Louise Desrenards on Tue, 29 Apr 2003 22:17:05 +0200 (CEST) |
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[nettime-fr] Le voile et l'étoile |
1/ Le lien électif critique du mois de mai sans hésiter : http://www.incorect.com plus encore dans certains états personnels et collectifs liés à la nouvelle interface... Franchement fulgurant pour certains sujets qui dépassent l'extrême de leur connotation graphique au-delà du rire et du fantastique. Quant à nous, par les temps qu courent, notre problème de langue anglophone devenant incontournable, nous avons trouvé une suggestion intéressant pour partager la tâche avec nos amis anglo-américains ; ainsi, ils pourront de leur côté apprendre le français. Pour découvrir les cours de Françoise en cinq leçons, "Merci Françoise!", cliquer sur un point de l'image près de l'oreille à droite, à l'accueil de la nouvelle interface... 2/ Voici l'édito du petit journal de CS (d'autre part nous avons cité le mail italien sur la libération de Toni Negri, extrait du post de François Matheron sur nettime, hier soir, et nous avons reporté son adresse de mail active en fin de citation (avec son accord). Nous avons également reporté les liens sur le site nettime et nettime.fr. LE FOULARD & L'ÉTOILE Question de mode : il n'est pas de jours d'actualité privilégiée pour parler du foulard islamique, depuis l'intégration républicaine des musulmans en France : tous les jours qui viennent le sont, tant que les libertés demeurent en question. Or cela jamais ne cesse. Ce mois d'Avril 2003 restera historique. Les musulmans ont conquis un statut au sein d'une république laïque traditionnelle et aux sources de laquelle en 1789, 90 et 92, les chrétiens et les israélites avaient tenu le leur, dès la première révolution. Il y a de quoi se réjouir. Reste la question de l'accueil des émigrés, problématique européenne et locale de peu d'ouverture, en ces périodes rares d'économie de la production. Et d'ailleurs, cette question concerne également les étrangers occidentaux des "pays riches" (quoique généralement de façon moins tragique). Certes, n'étant pas agi par une direction au pouvoir vénal, l'Islam n'a pas de représentation pyramidale recouvrant l'ensemble d'une seule communauté. D'une part, les musulmans français se composent d'une majorité représentative pouvant s'identifier globalement vers la grande mosquée de Paris, où l'on reconnaît la prédominance de la loi du territoire d'accueil ou de résidence et d'autre part, d'une minorité grandissante de sectes, dont les plus radicales à l'issue des crises nationales et internationales récentes et moins récentes, lesquelles sous leur propre homme saint de référence présentent respectivement leur tradition et leur chef. Afin d'éviter les débordements de communautarismes qui ignorent conceptuellement la priorité d'autres lois que les leurs internes, y compris la domination de la règle laïque appliquée à la chose publique, affectés tant aux membres qu'à leur communauté identitaire et à leur comportement, parmi la société se régissant autrement, il a été prudemment décidé par le ministre de l'Intérieur, ministre des cultes, que partie du collège national serait nommé et partie seulement élu. Rien de bien démocratique mais pour autant remarquablement républicain, en matière prospective du respect de l'autre dans l'environnement pluri-tendanciel sous la loi laïque pour consensus. Que les femmes révoltées ou mystiques veuillent avancer l'image publique et sociétale de leur foi ou de leur soumission, peu importe (à l'instant même de notre réflexion), si elles sont librement consenties, sous le voile, est leur droit ou leur obligation respective, pourvu que leurs symboles n'interfèrent pas à l'encontre des obligations républicaines affectées à l'ensemble du peuple qui reconnaît le code civil : notamment dans les lieux d'éducation du service public ou dans l'administration. Par exemple, l'école est la même pour tous et tous doivent obéir aux règles qui y sont prescrites dans l'intérêt général. Et dans