[nettime-fr] Une réponse de "warp is the message" (pour poursuivre d'éclairer le débat)

[Louise Desrenards <louise.desrenards@free.fr>]

Autrement dit, il faudrait un énorme effort de changement au PS 
rapidement, pour assurer l'enthousiasme des foules au second tour : 
accepter une coalition à l'acte même des projets. Non pas poursuivre de 
rêver deux partis autoritaires pour se partager ce pays en alternance 
avec des vassaux soumis.

L.

Le 23 avr. 07 à 23:22, Louise Desrenards a écrit :

> Enfin, parmi les désavantages de Ségolène Royal, l'absence de 
> démocratie (ce qui infirme celle proclamée) de l'appareil de son parti 
> à l'égard de tout ce qui lui est exogène, et donc une certaine 
> exo-phobie de tout ce qui ne s'y soumet pas : par exemple parti 
> capable de nourrir un projet de société et de réforme 
> constitutionnelle, non partagé à la source de sa conception par ses 
> alliés utiles mais agréé, ni modifiable par ses alliés potentiels donc 
> rejeté, ce qui en fait un parti de centre démocratique dictatorial qui 
> ne trouve pas sa base de domination - enfin si, mais trop restreinte, 
> insuffisante pour s'exercer.
>
> Peut-être même que cet appareil socialiste, en quête de cohérence du 
> bon projet, est encore moins souple que celui de Sarkozy, qui cherche 
> au contraire à atteindre sa plus grande plasticité pour réaliser le 
> maximum d'intégration de son pouvoir... (une forme d'impérialisme de 
> parti).
> Ceci fait que le parti socialiste est aujourd'hui menacé par sa propre 
> volonté de puissance et sa façon d'exiger la soumission de ses 
> partenaires, par conséquent d'affirmer son hégémonie sur les autres 
> partis partenaires, avant même qu'il ne soit élu... d'où 
> l'impossibilité des alliances utiles.
> Il exclut les synergies solidaires au niveau des idées réalisables, ce 
> qui complique sa situation avec Bayrou (qui pourtant n'en manque pas 
> dans le même camp - pourvu qu'il soit divers).

L'UMP vit dans un univers basé sur :
- l'homme providentiel, sauce culte du chef.
- l'absence de débat et d'opposition interne qui devient un unanimisme 
convaincu à force de mantras. En tout cas jusqu'en juin (tous unis pour 
les strapontins).
- corollaire de 2 précédents : la terreur.

Avec en face un PS qui ne cache pas ses fractures et ses éléphants en 
opposition ouverte voire en vacance… Ils viennent à peine de redécouvrir 
l'utilité du débat interne ces derniers mois mais la guerre des chefs 
dilapide la démocratie interne très partiellement retrouvée (par le 
bas). L'effet 21 avril est aussi extrêmement sclérosant (maintenant 
dépassé vu le 1er tour), mais les causes n'en ont toujours pas été 
assumées dont le volet associatif toujours en sécession après les années 
de mépris sous Jospin. Enfin cette manie de la gauche -mais la droite 
fait pareil, c'est tellement pratique- de croire qu'elle possède la 
vérité vraie. Et quand dans un parti divisé dans sa direction depuis des 
années, parfois sur des questions de fond (comme le TCE) on en reste 
convaincu malgré toutes les luttes internes au siège du parti : ce qui 
bloque en interne ne peut être accepté en externe comme un accord de 
gouvernement avec Bayrou. Ils n'ont pas raisonné la question posée par 
le TCE comme division, ils ne peuvent pas résoudre une logique de 
coalition. c'est pour cela que Rocard et Cohn-Bendit ont parfaitement 
raison, car ce sont des questions qu'ils ont dépassés depuis des années 
(Kouchner et Allègre cherchent, je pense, des strapontins) mais qui ne 
peuvent que diviser encore plus l'appareil du PS.

Pour couronner le tout, Eric Besson (ancien responsable du volet 
économique du programme du PS) a annoncé qu'il soutenait Sarkozy. Voilà 
que va alimenter (et alimente déjà) ceux qui observent les signes de 
blanc bonnet et bonnet blanc. Ce qui a toujours été une pseudo-analyse 
des extrêmes (comme justificatif d'une faillite de la démocratie et 
justification révolutionnaire etc.), et une réalité observée par 
l'extrême-centre actuellement tenu par Bayrou (le bipartisme étouffant 
la dissidence de la logique de coalition réelle).

Je rajouterais que le ralliement de Besson, c'est ajouter à un score de 
république bananière de 2002, un fonctionnement de république bananière 
en 2007.

> Le pacte présidentiel
>
> Que le PS ne s'étonne donc pas que son "pacte présidentiel" 
> n'intéresse que lui-même, l'ayant à tort appelé pacte - sinon avec le 
> parti communiste et Dominique Voynet qui l'ont adopté par principe en 
> amont du premier tour électoral, mais dont le nombre de voix est 
> tellement faible qu'il ne peut compter dans les alliances 
> déterminantes au second tour...
> Pacte de plus qui n'émane pas de la conception des citoyens assemblés, 
> mais de leur hiérarchie partisane, au nom d'en organiser la 
> citoyenneté : ce qui est proprement contradictoire de l'engagement 
> républicain populaire qu'il prétend permettre et structurer.
>
> Pacte enfin qui ne pourrait trouver d'alliance avec Bayrou qu'à 
> pouvoir être modifié selon les idées de son clan. Il ne faut pas 
> attendre de Bayrou qu'il accepte d'être un premier ministre soumis à 
> la réalisation du pacte présidentiel auquel il n'a pas participé.
> A moins que... diverses choses à ce propos ne changent entre les deux 
> tours.
> Mais comme le parti communiste ne veut pas du centre de Bayrou, on se 
> demande bien ce qui va se produire sinon par la bonne volonté 
> spontanée des électeurs;-)

Pour info ce que j'ai entendu de Hollande aujourd'hui, interviewé 
spécifiquement sur Bayrou, c'est une attitude schizophrène, l'idée était 
de négocier un accord, le vocabulaire ne parlait que d'électeurs (de 
Bayrou) quand on s'éloignait un tant soit peu de la négociation. Le pire 
ennemi du PS ce sont ses "élites".

