Louise Desrenards on Sun, 24 Nov 2002 17:55:26 +0100 (CET)


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[nettime-fr] Sur "L'esthétique de la communication" présentement annoncée...


"L'esthétique de la communication" n'est pas "Hacker manifesto". Et
maintenant, faites vos jeux!

Demander de la valeur en période de décrédibilisation de la valeur est
ambigu (opter pour Le Pen, ou pour l'alternative de front uni réclamant des
lois de sécurité, ou aider la politique mondialiste pour préparer quelques
bonnes retraites...)

Qu'on en juge : voici une information parue hier sur
collective-culture.ouvaton (...)  ‹ et avec quelle ironie ou inconscience
critique de son auteur ‹ bien sûr le modérateur a eu raison de ne pas la
modérer dans le cadre "ouvaton" ; pourtant, cette information n'a entraîné
ni réponse ni commentaire.

Or cela fait plusieurs fois que nous voyons ce mail sur toutes sortes de
listes... également sans retour de commentaire : je me permets donc le
premier qui j'espère en inaugurera d'autres, et à défaut donnera un point de
vue relatif sur de tels malentendus à propos des questions discriminantes
actuellement, dans le domaine de l'art contemporain en rapport avec la
communication (technologie et media), où donc le net art se trouve en
première ligne...

Donc, j'ai vu passer entre autres cette info sur nettime.fr (peut-être même
aussi sur la liste anglophone?) durant ces derniers jours.... mais n'en
retrouvant plus la référence dans mes archives, je la cite depuis le mail de
culture aujourd'hui. Le commentaire critique que je voudrais faire connaître
vient après la citation...

Qu'on n'y voie pas de règlement de compte personnel. Merci.

citation:
> Nul n'est prophete en son pays. Qui donc avait entendu parler en France du
> mouvement international de "l'esthetique de la communication " ? Ce sont
> donc les conservateurs de grands musées etrangers qui viennent nous en
> informer...
> 
> http://www.olats.org/setF11.html
> 
> Dans le cadre d'Artmedia VIII, une table ronde exceptionnelle sur le NET
> ART et l'ESTHETIQUE DE LA COMMUNICATION, avec Pierre Restany critique d'art
> comme modérateur, Steve Dietz du Walker Art Center de Minneapolis, Benjamin
> Weil du MoMA de San Francisco, Jemima Rellie de la Tate Gallery, etc...
> 
> Samedi 30 novembre 2002, CFCE (Centre Francais du Commerce Exterieur), 10
> avenue d'Iena, Paris 16... à deux pas du Palais Tokyo (metro Iena), entre
> 11 heures et 13hOO
> La matinee débute à 09h00 precises avec une session sur les JEUX VIDEOS ET
> ARTS HYBRIDES DANS LES RESEAUX avec Louis Poissant theoricienne, professeur
> à l'UQAM universite du Quebec, Timmothee Rolin, artiste (France) Bruno
> Samper artiste (France), Bruno Beusch et Tina Cassini artistes (Suisse)
> Gilbertto Prado, artiste (Bresil)
> 
> Pour tous renseignements sur le colloque :
> www.webnetmuseum.org,  puis cliquez sur "actualité"
> 
> ATTENTION : ENTREE LIBRE SEULEMENT DANS LA LIMITE DES PLACES DISPONIBLES !
> 
> Artiste et Professeur émérite des Universités
> www.webnetmuseum.org
> www.fredforest.org
> 
> __________ Forum d'expression de la culture libre __________
> Site : http://collectivecultures.ouvaton.org/appel.html
> Pour s'inscrire sur la liste, écrire à :
> collective-cultures-request@ras.eu.org / sujet= subscribe
> Pour quitter la liste, écrire à :
> collective-cultures-request@ras.eu.org / sujet= unsubscribe
> 
Réponse (complétée pour nettime):
 
Non.

