geert on Thu, 14 Feb 2002 00:04:02 +0100 (CET) |
[Date Prev] [Date Next] [Thread Prev] [Thread Next] [Date Index] [Thread Index]
[Nettime-bold] report and manifest from porto alegre (in french) |
(from the multitude-l list) From: "matheron francois" <matheron.francois@wanadoo.fr> To: "Multitudes Info" <multitudes-infos@samizdat.net> Sent: Monday, February 11, 2002 5:05 AM Subject: [multitudes-infos] [ac-forum] FSM de Porto Alegre le bilan de Christophe Aguiton Chers amis, Le deuxième FSM de Porto Alegre a représenté un progrès important par rapport à Porto Alegre I. C'est vrai sur le plan numérique : près de 60 000 participants, quatre fois plus que l'an dernier, avec, tout d'abord la délégation brésilienne, puis les argentins et les italiens (plus de 1 400 dans ces deux cas), les français (plus de 800), les militants des Etats-Unis (420), de l'état espagnol, du Chili, de l'Uruguay et du Canada (un nombre comparable), etc. C'est surtout vrai sur le plan politique. L'appel des mouvements sociaux, que vous avez ci-dessous, marque un pas en avant par rapport à l'an dernier, et des décisions importantes ont été prises. Pour ce qui est du FSM, tout d'abord, une nouvelle rencontre mondiale aura lieu l'an prochain à Porto Alegre (en 2004 cela aura lieu en Inde), et des réunions continentales seront organisées. Pour ce qui est de l'Europe, un Forum social européen aura lieu en octobre ou novembre 2002 en Italie (en 2003 ce sera la France), une première réunion de préparation se tiendra à Bruxelles le samedi 9 mars. Les mouvements sociaux, dans le suite des appels de 2001 et de 2002 et de la rencontre de Mexico, en août 2001, se sont fixés des échéances et des moyens de travailler. Une réunion (de taille modeste) aura lieu, soit à Rome, en juin, juste avant l'assemblée générale de la FAO, soit à Johannesburg, juste avant le sommet de l'ONU sur le développement durable (Rio + 10). Pour coordonner tout cela un mandat a été donné aux brésiliens : à la CUT et à Via Campesina (le MST, mais aussi d'autres mouvements), des ONG et d'autres mouvements pourraient aider à la constitution de ce secrétariat technique. Un appel a été fait pour que des secrétariats du même type se mettent en place dans les différents continents pour aider les brésiliens au travail de coordination. D'autres rencontres ont eu lieu et ont produit des documents et des décisions. C'est le cas des syndicats de la CISL et de la CMT, des politiques, avec des appels venant des forums des autorités locales et des parlementaires, des ATTAC, qui se sont réunis dans des réunions continentales, puis mondiales, etc. Nous vous communiquerons les documents dès qu'ils seront disponibles. Dernière chose : il est encore possible de signer l'appel des mouvements sociaux : si vous ne l'avez pas encore fait, il faut transmettre vos signatures à la CUT du Brésil : sri-cut@uol.com.br Amicalement, Christophe Aguiton ------ PORTO ALEGRE II Appel des mouvements sociaux Résistance au néolibéralisme : pour la paix et la justice sociale 1) Face à la détérioration croissante des conditions de vie des peuples, nous, mouvements sociaux du monde, nous sommes réunis à plusieurs dizaine de milliers au second Forum social de Porto Alegre. Nous sommes ici ensemble malgré les tentatives pour briser notre solidarité. Nous sommes revenus pour poursuivre nos luttes contre le néolibéralisme et la guerre, pour confirmer nos engagements de l¹an passé et réaffirmer qu¹un autre monde est possible. 2) Notre diversité est grande - femmes et hommes, jeunes et adultes, peuples indigènes, ruraux et urbains, travailleurs et chômeurs, sans abris, retraités, étudiants, immigrés, peuples de toutes croyances, couleurs et préférences sexuelles. Cette diversité fait notre force. Elle est la base de notre unité. Notre mouvement de solidarité est global, uni dans une même détermination contre la concentration de la richesse, l¹extension de la pauvreté et des inégalités, contre la destruction de notre terre. Nous construisons des solutions alternatives, et nous les mettons en oeuvre de façon créative. Nos luttes et résistances sont le ciment d¹une large alliance contre un système basé sur le sexisme, le racisme et la violence, un système qui privilégie systématiquement le capital et le patriarcat sur les besoins et les aspirations des peuples. 