Meryem Marzouki on Fri, 10 Sep 2004 14:45:54 +0200 (CEST) |
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[nettime-fr] Rétention de données - Communiqué d'IRIS et appel à signatures |
Bonjour, Je vous retransmets ce communiqué de presse présentant le document établi conjointement par PI (Privacy International) et EDRi (European Digital Rights) à la consultation de la Commission européenne relative au projet de décision-cadre sur la rétention de données de trafic intervenant dans les services de communications électroniques. IRIS est signataire de ce document et appelle les autres organisations françaises à le signer également. Cordialement, Meryem Marzouki, IRIS Début du message réexpédié : > De: "Redaction Lettre d'IRIS" <redac-li@iris.sgdg.org> > Date: Ven 10 sep 2004 14:13:52 Europe/Paris > À: Redaction Les IRIS <redac-li@iris.sgdg.org> > Objet: Rétention de données - Communiqué d'IRIS et appel à signatures > > La rétention des données de trafic est intrusive, illusoire, illégale > et illégitime > Signature d'IRIS et appel à signatures d'organisations françaises > Communiqué de presse d'IRIS - 10 septembre 2004 > > [Adresse de ce communiqué sur le web : > <http://www.iris.sgdg.org/info-debat/comm-dr4i0904.html>] > > L'association IRIS (Imaginons un réseau Internet solidaire) est > signataire de la réponse commune de PI (Privacy International) et EDRi > (European Digital Rights) à la consultation de la Commission > européenne relative au projet de décision-cadre sur la rétention de > données de trafic intervenant dans les services de communications > électroniques. IRIS appelle les organisations associatives et > syndicales françaises soucieuses de la défense des droits fondamentaux > à adhérer également à cet argumentaire détaillé qui conclut au rejet > de ce projet de rétention systématique et obligatoire des données > personnelles de tous les citoyens européens, montrant que cette > rétention est « intrusive, illusoire, illégale et illégitime ». > > Le projet de décision-cadre, à l'initiative de la France, de > l'Irlande, de la Suède et du Royaume-Uni, prévoit une rétention des > données de trafic systématique et obligatoire pendant une période > comprise entre 12 et 36 mois après leur création. Une période plus > longue peut toutefois être décidée par certains États membres. Ces > données peuvent être transmises à un autre État membre aux fins de > coopération judiciaire en matière pénale. Les données concernées sont > celles intervenant dans la fourniture de services de téléphonie, de > messages courts, de médias électroniques, de messagerie multimédia, de > courrier électronique, de téléphonie vocale sur Internet, de web, de > transfert de fichiers, de transfert réseau, de transfert hypertexte, > de téléphonie vocale à large bande, de traduction des adresses réseau. > Il s'agit, en résumé, de tous les services de communication > électronique, y compris la téléphonie fixe et mobile. > > Répondant à ce projet de décision-cadre, le document commun de PI et > EDRi montre très précisément et très concrètement ce qu'IRIS a déjà > souligné à plusieurs reprises : > > - Il n'est plus possible de prétendre que la vie privée et les données > personnelles sont protégées par le fait que la rétention ne concerne > que les données de trafic et non celles relatives au contenu de la > communication. Les progrès des techniques de communication font que > les données conservées ne sont plus de simples journaux de > communication comme dans le cas de la téléphonie fixe, révélant à qui > et quand nous avons téléphoné. Les données de trafic permettent > maintenant de produire de véritables cartes des relations > interpersonnelles, des activités et même des intentions des personnes. > C'est pourquoi la rétention des données de trafic est intrusive. > > - Il n'est plus possible de prétendre que la rétention des données de > trafic permet d'accroître la sécurité des personnes grâce aux > investigations. D'abord ces données associées à une personne peuvent > en fait résulter techniquement d'une activité conduite par une autre > ou d'un processus de communication étranger aux activités de la > personne identifiée. Des personnes innocentes peuvent alors se voir > attribuer des activités avec lesquelles elles n'ont aucun rapport. De > plus, il devient clair que le processus de rétention systématique des > données, et non des données spécifiquement liées à des enquêtes > concernant une ou plusieurs personnes, ne contribue pas à un but > d'investigation mais de renseignement exploratoire. C'est pourquoi, > lorsque l'objectif est la sécurité des personnes, la rétention des > données de trafic est illusoire. > > - Il n'est plus possible de prétendre qu'une telle collecte > indiscriminée et systématique de données est conforme aux principes de > l'État de droit et au respect des droits fondamentaux. La Convention > européenne des droits de l'homme, et notamment son article 8, de même > que la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, > montrent clairement que de telles interférences disproportionnées dans > la vie privée des personnes ne peut pas être considérée comme > nécessaire dans une société démocratique. C'est pourquoi la rétention > des données de trafic est illégale. > > - Il n'est plus possible de prétendre que les méthodes suivant > lesquelles des États membres de l'UE tentent d'établir de tels régimes > de rétention de données sont des méthodes démocratiques. On se > souvient que les conditions d'adoption de la Directive européenne de > juillet 2002 sur le traitement des données personnelles et la > protection de la vie privée dans les communications électroniques ont > été notamment contestées, y compris par la Commission européenne > elle-même, parce qu'elles étaient en infraction