l'intérêt particulier ; car il ne subsiste pas que ce qui pourrait être combattu ou attendu des femmes à l'égales des hommes, dans une société occidentale encore en proie, ici même, à l'entropie du pouvoir traditionnel, masculin. En effet, deux communautés en guerre arborant leurs signes identitaires dans un même lieu y avancent la possibilité du redoublement en actes de leur conflit. Croix et croix, ou coiffures identitaires seraient-elles rituelles, c'est sans grande différence à réfléchir en termes de libertés civiques. On se souvient de l'épouvantable période de l'évêque intégriste Lefèvre, en 1988, quand une bande de forcenés criminels incendia le cinéma où se produisait le film de Scorcese « La dernière tentation du Christ »... La solution était-elle d'interdire préventivement la projection du film ? NON. On voit pourtant ce genre de comportement le plus souvent auto-régulé se développer de façon lâche et sécuritaire, aujourd'hui, par exemple on se relâcha d'appeler à manifester après les premières échauffourées durant la guerre d'Irak, pendant que les américains se faisaient néanmoins violenter pour être à tout prix dans la rue contre la guerre de non droit, à Oakland. Car si on a déploré à juste titre les atteintes racistes par des arabes contre des juifs dans le cadre des groupes nationalistes marchant contre la guerre des anglo-américains, ces jours-ci, quel journaliste rappela en même temps les violences portées par le Bétar contre les juifs solidaires de deux États en Palestine, ou contre ceux soutenant l'engagement des Rezfuzniks dans les marches protestataires à Paris, cette année ? pourtant, on en parle à la Ligue des Droits de l'Homme. Au nom de quelle culpabilité traumatique mortifère, en place de jeu de progrès citoyen vers le partage matériel ou vectoriel des droits ou du territoire, ceci devrait-il occulter cela ou empêcher de poursuivre la lutte, s'agirait-il d'une marche paradoxalement commune, pour l'atteindre et même en toute ambiguïté ? justement, repose peut-être dans l'ambiguïté ce qui peut se dépasser des malentendus... Si double est le monde maintenant (cela peut durer ou rester circontanciel, lié à la période de transition après la modernité technique indutrielle), pourquoi vouloir à tout prix le réduire par le pouvoir (de quel côté qu'il soit : le pouvoir c'est lepouvoir), plutôt qu'en élaborer des langages communs simples, adaptés à fluidifier sa complexité au lieu de la résoudre ? Certains jours pendant les guerres d'Égypte et d'Israël, au hammam de la mosquée de Paris ‹ émergence de la société moderne du début du XX ème siècle que Truffaut, à l'instar de Pierre Henri Roché, à éternisée dans « Jules et Jim » de même que, si mes souvenirs sont bons, Jean Vigo avant la seconde guerre mondiale, dans un documentaire muet ‹ des femmes se sont interpellées, parfois s'affrontant physiquement (j'en fus un des témoins impuissants) et finissant par boycotter ce lieu, pour certaines israélites qui auparavant l'avaient fréquenté : leur départ fut-il vraiment intéressant pour le bonheur du bain sociable, par exemple ? bien sur que non, bien au contraire... Que pourrait-il en aller des cours et des classes à l'école, à l'université, etc. ? en fait on le sait déjà. On en connaît déjà les symptômes et les vaccins, mais aussi le droit. Les cantines actuelles prévoient toujours le choix entre deux plats. Il ne s'agit pas des tabous sur la nourriture, mais bien du droit à la même éducation pour tous et du climat, si possible pacifié, dans les lieux intercommunautaires du service public. Les fêtes clés étant prises en compte: que demandons-nous en plus, quand pour une fois, nous le peuple d'ici, toutes confessions ou athéisme, identités et bâtardises confondus : nous sommes servis ?! Faut-il revenir à l'uniforme des blouses dans les écoles et dans les lycées, ce que toutes les écoles publiques des pays émergents poursuivent de pratiquer (considère-t'on cela comme un exotisme, comme un signe d'humilité devant l'État, ou comme un effet égalitaire