Louise Desrenards on Wed, 4 Apr 2007 20:59:01 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] Le point et rappel sur une cause intentendue


    BATTISTI, l'Europe, La France, et nous... de toutes façons dominés
(comme peuple aux prises avec la défense de ses ultimes libertés)

La question n'est pas juridique ni même judiciaire mais éthique sur les
droits fondamentaux.

    Il ne sagit pas de la vérité d'un homme mais de la vérité de la loi.
    A savoir : en quoi une loi qui ne conçoit pas la présomption d'innocence
au fondement de toute accusation judiciaire, même au terme d'une procédure
forclose mais qui ne l'aurait pas prise en compte, est-elle vraie ?

    C'est-à-dire : quel est le point de vue de cette loi sinon celui de la
totalité divine - celle qui toute énigme confondue restant infondée, aux
yeux de partie ou de l'ensemble des humains, malgré tout ne peut jamais se
tromper ? Ou dans la version sans Dieu, quel point de vue de cet ordre ne
serait pas humainement abusif des droits fondamentaux ? C'est-à-dire
autrement, un passage à l'acte totalitaire sur la question de la vérité, en
hypothèquant la ressource populiste de la croyance.

    C'est la question de la réforme de justice Perben en France qui installe
le policier en première instance de l'accusation en place du judiciaire et
des avocats, et dans ce cas toute arrestation est au contraire celle d'un
présumé coupable, légalement détenu comme tel, en attendant que sa non
culpabilité soit prouvée... cela peut durer très très longtemps et parfois
jusqu'à la fin de la vie du détenu, selon les imbroglios et la bureaucratie
d'une procédure. Et de toutes façons c'est contraire aux droits fandamentaux
hérités. Au nom de quoi ? Du 11 septembre ? Guentanamo à l'ombre de toute
observation légale en est l'exemple extrême. Au nom de l'émigration
interdite qui peut mettre en prison tout acteur secourable considéré
obligatoirement comme complice - alors qu'il est à informer ici qu'un émigré
Thaïlandais qui aurait été extradé en février ait été immédiatement fusillé
en arrivant entre les mains de la police de son pays ; et dans ce cas :
l'Etat ne commet-il pas le délit de "non assistance à personne en danger"
contre lequel se serait élevé tout citoyen qui au contraire en aurait relevé
le défi ?

    Alignement circonstanciel de la loi française sur la loi italienne à
propos de l'affaire Battisti, dans un cadre européen.

    Car les annexes de la constitution commune qui a été refusée ne
proposaient pas autrement de la justice européenne. (C'est d'ailleurs
certainement une des raisons majeures, non seulement le néo-libéralisme mais
bien la fin des droits fondamentaux aux annexes, qui expliquent le succès du
non au référendum sous 40% de voix considérées de gauche parmi la majorité
de 53% obtenus par le refus).

    Toute autre question que celle des droits fondamentaux à propos de
Battisti, et plus largement dans les lois qui ont modifié nos engagements
traditionnels par rapport à ces droits, en France, dans les dernières
réformes de justice et de police, est strictement d'opinion ou d'idéologie.
    Ce qui explique pourquoi Battisti soit devenu un enjeu symbolique qui
dépasse son simple problème.

    C'est exactement ce qui a fondé de considérer son évasion comme légitime
tant parmi les communautés religieuses progressistes que chez les libéraux
attachés aux drotis fondamentaux, que dans la gauche et l'extrême gauche en
France, en égale répartition (comme pour partie de l'opinion contraire) :
l'horizon de la perte de nos propres droits traditionnels dans la nouvelle
Europe, alors qu'au contraire on les avait pensés pour partie exemplaires de
notre contribution européenne.

    En plus de la présomption d'innocence, il y a de toutes façons
l'amnistie qui n'est pas davantage reconnue ni indetifiée par les pouvoirs
français et italien dans l'affaire Battisti.