Absolument pas d'accord avec cette manifestation, qui participe d'inaugurer
un front culturel et artistique mondialiste, officiel et institutionnel à la
verticale du pouvoir mondial, j'entends qu'il n'y a pas deux pouvoirs
mondiaux mais un seul : celui que nous contestons violemment sur tous les
fronts... tant l'économie, le système financier, les ressources, que les
moyens guerriers ou les manipulations terroristes pour faire basculer
l'opinion notamment en annonçant des menaces via les grands medias.

Front du pouvoir mondial auquel justement il manquait un engagement culturel
de l'administration artistique représentative ‹ or soudain regardons
laquelle intervient : celle qui attribue à la communication l'esthétique
comme valeur (du moins cette volonté eut-elle existé de fait auparavant,
elle ne proclamait ni n'autoproclamait son droit ni sa puissance unifiés
légitimement représentatifs comme ici).

Car jusqu'ici la politique mondiale restait dépourvue de front culturel
informé, en quoi l'idéologie n'en pouvait pas s'exprimer de façon désirante
et donc restant en ordre subalterne des événements culturels sauvages ou
alternatifs. Les méfaits résultant du pouvoir mondial restaient des
événements bruts des domaines affectés (en quoi notamment la perte de
crédibilité des grands medias ne pouvait constituer de masque).

En effet, dans cet effondrement de la communication, nous avons connu
l'importance périphérique, mais de fait extrêmement agissante en masse
critique, des cultures alternatives utilisant la transitivité de
l'hypermedia, trouvant leur représentativité non dialectique en mouvement
des singularités critiques trans-diciplinaires, de l'intellect à l'art, aux
fronts des manifestations anti-mondialistes. Et cela y compris avec et
au-delà de la désinformation siégeant aussi dans le principe de rumeur et de
contamination de l'hypermedia...
 
Nous avons connu ce nouvel événement du politique dans le métapolitique et
l'atopie, lequel pour autant ne manqua pas de trouver des lieux provisoires
où exprimer concrètement et matériellement son opposition de masses
rassemblées contre les commissions mondiales : de Seatle à Gênes puis
ailleurs... 

C'est par innocence peut-être si un artiste cautionné par les théoriciens et
autres experts respectables des pouvoirs intellectuels occidentaux sur fond
local a réussi un tel coup, et on peut lui rendre hommage pour cette belle
réussite. Pourtant, sous la gouverne de "l'esthétique de la communication"
les pragmatiques convoquent les institutionnels qui n'auraient pas réussi à
faire le contraire depuis leurs institutions respectives, crainte de
discrédit ou de boycott politique par les artistes concernés, et par là
formulent un engagement incontournable qui n'est pas l'allié des
singularités luttant en devenir.

Donc les voici enfin rassemblés, leur Seatle culturel incognito siégeant à
Paris, Ecole Normale Supérieure, où personne n'ira les contester mais au
contraire les encenser de procurer une telle revanche aux damnés de l'art...

Tout couverts par un artiste et des intellectuels et administratifs
d'envergure qui les invitent, quelques autres viennent contribuer de leur
performance piégée sans le savoir, sautant sur l'inespérée occasion d'enfin
pouvoir prescrire légitimement et globalement les tendances à tous ceux qui
la faisaient sans en constituer le cadre du pouvoir, dont pourtant ils
faisaient partie auparavant mais ayant tellement souffert de travail et de
misère... que peut-être même il pourraient maintenant penser pouvoir aider
de cette façon leurs confrères ou successeurs...

Car le rassemblement de tous les grands conservateurs (en quoi la polysémie
qu'on pourrait affecter à ce mot est cohérente) des musées d'art
contemporain occidentaux interessés par le virtuel (ou à peu près tous),
auprès des théoriciens notamment francophones de l'esthétique dudit art et
de l'Esthétique plus généralement : quel alternatif demain pourra créer avec
quelque espoir de succès dans le cadre des concours nationaux ou
internationaux ou des financements ou bourses locaux ou européens, s'il ne
présente pas un profil dans "la ligne" des tendances qui surgiront de
telles rencontres "administrantes"... ?