3) Ce système est dramatique. Chaque jour, des femmes, des enfants, des personnes âgées meurent de faim, ou faute d¹accès aux soins médicaux. Des familles entières sont expulsées de leur foyer par faits de guerres, par des projets industriels pharaoniques, par le désaisissement de leurs terres, et par des désastres environnementaux. Des sociétés entières souffrent du chômage, des attaques contre les services publics et des solidarités sociales. C¹est pourquoi au Nord comme au Sud, on voit se multiplier des luttes et des résistances pour la dignité et le respect.. 4) Les événements du 11 septembre ont introduit une rupture dramatique. Après les attaques terroristes que nous condamnons sans réserve, de même que nous condamnons toute attaque contre des civils partout dans le monde, le gouvernement des Etats-Unis et ses alliés ont déclenché une riposte militaire massive. Au nom de " la guerre contre le terrorisme ", des droits civiques et politiques sont remis en question partout dans le monde. La guerre contre l¹Afghanistan, dans laquelle des méthodes terroristes sont utilisées, est en voie de s¹étendre à d¹autres fronts. On assiste de ce fait au début d¹une guerre globale permanente qui vise à renforcer la domination du gouvernement des Etats-Unis et de ses alliés. Cette guerre révèle une autre face du néolibéralisme, brutale et inacceptable. L¹islam est satanisé tandis que le racisme et la xénophobie sont délibérément exacerbés. Les médias de masse prennent une part active dans cette campagne en divisant le monde entre " bien et mal ". L¹opposition à la guerre est constitutive de notre mouvement. 5) La déstabilisation du Moyen-Orient s¹en est trouvée accrue, fournissant un prétexte à une répression redoublée contre le peuple palestinien. Nous considérons qu¹il y a urgence à nous mobiliser en solidarité avec le peuple palestinien et son combat pour l¹autodétermination alors qu¹il subit une occupation brutale par l¹Etat d¹Israël. Cette question est vitale pour la sécurité collective de tous les peuples de la région. 6) L'actualité inscrit nos combats dans l¹urgence. En Argentine, la crise financière causée par la politique d¹ajustement structurel du Fonds monétaire international, et une dette sans fin, ont précipité la crise sociale et politique. Spontanément, les classes moyennes et les travailleurs se sont mobilisés, subissant une répression meurtrière et provoquant la chute de gouvernements. " Cacerolazos ", " piquetes " et mobilisations populaires, se sont développés autour de demandes élémentaires, nourriture, emploi et logement. Nous rejetons la criminalisation des mouvements sociaux en Argentine et condamnons les attaques contre les droits démocratiques et la liberté. Nous condamnons également l¹avidité et le chantage pratiqués par les multinationales, appuyés par les gouvernements des pays riches. 7) L'effondrement de la multinationale Enron illustre la banqueroute de l¹économie casino et la corruption d¹hommes d¹affaires et de politiciens, qui ont délibérement sacrifié les salaires et les retraites des salariés. Dans les pays en voie de développement, cette multinationale menait des activités frauduleuses. Ces projets ont conduit à l¹expulsion de populations entières de leur terre et à de fortes hausses du prix de l¹eau et de l¹électricité. 8) Le gouvernement des Etats-Unis, dans ses efforts pour protéger les intérêts des grandes entreprises, s¹est refusé avec arrogance à respecter les accords de Kyoto sur le réchauffement de la planète, les traités antimissiles et antibalistiques, les conventions sur la biodiversité, la conférence de l¹ONU contre le racisme et l¹intolérance, les discussions sur les livraisons d¹armes légères. Tout ceci prouve, une fois de plus, que l¹unilatéralisme des Etats-Unis sape les tentatives pour trouver des solutions multilatérales aux problèmes globaux. 9) A Gênes, le G8 a échoué dans la fonction de gouvernement global qu¹il s¹était attribué. Confronté à une mobilisation et à une résistance massives, les gouvernements du G8 ont répondu par la violence et la répression, traitant comme des criminels ceux qui avaient osé protester. Cette politique d¹intimidation a échoué. 