rétrograde ?) ne serait-ce que pour cacher les différences de richesse entre les élèves ? j'ai connu l'interdiction d'arborer des bijoux et des signes religieux sur l'uniforme des lycées d'État (l'un de mes fils a porté les dernières blouses des écoles maternelles françaises, il y a une quarantaine d'années) : évidemment, l'idée d'exercer le racket à la sortie ne serait venue à personne, en un temps où l'argent de poche des enfants ne pouvait excéder le prix d'une viennoiserie au chocolat, étant déjà considéré le petit pain subtil tel un privilège... Et les cartables sortaient peu ou prou de la même boutique du quartier. Déplaçons imaginairement le port du vêtement de la tête au corps pour ne pas faire l'autruche, foin de pudeur ! La blouse ne serait-elle pas une condition suffisante, pourrait-elle s'avérer du moins symboliquement nécessaire ? à l'État d'y pourvoir dans le cadre des allocations de rentrée. De plus, quelques entreprises et commerces dans une admission non monopolistique ne devraient pas mal s'en porter, ce qui ne pourrait nuire en pleine crise. A voir. Ce ne sont pas des décisions bouleversantes à prendre pourvu qu'elles soient précises et sans bavure, par temps anachronique. Je retourne au foulard dit islamique, uniforme hors la loi de tous, en sorte qu'étrangement il se porte, par contre toujours du même côté quoique symétriquement coiffé, au débat d'une seule trans-moderne façon, court et noué autour du cou, exclusivement ; avoir tout imaginé sauf qu'il put apparaître en gloire sur une carte d'identité, en ceci j'avoue ma grande défaillance. Voici quelques circonstances atténuantes ; héritière plutôt d'une mémoire d'identité à l'étoile jaune, portée en signe d'infamie par obligation nationale, qui en guise de broche scella même les vêtements à la mode, dans les portraits photographiques desdites cartes nationales, sous Vichy, et dont les attribués rarement échappèrent sans tarder à la ségrégation et pire encore aux rafles (ici, j'évoque le pire état loin de toute identité possible décrit par Primo Levi, désigné communément par la hiérarchie des camps sous le terme de "musulman", terreur du détournement symbolique du mot qui en dit plus largement encore de l'horreur des geôles, des geôliers et de leur société), au bout du compte je me dis que j'ai bien fait de ne pas aller à l'église, car je ne peux manquer de savoir maintenant qu'en cet endroit lui-même j'aurais fini, en bonne chrétienne de Rome, par perdre plus encore là qu'ailleurs : mon latin. Quand tout porte à préférer le mont Palatin au Vatican, moi aussi sans plaisanter (sans doute sur vieux fond de marrane, voir d'arabe renommé par une communauté cathare de l'Ariège en quelque ancêtre venu s'y réfugier, quand commença l'implacable répression des Albigeois et de leurs communautés avoisinantes, aux temps immémoriaux après Poitiers), le voile en tête de carte d'identité nationale ou internationale, inclus les cartes de sécurité sociale, de bibliothèque, de cinéma, et autres faux et vrai passeports : je suis absolument contre, on ne sait jamais ‹ mais vous l'aviez probablement compris. "Qui suis-je" ? là n'est pas la question. Shibolamen & Bushmen "Dieu" nous garde tous "inch Allah". Louise Desrenards PS : La croyance dans le signe et la foi dans le coeur... J'en reviens à Baudrillard répondant à une question sur la croyance, lors d'une interview par votre servante et qui fut publiée dans le magazine Globe, en 1991. Il dit : « Dieu existe ou pas mais si il existe, il existe, plus fort que tout : je n'ai pas à le faire exister. Par conséquent, je ne me préoccupe pas de dieu. » ' Dieu existe peut-être, moi aussi ' :-)) < n e t t i m e - f r > Liste francophone de politique, art et culture liés au Net Annonces et filtrage collectif de textes. <> Informations sur la liste : http://nettime.samizdat.net <> Archive complèves de la listes : http://amsterdam.nettime.org <> Votre abonnement : http://listes.samizdat.net/wws/info/nettime-fr <> Contact humain : nettime-fr-owner@samizdat.net