    L'amnistie du crime politique était notre tradition installée par de
Gaulle sur laquelle par deux fois dans notre histoire il a rétabli la paix
civile.

    Maintenant c'est l'Allemagne seule qui la pratique sans rédemption, à
propos d'activisme politique engagé par le crime. Preuve que l'idée juste
n'est pas morte au pouvoir, dans la ligne de l'exemplarité des droits, même
par un gouvernement qui n'est pas de gauche.

    Il y a eu une réconciliation générale en Afrique du Sud, sans laquelle
la guerre civile y compris infracommunautaire n'aurait pu cesser.

    De même que je perçois comme un signe inquiétant de la perte des droits
citoyens locaux l'extradition de Battisti, de même il est inquiétant que les
prisonniers d'Action Directe (dont je désavoue personnellement les actes, et
de plus théoriquement) étant parvenus au terme de leur temps de prison
incompressible ne soient pas libérés purement et simlement, de ce fait -
sans préjuger d'autres bonnes raisons éventuelles qu'ils le soient, telles
que santé, ou justement l'amnistie, pouvant d'ailleurs intervenir avant la
fin de la peine incompressible.

    Je pense que le pouvoir en France et son relais tant populiste
qu'"expert" (je veux dire "technique" en la matière)- même de bonne foi et
de bonne volonté - s'embarquent de plus en plus dans l'obscurantisme
rationaliste au lieu de raison, au lieu de la clarté manichéiste annoncée,
et d'une façon générale d'abus à l'égide de la plus triste des mémoires
modernes, vu tout ce que cela ramasse de surcroît comme alterophobie
(exo-communautaire et xénéophobe).

    Il faut apprendre à "désaffecter" les projections et les causes pour
restaurer le droit et le jugement commun du pouvoir judiciaire ; l'idée
convenable du droit pour comprendre à quelle "vraie" ou "fausse" justice on
a affaire, c'est la présomption d'innocence et l'amnistie. Elles sont
fondées par la mémoire fossile du devoir d'insoumission devant l'infamie,
sans lequel il n'y aurait pas eu de Résistance dans les pays occupés par les
nazis avec des gouvernements locaux collaborateurs. Cela y compris sur le
lieu allemand lui-même sous Hitler - exemple qui fonde toujours la question
critique discriminante de limite des droits en Europe...

    Même si un jugement est "juridiquement" irréprochable au regard de sa
propre loi, on répète que cela ne résoud pas la question éthique de la
vérité de la loi eu égard aux droits fondamentaux. Il est impossible
d'évacuer la question philosophique de l'existence qui a présidé à la
déclaration des droits fondamentaux de l'individu ("tout individu a le droit
de (...) ou "tout citoyen a le droit de"), ces droits individuels inscrits
avant même ceux de la société ; car la société ne peut être définie que par
le statut de l'individu relatif à celui d'un autre, et par extension à celui
des autres. Sans quoi il n'y aurait de définition possible de la société
sinon comme un zoo ou un camp - ou une collection de légumes.

    Et même si le juridisme est une des formes de l'apothéose de
l'apolitisme qui caractérise la tendance des réformes de la société
actuelle, on peut donc considérer aussi bien fondé sur le plan du
raisonnement que cela soit injuste. Tout dépend si on garde une échelle de
référence de la vérité relative, ou pas.

--Orphée 3 avril 2007 à 16:27 (CEST) [déclaration transitive dans la
discussion de fr.wikipedia où seuls demeurent les anti Battisti - à moins
que je n'aie rien compris ?] republié dans

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=45836

Avec cet épilogue :

Une amnistie présidentielle de tout président(e) se disant démocrate ou
républicain(e), comme cela fut une tradition de toujours inaugurer le
renouvellement de la présidence de la Vè république en France par une
amnistie, et pendant que ce régime existe encore même si on ne l¹apprécie
pas, doit comprendre la libération sans délai de tous les militants d¹Action
directe.






 
 
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