pas écouté ! T’imagines s’il était président plus tard ! pire ! s’il
était Chef des Armées ?
par Nicolas Police, chanteur.
65 - Je vote contre Nicolas Sarkozy, plutôt deux fois qu’une, parce
qu’au delà du discours de prêcheur attrape-tout du candidat, je connais
la réalité de ce qu’il a déjà commencé à mettre en oeuvre pendant les
cinq ans passés comme ministre de l’Intérieur. ?
Une police essentiellement répressive, dressée d’abord à la chasse à
l’immigré "clandestin", puis à la chasse aux basanés, et donc de plus en
plus raciste, porteuse d’une guerre civile larvée, une société figée
dans lea peur de l’autre et le déterminisme social, avec ce projet
insensé de détection des comportements déviants dès la maternelle que
Sarko a déjà soutenu et qu’il reprendra, n’en doutons pas, s’il est
Président. La destruction de la liberté d’expression et des garanties
d’une société démocratique, comme l’annonçaient les pressions sur les
juges, les pressions sur la presse et la télévision (le coté Berlusconi
de Sarko), que mettra en musique le grand ministère de l’Identité
nationale qu’il nous promet en cas de victoire. Réécriture de l’Histoire
(haro sur la repentance de 1940 à nos jours), poursuite des déviants
devant des tribunaux aux ordres, et pourquoi pas déchéance de ceux dont
l’identité ne serait pas jugée conforme. On est tout près de ce «
ministère de la Vérité » orwellien dont Geremek dénonce la progressive
mise en place en Pologne. Un vent mauvais souffle sur toute une partie
de l’Europe, il faut l’abattre. ?
par Dominique Manotti, écrivain
66 - Le projet de Nicolas Sarkozy, profondément conservateur et
fortement autoritaire, provoque le conflit permanent dans la société
française : entre les générations, dans le monde du travail, entre les
territoires et, surtout, entre les plus fortunés et les plus démunis.
Sur les questions de santé, cruciales pour l’avenir de notre société,
ses propositions sont à la fois inefficaces économiquement et injustes
socialement, voire même dangereuses. En proposant, par exemple, des
franchises sur les soins (pas de remboursement en dessous d’un seuil
annuel), le candidat de l’UMP veut créer un mur d’argent dans l’accès
aux soins, éloignant davantage les familles pauvres qui hésitent déjà
tant à se faire soigner. En outre, ces franchises signeront un coup
d’arrêt dramatique aux politiques de prévention pourtant si fondamentales. .
En un mot, le projet de Nicolas Sarkozy va à l’encontre de la justice et
du progrès social, à l’heure où les actions politiques, en matière de
santé entre autres, doivent au contraire œuvrer pour la valorisation du
capital humain de chacun de nos concitoyens.
par Jean-Marie Le Guen, député PS.
67 - Parce que je suis, sans doute, de droite
. *Parce que je ne veux pas d’une France de la haine et de la rancoeur
. *Parce que je ne veux pas d’une France ultra-sécuritaire
. *Parce que je ne veux pas d’une France qui ait pour seule valeur l’argent
. *Parce je ne veux pas d’une France dans laquelle soient ignorées les
valeurs liées à la culture
. *Parce que je trouve vulgaire la démagogie populiste
. *Parce que m’ insupportent les discours émaillés de fautes de syntaxe
. *Parce que je préférerais que La Princesse de Clèves reste au
programme des concours de l’administration.
par Christophe Mercier, écrivain.
. 68 - Arrêtons Sarkozy
Incompétent. Ministre de l’économie, il n’a tenu aucune de ses promesses
sur le pouvoir d’achat ou contre les délocalisations. Ministre de
l’intérieur, sa politique pour la sécurité est un échec.
Menteur. Il a menti en affirmant que les deux jeunes électrocutés de
Clichy étaient des voleurs. Il a menti en jurant que GDF resterait
public, puis en soutenant sa privatisation pour la fusion avec Suez.
Mystificateur libéral. Il est contre l’augmentation su SMIC : pour
gagner plus il faut travailler plus. C’est la thèse du patronat. Il a
promis une baisse des prélèvements obligatoires à hauteur de 4% du PIB,
soit 72 milliards ! Il a célébré l’abbé Pierre, mais à Neuilly, il y a
moins de 3% de logements sociaux contre les 20% exigés par la loi. On
comprend qu’il ait été ovationné à l’université d’été du MEDEF.
Dangereux. Il a délibérément provoqué les jeunes des quartiers
populaires, parce que l’insécurité est son fonds de commerce. Quand il
dénonce « l’assisté qui gagne plus que celui travaille dur », il tente
de dresser la population contre ces « privilégiés ». Quand il dénonce «
l’arrogance française » chez Bush, à propos de la guerre en Irak, il
confirme qu’il pourrait entraîner le pays dans les aventures
internationales de son modèle américain. Pour draguer l’extrême droite,
il a multiplié les arrestations d’étrangers à la porte des écoles, dans
les queues des restaurants du cœur. Cela donne la nausée. Alors,
inversons la consigne policière : arrêtons Sarkozy.
par Yves Salesse, ex-porte-parole de la campagne Bové.
69- Pourquoi je ne pas voterai pour Nicolas Sarkozy
En tant que citoyen enseignant, je note que les solutions préconisées
par M. Sarkozy, en stigmatisant la jeunesse, en amalgamant insécurité,
immigration, banlieue et jeunesse, créent de nouvelles tensions. Que
vaut un pays qui ne croit plus en sa jeunesse ? Les acquis sociaux
hérités de longues luttes sociales sont menacés par un modèle social qui
désigne des catégories à la vindicte populaire (les enseignants et les
fonctionnaires par exemple). Tout est organisé pour défaire l’unité du
tissu social. En tant que démocrate, je ne peux pas souscrire aux thèses
frontistes qui désignent l’émigration, africaine en particulier, comme
bouc émissaire des difficultés économiques et sociales et de
l’insécurité. Ces mêmes considérations favorisent l’intimidation et la
menace, avec une application contestable pour les minorités visibles.
En tant que militant de la cause africaine, je constate que Nicolas
Sarkozy est le fils héritier des réseaux de la Francafrique. Ses
propositions en direction des pays africains sont dangereuses. Il
soutient les dictatures prédatrices qui entretiennent la pauvreté de ce
continent. Son concept d’émigration choisie priverait l’Afrique de ses
élites après qu’elle a été spoliée de ses matières premières et de sa
main d’œuvre.
par Benjamin Toungamani biochimiste, professeur de mathématiques à
Orléans, président de France Congo Education.
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