Le PC actuellement va continuer à s'enfoncer dans sa crise interne. Son 
absence de leadership qu'il avait suite au TCE pourtant me pose 
question. Quand à l'extrême gauche dans son ensemble elle n'a toujours 
pas la maturité de s'unir sur une fédération lache de pur intérêt pour 
avoir un poids et non une dispersion. Mais pour cela, il faut sortir 
aussi du 19e siècle ce qui est leur fond de commerce. Depuis le TCE, ils 
ont raté une grande occasion de refondation marxiste par delà les 
divisions du 20e siècle, je crois que c'est sans espoir.

De plus, je doute réellement que le programme d'un parti puisse se 
résumer à une seule phrase visible : "battre la droite". C'est confondre 
les causes et les conséquences, c'est en parlant à ses électeurs de leur 
problème et des solutions à y aporter que l'on y arrive et pas 
l'inverse. A force d'oublier dans cette réthorique ce qui fait qu'on est 
un parti de conviction (comme le PC a su le prouver sur le TCE pourtant) 
et non un croupion électoral du PS (qui en profite bien en restant un 
parti de proposition, lui !)

Actuellement, pourtant, je pense que le PC est tellement aux abois qu'un 
accord de gouvernement avec le centre leur serait aceptable. Ils 
joueraient les saintes-nitouches mais voteraient comme un seul homme car 
ce n'est pas NS qui va les regonfler, il ne profite qu'à la LCR.

> Mais il est certain que pas une seule voix restée à gauche ne doit 
> manquer le report, du moins, même si aucune ne manquait : cela ne 
> suffira pas.
> Nous allons nous y mettre même si la mariée n'est pas belle... c'est 
> peut-être enfoncer plus encore dans le puits la gauche entière si elle 
> perd, que d'avoir été entrainée par un partenaire qui ne veut/ ne peut 
> pas partager son pouvoir ni l'adapter.

Ces dernières années la droite a commencé son aggiornamento :
- via l'UMP, selon la recette donnée plus haut
- Bayrou, qui en réaction à l'UMP s'est libéré du carcan des logiques 
d'alliances qui tuaient l'UDF à petit feu depuis 81, il a trouvé qu'il 
pouvait balayer sur la gauche et rallier à son panache blanc la droite 
républicaine qui refuse l'UMP et plus encore son chef, et les libéraux 
de la gauche, même si les radicaux n'ont pas encore saisi le message.

De son côté la gauche accumule les faux départs. Il lui manque une ou 
deux personnalités capables de transcender la sclérotique installée 
parfois depuis 30 ans comme pour le PC depuis le programme commun.

D'ailleurs, l'incapacité du PS à penser réellement pour le moment une 
vraie négociation avec l'UDF c'est parce qu'historiquement, ça ne leur a 
jamais servi qu'à museler le PC et le réduire, pas à forger une majorité 
sur un pied d'égalité. Hors, le but du PS serait ici de remporter 
l'élection, pas de dissoudre l'UDF dans le PS, ils ne voient pas 
d'utilité à moyen-long terme car ils pensent ne pas avoir besoin des 
députés UDF convaincus qu'ils seront laminés par l'UMP. Bref, il veulent 
un ralliement, pas une coalition et Bayrou veut une coalition pas un 
ralliement. Ce faisant, ils confirment Bayrou dans sa position et 
risquent de perdre.

> A défaut d'être pour le programme de Ségolène, qui n'est qu'un 
> programme de pénurie et de crise et par conséquent surement pas l'élan 
> qu'il prétend être mais la gestion consentie de la crise, sans révolte 
> nous devrons l'assumer par révolte contre le totalitarisme liberticide 
> accompli par Sarkozy et la suite déjà vue qui l'accompagne, et tout ce 
> parti qui nous dilapide et détruit les consciences civiques depuis 2002.

Le pacte est un catalogue donjuanesque. On ne distribue pas du 
clientélisme à la présidence (avant d'être élu), on donne des 
perspectives plus large qu'un catalogue à la Prévert. Et là on a un 
dangereux gout de reviens-y en 81/88 qui rappelle des lendemains 
difficiles et des promesses non tenues. De plus, PS et UMP depuis des 
mois accumulent selon la tactique de "la lettre aux Français", ce qui ne 
fait pas une politique mais de la démagogie. Et malheureusement vu les 
énormités, le meilleur acteur c'est NS.

Bref si Ségolène veut sa chance, il faut qu'elle se sublime et 
transforme son parti. En deux semaines on friserait le miracle. Pour le 
moment, seule une logique TSS (Tout Sauf Sarkozy pour nos amis non 
francophones) devenant majoritaire peut la sauver sans évolution éclair 
du PS.
-

[...] Signature is dead, get over it.


Source nettime-fr-raw.newmorning








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