Genre en plus grand, car il apparaît ici et sans rire (la signature convenue
en atteste) des ambitions planétaires : la foire du Whitney à New York au
début des années 80, où Baudrillard attendu pour y annoncer une théorie
prospective déclara publiquement forfait devant les marchands d'art et les
acheteurs de patrimoine (le contraire d'une démission politique qui ne lui
fut pas pardonnée!!!)

Vers un néo-virtualisme mondial...

La question théorique qui dévoile le tout s'énonce dans le titre
"l'esthétique de la communication" au moment même où la communication s'est
décrédibilisée. On le répète : voilà qu'on ressort l'Esthétique encore une
fois pour accorder de la valeur alors que le système de référence de la
valeur d'art voir matérialiste sociale, lui-même s'est écroulé.

On va dire qu'il y avait trois théoriciens avancés sur la question des
rapports de l'art et de la communication en langue française: Lévy, Couchot,
Weissberg. Un seul paraît absent du générique complet, si on le consulte, et
ce n'est probablement pas par hasard : le seul qui annonce la
décrédébilisation de la communication mediatique au regard de la
communication modulaire, comme peut-être un événement heureux pour
l'autonomie intersticielle.

N'empêche que ce qui se déroulera là globalement est paraît-il
tout ce contre quoi dans un devenir culturel critique de la politique
mondiale nous devrions désormais nous battre en toute lucidité.

Observons si ce front culturel annonce d'autres manifestations ou symposiums
du même genre.

En quoi il faut déceler les divisions politiques annoncées pour les
prochaines années et bien sûr dans toutes sortes de domaines où
jusqu'ici il y avait illusion de consensus, d'autant plus à travers les
confusions possibles de références telle Empire, qui finalement
réinstrumentant du global entraîne parfois à une perte de discernement chez
ses prosélithes marginaux (attention je ne formule pas là une critique
intrinsèque de Empire, que je ne connais pas suffisamment, mais une critique
des effets communiqués à sa
périphérie).

L'Esthétique est l'esthétique : une discipline de la philosophie. Dès lors
qu'elle s'affecte comme attribut sémiotique d'une autre qualité du
socius, de ses instruments, ou du pouvoir, elle n'est plus qu'un signe de
crédibilité. 

Tous ceux qui l'ont instrumentée politiquement se sont
fourvoyés ou ont fourvoyé des sociétés entières (il suffit de se reporter à
l'Histoire moderne des dictatures que toujours elle assortit depuis un
siècle de matérialisme historique de droite ou de gauche ; après un épisode
d'éclat factuel vantant les mérites de ce qu'elle représente, elle justifie
le désir de ce qu'elle paraît faire passer au second plan: l'oppression et
la répression des altérités autonomes... elle fonde alors la légitimité de
l'exclusion ‹ ici dans le cadre des grands lieux de performance et
d'expositions et des concepts présidant aux économies de l'art et de la
communcation.

Faible réapparaître de l'Esthétique, naissance du front culturel idéologique
de la politique mondialiste... ?

Et puis: le jeu intègrerait-il des attributions artistiques : pour autant
serait-il de l'art même en matière de communication ? En voici une autre
question socio-critique, du moins bien politique relative à la faculté du
jugement, dans le cadre de laquelle ce grand artiste signataire et appelant,
désignerait-il ici un consensus potentiel, personnellement je le récuse:
compterais-je au moins un ami parmi les artistes performants annoncés, que
j'estime et avec lequel j'échange et je travaille en présente actualité.

La critique fasse que pourtant les amitiés soient préservées, ne
m'empêcheraient-elles pas de dire ce que je pense de quelques égarements
sans bégninité.

Louise dR


 
 
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