avec le Traité de > l'Union imposant une séparation entre des mesures du ressort du « > Troisième pilier » (justice et affaires intérieures, mesures relevant > du droit national et de la coopération intergouvernementale) et celles > relevant du « Premier pilier » (affaires de la communauté), comme > cette Directive. On sait aussi, et c'est en particulier le cas de la > LSQ en France, que les mesures de rétention de données ont été prises > immédiatement après le 11 septembre 2001, dans un climat émotionnel > qui a contribué à négliger les principes démocratiques élémentaires. > D'autres pays à l'origine de ce projet de décision-cadre, comme > l'Irlande et le Royaume-Uni, utilisent la voie européenne pour faire > adopter des dispositions législatives qu'ils transposeront ensuite au > niveau national au nom de leurs obligations communautaires, détournant > de ce fait l'opposition que leurs gouvernements avaient préalablement > rencontrée lors de précédentes tentatives de légiférer localement. > Cette véritable opération de « blanchiment de politique » est une > pratique de plus en plus répandue. C'est pourquoi la rétention des > données de trafic est illégitime. > > La signature par IRIS, membre d'EDRi et partenaire de PI, de cette > réponse commune des deux organisations s'inscrit dans la continuité > des positions prises et des actions menées par l'association contre > cette logique de conservation systématique, à des fins exploratoires, > des données personnelles des citoyens dans leurs pratiques > quotidiennes de communication. Ces actions ont été conduites tant au > niveau international, par exemple lors de la campagne contre le projet > de Convention du Conseil de l'Europe sur la cybercriminalité, qu'au > niveau européen, par exemple lors de la discussion et du vote en > juillet 2002 de la Directive européenne relative au traitement des > données à caractère personnel et à la protection de la vie privée dans > le secteur des communications électroniques, ou encore au niveau > national, par exemple lors de la discussion et du vote de la loi sur > la sécurité quotidienne (LSQ, novembre 2001). > > Le document commun de PI et EDRi conclut très justement sur les > conséquences de l'instauration de tels régimes de rétention des > données sur l'évolution de la société : de proche en proche, ces > changements normatifs induisent une modification de notre vision d'une > société démocratique, et, au final, forgent le consentement et > l'adhésion à une société de surveillance et de contrôle social. En > France, il suffit pour s'en convaincre de comparer le rejet qu'a > suscité le projet SAFARI en 1974 à l'indifférence dans laquelle la > refonte de la loi informatique et libertés a été adoptée 30 ans plus > tard. > Les organisations souhaitant signer le document de PI et EDRi peuvent > le faire : > > - à l'aide du formulaire web mis en place par EDRi à l'adresse : > http://www.edri.org/cgi-bin/index?id=000100000162 > > - ou, alternativement, en envoyant les informations suivantes à : > edrigram@edri.org et/ou gus@privacy.org > > "Mon organisation souhaite signer la réponse de EDRi/Provacy > International à la consultation sur la décision cadre relative à la > rétention des données (My organisation wishes to sign on to the EDRI / > Privacy International response to the consultation on a Framework > Decision on Data Retention)." > > Adresse de courrier électronique: > Organisation: > Nom: > Fonction au sein de l'organisation: > > La date limite d'envoi des signatures d'organisations est fixée au 15 > septembre 2004 à 10h00, date à laquelle le texte accompagné de la > liste des signataires sera adressé à la Commission européenne. > Pour plus de détails, voir : > > - Le texte de la réponse de PI et EDRi à la consultation de la > Commission européenne (en Anglais) : > "Invasive, Illusory, Illegal, and Illegitimate: Privacy International > and EDRi Response to the Consultation on a Framework Decision on Data > Retention" (PI-EDRi, 9 septembre 2004) > http://www.privacyinternational.org/issues/terrorism/rpt/ > responsetoretention.html > > - Le texte du projet de décision-cadre : > « Projet de décision-cadre sur la rétention de données traitées et > stockées en rapport avec la fourniture de services de communications > électroniques accessibles au public ou de données transmises via des > réseaux de communications publics, aux fins de la prévention, la > recherche, la détection, la poursuite de délits et d'infractions > pénales, y compris du terrorisme » (8958/04 CRIMORG 36 TELECOM 82) du > 28 avril 2004 > http://register.consilium.eu.int/pdf/fr/04/st08/st08958.fr04.pdf > > - Le texte d'annonce de la consultation par la Commission européenne > (en Anglais) : > "DG INFSO - DG JAI Consultation Document on Traffic Data Retention" > (30 juillet 2004) > http://europa.eu.int/information_society/topics/ecomm/ > useful_information/library/public_consult/text_en.htm#data_retention > > - La page d'EDRi consacrée à cette consultation et au recueil de > signatures (en Anglais) : > http://www.edri.org/cgi-bin/index?id=000100000162 > > - Des informations sur la situation de la rétention de données en > France et en Europe sur le site d'IRIS : > http://www.iris.sgdg.org > > Contact IRIS : > iris-contact@iris.sgdg.org - Tel/Fax : 0144749239 > > -- > Comité de rédaction de la lettre d'IRIS > http://www.iris.sgdg.org - Contact: redac-li@iris.sgdg.org > > < n e t t i m e - f r > Liste francophone de politique, art et culture liés au Net Annonces et filtrage collectif de textes. <> Informations sur la liste : http://nettime.samizdat.net <> Archive complèves de la listes : http://amsterdam.nettime.org <> Votre abonnement : http://listes.samizdat.net/wws/info/nettime-fr <> Contact humain : nettime-fr-owner@samizdat.net