10) Tout ceci se déroule dans un contexte de récession mondiale. Le modèle économique néolibéral détruit les droits et les moyens d¹existence des peuples. Ne reculant devant rien pour protéger leurs marges de profits, les multinationales licencient, réduisent les salaires et ferment les entreprises. Les gouvernements gèrent cette crise économique en privatisant, en effectuant des coupes claires dans les budgets sociaux, et en s¹attaquant a ux droits des travailleurs. Cette récession montre le caractère mensonger des promesses néolibérales de croissance et de prospérité. 11) Le mouvement global pour la justice sociale et la solidarité doit relever d¹énormes défis : notre combat pour la paix et la sécurité collective implique de s¹attaquer à la pauvreté, aux discriminations, aux dominations et de s¹engager dans la construction d¹une société durable et alternative. Les mouvements sociaux condamnent énergiquement la violence et le militarisme comme moyens de résolution des conflits. Ils condamnent la multiplication des conflits de faible intensité, les opérations militaires telles que le plan Colombie ou le plan Puebla-Panama, le commerce des armes et l¹augmentation des dépenses militaires, le blocus économique contre les peuples, en particulier contre Cuba, mais aussi contre l¹Irak et d¹autres pays. Ils condamnent l¹escalade répressive contre les syndicats, les mouvement sociaux et les militants. Nous soutenons les luttes des syndicats et des salariés tant du secteur traditionnel que du secteur informel. Ces luttes sont essentielles pour défendre les conditions de travail et de vie, le droit de s¹organiser, de se mettre en grève, de négocier des accords collectifs à différents niveaux, et d¹obtenir l¹égalité des salaires et des conditions de travail entre femmes et hommes. Nous rejetons l¹esclavage, l¹exploitation des enfants. Nous soutenons les luttes des syndicats et des travailleurs contre la précarisation, la stratégie de sous-traitance du travail et de licenciement. Nous exigeons de nouveaux droits transnationaux pour les salariés des compagnies multinationales et de leurs filiales, en particulier dans le domaine de la syndicalisation et de la négociation collective. Nous soutenons également les mouvements paysans, les mouvements populaires en l utte pour la préservation de leurs terres, de leurs forêts, de leur eau, pour des conditions de vie correctes. 12) Les politiques néolibérales génèrent misère et insécurité.. Elles ont considérablement augmenté l¹exploitation sexuelle et les trafics de femmes et d¹enfants. Pauvreté et insécurité créent des millions de migrants qui se voient déniés leur dignité, leur liberté et leurs droits fondamentaux. Nous exigeons le respect de la liberté de circulation, le droit à l¹intégrité physique et un statut légal pour tous les migrants. Nous défendons le droit des peuples indigènes et exigeons l¹inclusion de l¹article 169 de l¹OIT dans les législations nationales, et son application. 13) La dette externe des pays du Sud a été remboursée plusieurs fois. Illégitime, injuste et frauduleuse, la dette fonctionne comme un instrument de domination, au seul service d¹un système d¹usure in ternationale. Les pays qui exigent le paiement de la dette sont ceux là mêmes qui exploitent les ressources naturelles et les savoirs traditionnels du Sud. Nous demandons son annulation sans condition ainsi que la réparation pour les dettes historiques, sociales et écologiques. 14) L'eau, la terre, les aliments, les bois, les semences, les cultures et les identités des peuples sont le patrimoine de l¹humanité pour les générations actuelles et futures. Il est donc fondamental de préserver la biodiversité. Les peuples ont droit à une alimentation permanente et à une nourriture saine, libre de tout organisme génétiquement modifié. Car l¹autosuffisance alimentaire locale, régionale et nationale est un droit élémentaire ; en ce sens, les réformes agraires démocratiques et l¹accès des paysans à la terre sont fondamentaux. 15) Le sommet de Doha a confirmé le caractère illégitime d e l¹Organisation mondiale du commerce. Son " agenda de développement " défend uniquement les intérêts des multinationales. En lançant un nouveau cycle, l¹OMC se rapproche de son objectif d¹une marchandisation globale. Pour nous, la nourriture, les services publics, l¹agriculture, la santé et l¹éducation ne sont pas à vendre. Les licences ne doivent pas être utilisées contre les pays pauvres et leur population. Nous rejetons donc le brevetage et le commerce du vivant. L¹OMC relaie ce programme global par des traités régionaux de libre échange et des accords sur les investissements. En protestant et en se mobilisant massivement contre l¹ALCA, les peuples expriment leur rejet de tels accords, assimilés à une nouvelle colonisation à la destruction de droits et de valeurs fondamentales, sociales, économiques, culturelles et environnementales. 16) Nous renforcerons notre mouvement en menant des actions et des mobilisations communes pour la justice sociale, pour le respect des droits et des libertés, pour la qualité de la vie, l¹égalité, la dignité et la paix. Nous luttons : - pour le droit des peuples à connaître et critiquer les décisions de leur propre gouvernement, particulièrement en ce qui concerne leur politique au sein des institutions internationales. Les gouvernements sont comptables devant leur peuple. Alors que nous luttons pour l¹établissement d¹une démocratie électorale et participative dans le monde, nous insistons sur la nécessité de démocratiser les Etats et les sociétés, de lutter contre les dictatures. - pour l'abolition de la dette externe et les réparations. - pour contrer les activités spéculatives : nous demandons la création de taxes spécifiques telles que la taxe Tobin et l¹abolition des paradis fiscaux. - le droit à l'information. - les droits des femmes, contre la violence, la pauvreté et l'exploitation. - pour la paix, nous affirmons le droit de tous les peuples à la médiation internationale avec la participation d¹acteurs de la société civile indépendants. Contre la guerre et le militarisme, contre les bases et les interventions militaires étrangères, et l¹escalade systématique de la violence, nous privilégions le dialogue, la négociation et la résolution non violente des conflits. - pour le droit des jeunes à l¹accès à une éducation publique gratuite, à l¹autonomie sociale et pour l¹abolition du caractère obligatoire du service militaire. - pour l'autodétermination de tous les peuples, en particulier des peuples indigènes. Pour l'avenir, nous organiserons des mobilisations collectives telles que : En 2002 : - 8 mars, journée internationale de la femme. - 17 avril, journée internationale de la lutte paysanne. - 1er mai, fête du travail. - 7 octobre, journée mondiales des sans abris. - 12 octobre, l¹appel des exclus(es). - 16 octobre, journée mondiale de l'alimentation. D¹autres mobilisations globales seront organisées : - 15-16 mars : Barcelone (Espagne), sommet des chefs d¹Etat de l¹Union européenne. - 18-22 mars : Monterrey (Mexique), conférence des Nations unies sur le financement du développement. - 1er mai :journée internationale d¹action contre le militarisme et pour la paix. - 17-18 mai : Madrid (Espagne), sommet des chefs d¹Etat d¹Amérique latine, des Caraïbes et de l¹Europe. - Mai :réunion annuelle de la banque asiatique de développement à Shangaï (Chine). - Fin mai :préparation de Rio + 10, Djakarta (Indonésie). - 8-13 juin :Rome (Italie), sommet mondial de la FAO sur l¹alimentation. - 21-22 juin :Séville (Espagne), sommet des chefs d¹Etat européens. - Juillet :Toronto et Calgary (Canada), sommet du G8. - 22 juille : campagne américaine contre Coca Cola. - Fin août :Johannesbourg (Afrique du Sud), Rio + 10. - Septembre : sommet Asie-Europe (ASEM), Copenhague (Danemark). - Octobre : Quito (Equateur), forum continental social, " une nouvelle intégration est possible ". - Novembre : La Havane (Cuba), deuxième rassemblement des Amérique s contre l¹ALCA - Novembre-décembre :Mexico (Mexique), conférence ministérielle de l¹OMC. - Décembre :Copenhague, sommet des chefs d¹Etats européens. En 2003 : - Fin janvier :Porto Alegre (Brésil), troisième Forum social mondial. - Avril : Buenos Aires (Argentine), sommet des chefs d¹Etats de l¹ALCA. - Juin : Thessalonique (Grèce), sommet des chefs d¹Etat européens.. - Juin : France, sommet du G8. - Rencontres annuelles de l¹OMC, du FMI et de la Banque mondiale, nous seront présents ! _______________________________________________ Nettime-bold mailing list Nettime-bold@nettime.org http://amsterdam.nettime.org/cgi-bin/mailman/listinfo/nettime-bold